Situé dans le Dandé Mayo, l’ancien logis de colons français, Diorbivol Station, fait face à beaucoup de difficultés. La pauvreté et le déficit d’infrastructures sociales de base plongent ce village, vestige de l’administration coloniale, dans l’oubli
Un tour à Diorbivol Station, communément appelé Poste Baladji, on remarque que la localité garde encore les traces de l’époque coloniale. Au loin, on aperçoit un vieux bâtiment où résidait le Commandant français. Cet édifice, tout en hauteur, domine toutes les constructions aux alentours. Diorbivol Station était, en effet, une habitation des colonisateurs français. Un enseignant nous renseigne que ce lieu a été fondé par les colons. À cette époque, le transport fluvial était très en vogue et les bateaux, qui quittaient Saint-Louis, la capitale d’alors, faisaient escale ici, avant de rallier Matam. D’où le nom de Diorbivol Station, a-t-il raconté. En plus, les Français y avaient implanté des exploitations agricoles de toutes sortes, a-t-il ajouté. Tout le monde venait aussi y trouver du travail parce que l’administration coloniale avait besoin de main-d’œuvre dans ses champs. En réalité, toute une communauté était établie dans cette bourgade, où il faisait bon vivre. Et mieux, elle disposait d’électricité, d’un hôpital, d’une église, a renseigné notre source.
Hélas, cette période est bien lointaine. Aujourd’hui, seuls quelques habitants sont restés dans ce village où ils essayent, tant bien que mal, de survivre.
Le sexagénaire, Amadou Thilél Sy, ne passe pas par quatre chemins pour décrire la situation du village. « Nous vivons au quotidien dans des conditions extrêmement difficiles. L’agriculture est notre principale activité, à côté de l’élevage, mais nous peinons à avoir de bons rendements, à cause d’un manque d’équipements agricoles et d’intrants », a déclaré le vieil homme.
En effet, ces populations pratiquent une agriculture de subsistance. En outre, il est très difficile de manger à sa faim dans ce village, d’après lui.
Souffrance des populations
Par ailleurs, ce village est dépourvu de structures sanitaires. L’accès aux soins de santé est difficile et les malades sont transportés sur des charrettes au poste de santé de Diorbivol Pêcheur, à 2 km du village. Le chemin est quasiment impraticable c’est pourquoi, Mamadou Sow, un habitant du village, a indiqué qu’un malade peut à tout moment perdre la vie au cours de l’évacuation.
Daya Ba, visiblement sous le poids de l’âge, est sur le chemin qui mène au puits communautaire, un seau à la main. Elle dit endurer ce calvaire journalier « car notre pouvoir d’achat est limité. Nous troquons ce que nous cultivons pour survivre. Et, malheureusement, les récoltes ne sont souvent pas au rendez-vous ». Elle ajoute que les femmes du village avaient, en leur possession, un jardin dans lequel elles travaillaient pour tirer leur épingle du jeu. Mais, depuis 3 ans, elles n’ont pas fait campagne, faute de moyens.
Depuis 1963, une école a été implantée à Diorbivol Station. Certains cadres de la zone ont même effectué leurs premiers pas dans cet établissement. En effet, le village a très tôt flirté avec la modernité. Amadou Thilél Sow, Président de l’association des parents d’élèves, a confié que l’école a été fermée à un moment donné. Mais, maintenant, elle fonctionne normalement. « La cantine scolaire, instaurée dans l’établissement, avait soulagé les élèves de la faim. Cependant, depuis 3 ans, elle est fermée à cause de la mauvaise gestion », a-t-il révélé. En effet, ici, la famine frappe à la porte. Et, il est très difficile d’assurer les 2 repas quotidiens. C’est la raison pour laquelle le Président de l’Association des parents d’élèves veut que la cantine soit rétablie. Il a salué, du reste, le travail qu’abattent les enseignants, pour la réussite des enfants, malgré les conditions difficiles.