Les appels à l’arrêt des violences se sont succédé vendredi au Sénégal et à l’étranger après un déchaînement qui a poussé les autorités à déployer l’armée à Dakar.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres condamne la violence et « exhorte tous les acteurs à (…) la retenue », a dit un porte-parole. Langage similaire de la part de la France qui s’est dit « extrêmement préoccupée ». Paris appelle « à cesser les violences et à résoudre cette crise, dans le respect de la longue tradition démocratique du Sénégal ».
La Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) a fait part de son « inquiétude » et appelé toutes les parties à « défendre la réputation louable du pays en tant que bastion de paix et de stabilité ».
Le Sénégal, réputé comme un rare îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, a connu jeudi l’une de ses pires journées de contestation depuis des années avec la mort de neuf personnes selon le ministère de l’Intérieur. Ces violences faisaient suite à la condamnation d’Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme.
Des heurts épars ont encore été signalés vendredi dans la capitale et en Casamance. Des affrontements se sont également déroulés à Cap Skirring, une station balnéaire de Casamance, faisant un dixième mort lors de l’attaque d’une caserne de gendarmerie par des manifestants, a indiqué le porte-parole du gouvernement à la télévision TFM.
« Ce sont des moments difficiles pour la nation sénégalaise, qu’on va dépasser », a déclaré Abdou Karim Fofana. « Ce n’est pas une manifestation populaire avec des revendications politiques », a-t-il affirmé, mais plutôt « des actes de vandalisme et de banditisme » de la part de « malfaiteurs ».
La tension est restée élevée toute la journée.
Les autorités ont déployé des soldats en treillis et armes de guerre à Dakar, capitale quasiment paralysée, avec notamment deux blindés sur la place de l’Indépendance.
Le gouvernement a reconnu avoir restreint les accès aux réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp ou Twitter pour faire cesser selon lui « la diffusion de messages haineux et subversifs ».
Dans la crainte des saccages, les magasins sont restés fermés le long de rues entières qui portaient encore les traces des violences de la veille.
A l’université, théâtre d’affrontements prolongés et d’importantes destructions jeudi, les étudiants ont reçu la consigne de partir et nombre d’entre eux ont quitté le campus.
« Nous ne nous attendions pas à ça, les affaires politiques ne devraient pas nous concerner » », a assuré Babacar Ndiaye, étudiant de 26 ans. « Mais il y a injustice », a-t-il dit en parlant de la condamnation de M. Sonko, engagé depuis deux ans dans un bras de fer acharné avec le pouvoir pour sa survie judiciaire et politique.