Elections en Turquie : « Erdogan a gagné sur le terrain du nationalisme plus que sur celui de l’islamisme »

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Malgré les difficultés, le président turc est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, car il a su incarner le sentiment d’une fierté nationale retrouvée en se présentant comme un continuateur des principes fondateurs du kémalisme, analyse l’historien Olivier Bouquet, dans une tribune au « Monde ».

Pour ajouter l’article à vos sélectionsRecep Tayyip Erdogan est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 14 mai. Il conserve une majorité au Parlement. Les résultats sont là, en dépit de tout ce qui semblait menacer sa victoire : le tremblement de terre de février, une inflation massive, une crise financière persistante, la répression des libertés, une bonne campagne du candidat d’opposition Kemal Kiliçdaroglu et de ses alliés.

On explique ce résultat comme l’effet d’une « démocrature » instaurée depuis le coup d’Etat manqué de 2016. On répète qu’Ankara joue contre ses intérêts. On est tenté de penser à la place de la Turquie. Comprend-on ainsi pourquoi 26 millions de Turcs se sont déplacés pour voter en faveur d’Erdogan, alors que tout semble aller mal, qu’ils sont nombreux à ne pas pouvoir boucler leurs fins de mois et que le tremblement de terre a illustré les impasses de la gouvernance du Parti de la justice et du développement (AKP) ? Non.

La coalition au pouvoir est arrivée en tête parce qu’Erdogan a su articuler son bilan à une projection. Je le constatais encore le 14 mai à Erzurum, en Anatolie orientale, où je me trouvais et où le président a obtenu plus des deux tiers des suffrages : le pays s’est enrichi ; partout des routes et des hôpitaux, partout des parcs et des écoles. Mais surtout parce que le président islamiste a su incarner l’un des principes fondateurs du kémalisme : « heureux celui qui se dit turc », en y ajoutant le bonheur de se proclamer musulman.

L’erdoganisme est un postkémalisme. Se vouloir occidental, c’était craindre de ne l’être jamais assez. Vouloir rejoindre l’UE à tout prix, c’était prendre le risque de ne jamais être accepté comme un Européen et d’être un peu moins turc en devant partager la souveraineté nationale. Dont acte.

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