La présidente du Haut Conseil du dialogue social (Hcds), Innocence Ntap Ndiaye, est révulsée par la crise politique en cours dans notre pays – ENTRETIEN
Le président du Haut Conseil du dialogue social (Hcds), Mme Innocence Ntap Ndiaye, est révulsée par la crise politique en cours dans notre pays. Une crise marquée par une surenchère verbale d’une extrême violence entre le pouvoir et l’opposition. Face à cette situation, Mme Innocence Ndiaye appelle les acteurs à un retour à la sérénité afin que l’ordre républicain soit respecté. En marge d’une rencontre sur Emploi et Handicap 2 qu’elle présidait hier à Dakar, elle a lancé un énième appel aux acteurs politiques pour préserver le Sénégal, tout en haussant le ton pour dire aux politiciens que ce pays ne leur appartient pas. Entretien.
Mme la Présidente, le pays est traversé par une crise politique marquée par une surenchère verbale d’une extrême violence. Un engrenage politique provenant des deux camps. Comment appréciez-vous une telle situation ?
En tant que présidente du Haut conseil du dialogue social que préconisez-vous comme sortie de crise ? Innocence NTAP – Au-delà des constats, nous pensons qu’il y a à mener des actions en direction de tous les acteurs de manière à ce que la paix sociale au Sénégal soit préservée. Je pense que le dialogue, qu’il soit social, politique ou économique, c’est notre richesse depuis des temps immémoriaux. Nous sommes dans un Etat où l’ordre républicain doit être respecté, où la démocratie doit être respectée. C’était notre blason doré, nous ne devons pas ternir tous ces acquis. Je voudrais lancer un appel, un énième appel parce que je l’avais déjà lancé récemment lors d’une rencontre avec 250 jeunes à Ziguinchor. Cet appel c’est pour que la paix sociale soit préservée. Mais, quoi qu’il advienne, pour prévenir, il faut aller vers les acteurs et sensibiliser sur les risques qui peuvent ternir l’image de notre pays. Nous ne pouvons pas dire que nous combattons la violence dans nos établissements et à l’université et ne pas donner l’exemple. Aujourd’hui ceux qui sont censés porter haut le flambeau du Sénégal violent leur mission par des actions de violences. De quelque bord qu’ils soient, je pense qu’il faut que les acteurs politiques sachent que le Sénégal ne leur appartient pas à eux seuls. La majorité silencieuse de nos compatriotes a besoin d’être protégée et la charge de la protection des populations repose aussi sur l’Exécutif, c’est un pouvoir régalien. Cela dit, tous les autres méritent, dans le respect de cet ordre républicain, de mener leurs activités. Dans le respect des libertés des uns et des autres. La surenchère est devenue tellement virulente qu’elle a engendré des propos virulents comme « gatsa-gatsa » … Une situation déplorable.
Encore une fois, en tant que présidente du Haut conseil du dialogue social, quels sont les mécanismes opératoires que vous préconisez pour une sortie de crise ?
Les messages sont des vecteurs. Je regrette que ces mots auxquels vous faites allusion soient utilisés. Aujourd’hui, nos enfants et nos petits-enfants peuvent être tentés de les prononcer même à la maison. Dans leur inconscient, ces mots vont rester, ils vont grandir avec cela. Tout cela demande que les parties prenantes, les acteurs revoient leurs modalités d’intervention, leurs messages. Une assertion populaire wolof dit que « le porteur de collier ne doit pas se battre avec quelqu’un qui a un cou nu ». Il appartient au Pouvoir de pacifier les choses, de protéger véritablement les populations. Il y a le droit et la soumission à la règle de droit, si on les transgresse, on doit être sanctionné. Mais tout cela doit se faire dans le respect de l’ordre public. Nous ne sommes pas à notre première opposition. Le pays a vécu des moments plus difficiles. Mais, dans les propos notés aujourd’hui, nous avons noté un soubassement de violences qu’il convient d’éradiquer très tôt.
Et pour la sortie de crise politique, que faut-il faire ?
En fait le Haut conseil du dialogue social a déjà initié, à la mise en place de l’institution, des visites aux chefs religieux. Nous sommes allés à Touba, à Tivaouane, à Ndiassane, à Pire, chez le Clergé suite à des décès intervenus chez certaines familles religieuses. Nous avions convenu au sein du bureau du Haut Conseil, à ces occasions, de poser la question qui agite aujourd’hui les Sénégalais et les Sénégalaises, la préservation de la paix sociale. Les organisations syndicales représentées ont en leur sein beaucoup de personnalités de la Société civile. Je pense qu’en leur sein des débats sur la question peuvent être ouverts et les recommandations portées à la connaissance des différentes parties prenantes.