Vendredi, Google a annoncé la suppression de 12 000 postes dans le monde, deux jours après une annonce de licenciement massif chez Microsoft. Depuis l’été dernier, une vague de plans sociaux touche les géants de la tech face à la crainte d’une récession.
près les embauches à tour de bras pendant la pandémie de Covid-19, une ère moins glorieuse s’annonce chez les géants de la tech, qui licencient désormais en masse. Après Meta, Microsoft et Amazon, Google a annoncé un plan de licenciement, vendredi 20 janvier. Au total, 12 000 emplois vont y être supprimés, a indiqué Sundar Pichai, le patron de sa maison mère, Alphabet. Cela représente 6 % des effectifs de l’entreprise. « Au cours des deux dernières années, nous avons connu des périodes de croissance spectaculaire. Pour accompagner et alimenter cette croissance, nous avons embauché pour une réalité économique différente de celle à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui », écrit le PDG, qui assure « assumer l’entière responsabilité des décisions qui [les] ont conduits ici ».
Google, qui souffre principalement de la chute de la publicité, avait augmenté ses effectifs de plus de 15 % chaque année entre 2014 et 2021, pour atteindre 157 000 salariés dans le monde. Le premier moteur de recherche mondial prend ainsi le chemin de nombreuses autres entreprises de la tech. Depuis 2022, 1 150 d’entre elles ont supprimé plus de 190 000 postes à travers le monde.
Chez Microsoft, l’incertitude économique coûte 10 000 postes
Deux jours avant Google, c’est Microsoft qui annonçait le licenciement de près de 10 000 personnels partout dans le monde, soit 5 % des 220 000 employés de l’entreprise. Dans un courrier à ses employés, Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a invoqué l’incertitude économique et les changements de priorités de ses clients. « Nous voyons des organisations de tous les secteurs et de toutes les régions géographiques faire preuve de prudence, car certaines parties du monde sont en récession et d’autres en anticipent une », a-t-il expliqué. Durant les deux années de pandémie, le nombre d’employés de Microsoft a augmenté de 36 %, passant de 163 000 en 2020 à 220 000 deux ans plus tard.
La firme de Redwood avait déjà procédé à deux séries de licenciements : une première en juillet 2022, qui portait sur moins de 1 % des effectifs, et une deuxième en octobre, qui visait moins de 1 000 personnes. La situation de Microsoft n’est pourtant pas si sombre qu’il y paraît, comme l’expliquait L’Express en début de semaine.
18 000 emplois supprimés chez Amazon
Le géant du commerce électronique Amazon a annoncé, le 5 janvier, qu’il allait supprimer « un peu plus de 18 000 » emplois dans le monde. Le plan de licenciements doit concerner principalement les magasins gérés par le groupe et les ressources humaines. Le groupe de distribution avait recruté à tour de bras pendant la pandémie de Covid-19 pour répondre à l’explosion de la demande, doublant ainsi son personnel mondial entre début 2020 et début 2022. Il comptait fin septembre 1,54 million d’employés.
La firme de Seattle a commencé le licenciement d’une partie de ses équipes aux États-Unis, au Canada et au Costa Rica. Dans les autres régions du monde, les suppressions de postes devraient intervenir au cours des prochaines semaines, notamment en Chine. L’Europe ne sera pas épargnée : le Royaume-Uni, l’Espagne et le Luxembourg pourraient être concernés, a indiqué le syndicat CFDT Amazon à nos confrères de Franceinfo. Toutefois, d’après les premières informations, la France ne serait pas concernée par ces licenciements.
Le premier plan social de l’histoire de Meta
Meta, le groupe américain qui possède entre autres Facebook, Instagram et WhatsApp, a annoncé en novembre dernier la suppression de 11 000 emplois, soit environ 13 % de ses effectifs – près d’un poste sur sept. Il s’agit du premier plan social de l’histoire de l’entreprise cofondée par Mark Zuckerberg il y a 18 ans.
Meta, qui comptait quelque 87 000 employés dans le monde fin septembre, a fait état de performances financières décevantes au troisième trimestre 2022, avec un net recul de son chiffre d’affaires et de ses profits et une stagnation de son nombre d’utilisateurs. « Non seulement le commerce en ligne a renoué avec ses tendances antérieures mais le retournement macroéconomique, l’augmentation de la concurrence et des pertes de revenus publicitaires se sont traduits par un chiffre d’affaires bien inférieur à ce que j’avais prévu », a déclaré Mark Zuckerberg, le directeur général, dans un message adressé à l’ensemble des salariés de Meta. « J’ai commis cette erreur et j’en assume la responsabilité. » Il avait aussi ajouté que le groupe souhaitait concentrer ses ressources et ses capitaux sur « des domaines de croissance hautement prioritaires », comme son moteur d’intelligence artificielle, ses plates-formes publicitaires et professionnelles ou son projet de « métavers ».
Chez Twitter, la moitié des effectifs remerciés
A peine racheté par Elon Musk, Twitter a entamé début novembre 2022 des licenciements massifs touchant environ la moitié des 7 500 employés du réseau social. « Il n’y a malheureusement pas d’autre choix quand l’entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour », s’est défendu Elon Musk qui, dès son arrivée, a dissous le conseil d’administration de Twitter et remercié tous les dirigeants du groupe.
Pour financer son rachat à 44 milliards de dollars, le milliardaire a lourdement endetté la société dont la santé financière était déjà fragile puisqu’elle a subi un déficit important aux deux premiers trimestres de l’année. Le 16 novembre, l’entrepreneur prévenait les salariés de Twitter encore en poste : ils doivent être prêts à « travailler de longues heures à haute intensité » afin de « bâtir un Twitter 2.0 révolutionnaire et réussir dans un monde de plus en plus concurrentiel », faute de quoi ils devront quitter l’entreprise.
Sous pression, Snap licencie 20 % des effectifs
Evan Spiegel, le patron de Snap, maison mère de la populaire application de messagerie Snapchat, a annoncé en août 2022 une restructuration conduisant à la suppression d’environ 20 % des effectifs, soit plus de 1 200 employés. Ces départs doivent avoir lieu dans le cadre d’une réorganisation plus large et l’arrêt de plusieurs projets, comme Games (jeux vidéo) ou Pixy (drone miniature). Comme le reste des entreprises de la tech, le réseau social est désormais rattrapé par la baisse des dépenses publicitaires des annonceurs sur le numérique, dans un contexte macroéconomique difficile.
Snapchat, qui compte de plus en plus d’utilisateurs, est tout de même en difficulté car il génère des revenus de plus en plus faibles. L’application a terminé le deuxième trimestre 2022 sur une perte nette de 422 millions de dollars, contre 117 millions au même moment l’année précédente.