[Portrait] Joel Embiid, des collines de Yaoundé aux sommets de la NBA

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Joel Embiid© Malick MBOW
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[Portrait] Joel Embiid, des collines de Yaoundé aux sommets de la NBA
Rien ne prédestinait Joel Embiid à devenir une star de la NBA, car le Camerounais, deuxième Africain de l’histoire couronné MVP de la saison, a d’abord joué au foot, sport-roi dans son pays, puis au volley-ball, avant de s’improviser basketteur… à 16 ans.

« Je le jure devant Dieu, ma vie est un film ». Par ces mots, le joueur des Sixers a introduit sa success-story en 2018 dans The Players Tribune, un site offrant une plateforme d’expression aux sportifs professionnels. A l’époque, son statut de star est naissant dans la ligue et c’est déjà un sacré accomplissement pour celui qui avait débarqué huit ans plus tôt aux Etats-Unis sans parler l’anglais.

Ce changement de vie fut quelque peu précipité.

Passé le mirage d’une carrière de footballeur, il semble promis à celle de volleyeur, conformément au souhait de son père, colonel dans l’armée et ancien handballeur. Mais « Jojo » vient de découvrir le basket et s’en entiche, nourri aux exploits de sa nouvelle idole Kobe Bryant, sacré champion NBA pour la quatrième fois avec les Lakers en 2009.

Il se fait inviter l’été suivant à un stage organisé par Luc Mbah a Moute, évoluant alors aux Milwaukee Bucks. Il ne s’y présente pas le premier jour – « j’avais trop peur », confesse-t-il -, mais le lendemain si. Et il fait forte impression, bien que ne connaissant pas encore les rudiments du jeu.
 
YouTube et DVD

« Deux mois plus tard, je prenais l’avion pour la Floride afin d’intégrer un lycée ». Il est inscrit à la Montverde Academy, par où est passé Mbah a Moute, mais joue peu. Les entraînements sont rudes, on le moque, « trop maigre », « trop doux ».

Il rebondit au Rock School, à Gainesville dans le même Etat, avant de poursuivre sa route à l’université de Kansas à l’automne 2012. Il s’accroche, progresse, commence à en imposer vraiment, mais réalise qu’il lui manque un shoot à longue distance pour compléter sa panoplie. Alors il trouve lui-même la méthode sur… YouTube.

« Un soir, dans la barre de recherche, j’écris +comment tirer à trois points+. Non… +Comment tirer en faisant le bon geste+. Non… Puis j’ai tapé les mots magiques. +Les Blancs qui tirent à trois points+. Je sais que c’est un stéréotype, mais avez-vous déjà vu un Blanc d’un gabarit moyen, âgé de 30 ans, tirer à trois points ? Le coude est rentré, les genoux sont pliés… l’enchaînement est parfait », raconte celui qui excelle à l’exercice pour un intérieur.

Et tous les soirs, il met ce même DVD, envoyé par un de ses anciens entraîneurs camerounais, sur lequel sont gravés les exploits du Nigérian Hakeem Olajuwon, un des plus grands pivots de l’histoire, deux fois sacré champion NBA avec les Rockets (1994, 1995). Sa technique, ses mouvements, son agilité, sa dureté défensive en font un modèle pour le jeune Joel.

Processus enclenché

Il est drafté en 3e position par les Sixers en 2014, mais ne fait ses débuts que deux ans plus tard, à cause d’une blessure au pied droit.

Puissant, adroit, mobile du haut de ses 2,13 m et 127 kg, il se fait immédiatement une place de titulaire à Philadelphie et rapidement un nom en NBA, n’en revient pas de jouer face à Kobe Bryant, vit un rêve américain dont il n’avait, au fond, jamais vraiment osé rêver.

« The Process » (le processus), son nouveau surnom, est enclenché. Il enchaîne six sélections au All-Star Game, finit meilleur marqueur de la ligue ces deux dernières saisons, avec un record personnel à 59 points dans un match.

Deuxième derrière le Serbe Nikola Jokic dans la course au trophée de MVP en 2021 et 2022, le voilà enfin récompensé, 29 ans après Olajuwon, qui avait été consacré deux mois après sa naissance.

Ne lui manque plus désormais qu’un titre de champion. Mais jusqu’à présent, les joutes des play-offs lui ont réservé des échecs avec Philly et des blessures, dont une fracture de l’os frontal en 2022. Cette année, une entorse au genou droit le contrarie.

Père d’un garçon de trois ans, prénommé Arthur comme son jeune frère décédé en 2014, il a récemment obtenu la nationalité américaine après avoir eu la française, sans avoir encore décidé pour quel pays il jouerait sur la scène internationale.

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