Quand on parle du bilan du Président Sall, on pense automatiquement et naturellement au Ter, au Brt, aux ponts, aux autoroutes, aux stades, aux hôpitaux… Le bilan est tellement flagrant qu’on en oublie l’essentiel : l’esprit qui le sous-tend. Cet esprit que Alain Peyrefitte appelle le «tiers facteur immatériel», à côté du capital et travail. Ce tiers facteur immatériel qui permet d’expliquer les miracles économiques malgré un «désavantage initial», comme les Pays Bas qui, au XVIème siècle, transcendent le déterminisme géographique pour se lancer à la conquête du monde (le siècle d’or), puis l’Angleterre au XVIIIème (une petite île devenue la seule thalassocratie de l’histoire), ou le Japon et l’Allemagne, complètement détruits après la Deuxième guerre mondiale et qui vont ressusciter économiquement, et Singapour (un ancien entrepôt de la Marine britannique sur la route des Indes). Pour Peyrefitte, «le tiers facteur immatériel est un signe qualitatif et invisible qui valorise ou inhibe, féconde ou stérilise les deux premiers facteurs matériels, visibles qualitatifs du capital et du travail».
Ce nouvel état d’esprit ou tiers facteur immatériel, qui nous a permis de faire une razzia sur les coupes d’Afrique de foot entre 2022 et 2023, qui a permis à l’université Cheikh Anta Diop de retrouver son rang naturel de première université en Afrique francophone, de permettre au Sénégal d’avoir un bilan exceptionnel à la tête de l’Union africaine, que le Président Sall a fait passer de Mur des lamentations à la Géopolitique mondiale avec son intégration au G20, en attendant le G7, et de viser maintenant l’espace avec la création de l’Agence sénégalaise d’études spatiales. Napoléon n’avait pas tort en disant qu’un grand chef est un «marchand d’espérance». Le Président Sall est un grand chef pour avoir vendu l’Esperance de l’Emergence en 2014 avec le Plan Sénégal émergent, mais surtout en nous insufflant l’esprit de conquête. Cet esprit qui est le dénominateur commun de tous «les miracles économiques» dans l’histoire, et récemment de tous les pays émergents.
Ce facteur immatériel fait de notre économie l’une des plus dynamiques de notre zone selon l’Uemoa et la Bad, ou la Banque mondiale. Et ce facteur immatériel est plus important que le gaz et le pétrole qui vont booster notre économie et la transformer structurellement, et accélérer ainsi la transition entre le Sénégal indigent et le Sénégal émergent (du train Arrigoni au Ter, du «Ndiaga Ndiaye» au Brt) avec un boom d’infrastructures, la présence des grandes surfaces européennes, qui sont la preuve d’un pouvoir d’achat pour les ménages.
Dr Yoro DIA