Boubacar Boris Diop sur les manifestations: « Du jamais vu »

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Portrait de Boris DIOP © Malick MBOW
Portrait de Boris DIOP © Malick MBOW

Le Sénégal traverse actuellement l’une des périodes les plus délicates de son histoire, marquée par des manifestations violentes et une tension croissante dans les rues du pays. L’écrivain Boubacar Boris Diop a récemment donné son analyse sur ces événements et exprimé ses préoccupations quant à l’avenir politique du pays.

Lors d’une interview accordée au journal espagnol El Pais, Boubacar Boris Diop a souligné la nature sans précédent de la violence observée lors des manifestations. Il a déclaré : « C’est quelque chose jamais vu. D’abord pour sa violence. Deuxièmement, en raison de son intensité, on dirait qu’elle va durer. Et enfin pour son impact, même les footballeurs de l’équipe nationale et les lutteurs sont sortis pour dénoncer ce qui se passe. »

Interrogé sur les affirmations du gouvernement selon lesquelles les civils armés présents lors des manifestations seraient liés à des forces étrangères cherchant à déstabiliser le pays, Boubacar Boris Diop a répondu : « C’est beaucoup plus sérieux que ça. Je crains qu’ils déclarent l’état d’urgence pour retarder les élections. Le régime s’est rendu compte qu’il a perdu, qu’il s’est moralement brisé, et il est en proie à la panique. »

L’écrivain a également abordé la question de la démocratie au Sénégal, remettant en question sa véritable existence. Selon lui, le régime actuel a « manipulé », « mystifié » et « propagé la haine », ce qui a conduit à une profonde crise politique. « On parle toujours de la démocratie sénégalaise, mais je pense que cela n’a jamais été réel, estime-t-il. Maintenant, le régime est allé très loin dans la manipulation, la mystification et la haine. »

L’auteur de « Doomi Golo » a également exprimé son inquiétude quant à la concentration excessive de pouvoir entre les mains d’un seul homme au Sénégal. Il a souligné la nécessité de mettre fin à cette pratique et a critiqué le manque de prise de position de certains politiciens, notamment Ousmane Sonko, sur cette question. « Au Sénégal, il faut arrêter de choisir des monarques, il y a une énorme concentration de pouvoirs entre les mains d’un seul homme. C’est une usine de dictateurs. Je suis inquiet, par exemple, que Sonko ne parle pas de ça. »

Ses observations et préoccupations mettent en évidence l’urgence d’une réflexion approfondie sur la démocratie et la gouvernance au Sénégal afin de garantir un avenir plus stable et équitable pour le pays.

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