La terre coulée pour toutes les structures

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La terre coulée

© Nicolas Miessner Architecte

Toujours coûteuse à évacuer des chantiers, la terre est en passe de trouver une solution locale à son excavation avec la réalisation de panneaux de construction en terre coulée. Sa particularité est de se travailler avec les mêmes éléments que le béton et de présenter un bilan carbone réduit. Une méthode qui permet aussi la préfabrication pour simplifier la mise en œuvre.

Publié le 1 juin 2023 par Estelle Guiton

L’emploi « démocratique » de la terre

Réduire la consommation de sable, les émissions de gaz à effet de serre, l’eau, les produits non valorisables… C’est dit, le secteur de la construction a franchi un cap. Au vu des matériaux utilisés, il serait plus juste de parler d’un retour aux sources tout en profitant des technologies mises au point ces dernières années, sans leurs inconvénients. Cet enjeu touche tous les pans du BTP, à commencer par l’élévation des murs.

Désormais, l’idée est de réduire l’emploi du béton, roi pendant plusieurs décennies, pour un retour à la nature avec l’exploitation des terres. La méthode de la terre coulée rappelle la terre pisée, sans pour autant en reprendre les caractéristiques techniques pointilleuses et demandant un grand savoir-faire. Ici, l’objectif est d’utiliser les terres excavées et coûteuses à évacuer pour les réemployer sur le site même.

Des équipements identiques au béton

Pour cette opération, aucun matériau complémentaire n’est demandé. En effet, les équipements employés pour le béton fonctionnent aussi pour la terre coulée, avec une mécanisation de cette fabrication grâce aux malaxeurs, banches et jusqu’aux camions-toupies. Ce qui change est la formulation. La terre dispose des différents éléments indispensables avec les granulats et les particules fines qui viennent réduire les besoins en gravier et sable nécessaires au béton classique.

Le ciment vient s’ajouter à la constitution du béton de terre, mais dans des proportions diminuées, avec un taux à 4 % au lieu de 10 à 12 %. Ici, ce matériau est utilisé non pas pour améliorer la résistance, mais pour faciliter le décoffrage. Le plus gros du travail est d’ailleurs réalisé en phase étude afin de connaître la qualité des terres à pouvoir réemployer sur le site et donc leur composition.

Entre avantages et inconvénients

Ce choix de la terre coulée commence à se démocratiser, représentant une excellente alternative au béton, sans grand surcoût. En effet, les frais de fabrication restent assez proches des constructions traditionnelles, tout en offrant la possibilité d’opter pour des panneaux préfabriqués, simplifiant la mise en œuvre sur site. Il dispose aussi d’une parfaite résistance permettant son emploi en mur séparatif ou porteur.

L’inconvénient est plutôt à chercher dans sa structure. Ici, pas d’armature en fer, la terre agissant par compression. Cependant, pour retrouver les mêmes qualités que le béton, il faut prévoir une épaisseur supérieure. Par exemple, un voile de 16 cm en béton sera de 35 cm en terre coulée. Son autre difficulté – certainement provisoire – est de ne disposer d’aucun Avis technique et de règles professionnelles, limitant de fait son emploi actuel.

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