Ciré Clédor Ly, avocat de Sonko, fait le récit de l’audience précédant la décison de réintégration de son client sur les listes électorales. Il appelle à mettre fin au banditisme d’État, à respecter les principes démocratiques et l’État de droit
Le tribunal de Ziguinchor a rendu une décision historique concernant le rétablissement d’Ousmane Sonko sur les listes électorales, suite à un recours en contestation de sa radiation arbitraire selon ses avocats. Ces derniers indiquent que cette décision a été rendue dans des conditions particulièrement difficiles, marquées par un climat délétère et un manque de respect envers l’institution judiciaire, imputable au pouvoir exécutif et à ses agents.
Dès le début des plaidoiries des avocats d’Ousmane Sonko, les agents de l’État ont perturbé l’audience en suggérant au juge de se déporter, pointe Ciré Clédor Ly, membre du collectif de défense du principal concerné dans un communiqué. Leur motif était l’information selon laquelle le frère du juge serait conseiller municipal à la mairie de Ziguinchor, une institution dirigée par Ousmane Sonko lui-même. Malgré la demande du juge de suivre la procédure légale pour le récuser, l’agent judiciaire de l’État et les avocats de Adji Raby Sarr, engagés par l’État du Sénégal, ont continué à divertir la salle, retardant ainsi les plaidoiries, relate le document.
Après 13 heures de débats, à 22 heures, l’agent judiciaire de l’État a interrompu de manière intempestive les plaidoiries pour remettre au juge une note écrite à la main. Il informa le magistrat que l’État du Sénégal avait déposé une demande de récusation le concernant auprès du président de la Cour d’Appel de Ziguinchor. Malgré cette tentative qualifiée de perturbation par Ciré Clédor Ly, le juge a continué l’audience, sachant que la procédure n’avait pas été suivie correctement par l’État qui avait l’habitude de forcer les choses et de violer les règles de procédure.
Ciré Clédor Ly estime que le sommet de la terreur d’État a été atteint lorsque l’électricité a été coupée subitement au tribunal, plongeant tout le monde dans le noir. À ce moment-là détaille-t-il, le juge a ordonné la clôture des débats et s’est retiré pour délibérer et rendre sa décision. Travaillant à la lueur d’une lampe torche, le juge a rédigé sa décision qui a assommé tous les artisans de la déconstruction de l’État de droit et du système démocratique, fruits de longues luttes et de conquêtes du peuple sénégalais.
Le tribunal a statué sur sa propre compétence, qui est celle du lieu d’inscription sur les listes électorales et du lieu de vote de l’électeur, en l’occurrence Ousmane Sonko. Il a déclaré nulle la radiation de Sonko des listes électorales et a ordonné son rétablissement, avec effet immédiat. Toutefois, avec les pratiques déloyales de l’État du Sénégal, l’égalité des chances dans la compétition électorale majeure de février 2024 est déjà violée, étant donné que les parrainages ont commencé depuis le 29 septembre 2023.
Suite à cette décision, le ministère de l’Intérieur est tenu d’ordonner la remise immédiate et sans délai des fiches de parrainage à monsieur Ousmane Sonko.
À en croire Ciré Clédor Ly, les magistrats Madame Marième Diop Guèye, de la Cour Suprême, et Sibasy Faye, du tribunal d’instance de Ziguinchor, entrent désormais dans l’histoire du Sénégal. Ils rejoignent selon lui, les rangs des grands hommes qui, tout au long de leur vie, n’ont servi que la loi et ont pleinement rempli leur existence.
Ciré Clédor Ly exprime enfin sa satisfaction face à cette décision historique. Il souligne l’importance de l’indépendance et de l’impartialité de la magistrature, qui ont été clairement démontrées par ce verdict. Pour lui, les Sénégalais et la communauté internationale attendent maintenant de voir comment l’État du Sénégal réagira à cette décision. Il appelle à mettre fin à l’illégalité et au banditisme d’État, et à respecter les principes démocratiques et l’État de droit.