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Une température intérieure entre 22 et 26 degrés toute l’année. C’est la promesse de cet immeuble sans chauffage et sans climatisation, construit près de la ville de Lucerne, en Suisse. Il aura fallu 30 ans de recherche sur l’énergie et plus de 400 constructions pour ses concepteurs autrichiens avant de réaliser le 2226.
« À l’intérieur, il faut plus de 22 degrés et à l’extérieur 11 degrés. C’est quand même agréable ici de travailler ». Plus de 10 degrés d’écart avec l’extérieur. Esther Mueller, la directrice de l’école implantée dans le bâtiment disait donc vrai : la neige a beau avoir fait son apparition sur les sommets autour de la petite ville, le froid n’a pas droit de cité dans le 2226 emendenvid, ainsi qu’est baptisé l’immeuble.
Pourquoi 2226 ? Eh bien parce que la température ne descend jamais en dessous de 22 degrés et qu’elle ne monte pas à plus de 26. Mais tout cela ne dit pas comment ça marche. Est-ce grâce à une innovation technologique majeure ? À un nouvel isolant biosourcé, peut-être ? Pas du tout, explique Stephan Marending, du cabinet d’architecte Baumschlager Eberle. Ici trêve de high-tech ; on est plutôt lowtech, tout se joue dans les murs.
« Les murs sont très épais, ils font 80 centimètres. Normalement, vous avez 20 centimètres de ciment et 20 centimètres d’isolation. Là, il n’y a aucune isolation, juste des briques de terre cuite. L’idée, c’est que les briques retiennent le froid. Il va mettre de semaines à rentrer dans le bâtiment », explique-t-il.
Sur le papier, l’idée est vieille comme le monde, mais il ne suffit pas de construire un immeuble avec de la terre cuite pour lutter contre la chute des températures, parce que si les murs emmagasinent le froid, ils vont tout de même en restituer une partie un moment donné. Et c’est là que notre chaleur corporelle intervient. L’idée est d’utiliser les sources de chaleur existantes, notamment celle que nous dégageons naturellement avec notre corps, mais il y a d’autres sources à exploiter. « On a pris en compte toutes les activités qui influent sur la température, notamment les luminaires, les ordinateurs, les moteurs des frigos même et puis les occupants bien sûr », précise Stephan Marending.
Le concept 2226 pour des habitations
Le défi maintenant est de faire des logements. Un bâtiment résidentiel doit voir le jour à Zurich, un autre à Lyon. Mais si les matériaux sont les mêmes, la conception devra forcément évoluer. « Dans des bureaux, c’est simple : vous savez que vous avez 20 personnes par exemple et qu’elles sont là de 8h à 18h. Avec tant de machines à café qui fonctionnent, tant d’ordinateurs en marche. Dans des logements, c’est plus compliqué, vous ne savez pas quand les occupants sont là ou non. Il faut réfléchir à tout ça parce que l’immeuble se comporte comme un système », ajoute Stephan Marending.
Autre avantage du concept 2226, son coût. Pas de chauffage ni de clim, ça veut aussi dire pas de tuyaux à faire passer dans tout l’immeuble et pas gros frais d’entretien. Les concepteurs du bâtiment jurent qu’ils seraient 10% moins cher à construire qu’un immeuble standard.