La trainée de lumière a déchiré le ciel au-dessus du Sénégal pendant quelques secondes. Directeur de l’Agence sénégalaise d’études spatiales, Maram Kaïré passe à la loupe, pour L’Observateur, ce «phénomène naturel» capté à Diourbel et Mbour par les caméras de surveillance du programme international «Vigi-Ciel». Extrait.
1. Diourbel et Mbour
Le rayon lumineux qui a traversé le ciel, au-dessus du Sénégal, a duré quelques secondes. Ce laps de temps a suffi pour qu’il soit capté par les caméras placées à Diourbel et à Mbour dans le cadre du programme international Vigi-Ciel. «C’est un réseau lancé depuis la France qui permet de surveiller ces objets qui rentrent (dans l’atmosphère). L’objectif de ce réseau, qui porte le nom de Fripon en France et celui de Assaman (ciel, en wolof) au Sénégal, est d’avoir des caméras qui ont une vision 360° en permanence pointée dans le ciel», explique Maram Kaïré, le directeur de l’Agence sénégalaise d’études spatiales.
2. «Rentrée atmosphérique»
Maram Kaïré révèle que le phénomène en question se nomme «rentrée atmosphérique». Il détaille : «Cela veut dire que quelque chose a quitté l’espace et pénétré la couche atmosphérique à très grande vitesse. C’est ce qu’on appelle les étoiles filantes. Ce sont des morceaux de roches qui rentrent dans notre atmosphère et à des vitesses très élevées ; cela peut être de l’ordre de 500 à 2000 ou 3000 km/heure. Cette vitesse crée un frottement et la chaleur laisse cette trainée blanche. Sa couleur change en fonction de l’objet. Cela peut être vert, jaune ou bleu.»
3. Un météore
Une roche ou un débris spatial : deux possibilités se présentaient à propos de la nature de l’objet qui a pénétré dans l’atmosphère et été aperçu au Sénégal. «Après vérification, nous n’avons pas eu d’information sur un débris spatial qui soit entré le 27 octobre 2023, entre 19h et 22h. Il ne reste que l’option d’un météore, qui est formé de petits morceaux d’astroïdes. La taille peut être de quelques centimètres jusqu’à quelques mètres. Dans de rares cas, cela peut être plus gros avec des diamètres qui varient entre un et une dizaine de mètres.
4. Point d’impact
Le directeur de l’Agences sénégalaise d’études spatiales révèle que «quand un objet rentre dans l’atmosphère à très grande vitesse, il aura tendance, avec la chaleur, à se désintégrer». «Il va exploser et se diviser en plusieurs petits morceaux qui peuvent être retrouvés au sol sous forme de météorites, poursuit Maram Kaïré. Chaque année, on a plus de 40 000 tonnes qui tombent de l’espace partout à travers le monde. C’est un phénomène naturel.» Quid de la zone d’impact dudit météore ? «Nous avons espoir, s’il ne s’est pas totalement désintégré, qu’il soit tombé aux alentours de Kaolack ou de Fatick. Cela devrait être notre zone de recherches.»
5. Projet «Assaman»
Dans le cadre du programme international Vigi-Ciel, quatre caméras ont été installées depuis un an au Sénégal. Celles-ci sont plantées à Dakar, Thiès, Diourbel et Mbour. Ce dispositif, appelé Assaman (ciel, en wolof), permet d’avoir une vision 360° pointée en permanence dans le ciel, comme le signale Maram Kaïré. Mais au moment où le ciel sénégalais était déchiré par un météore, seules deux des caméras fonctionnaient. Celles de Dakar et Thiès sont en panne. Cette situation complique un peu le repérage du point d’impact du météore. «Si plusieurs caméras avaient fonctionné, nous aurions mieux quadrillé la direction, l’altitude et la vitesse de pénétration», avise le patron de l’Agence sénégalaise d’études spatiales. Qui conclut : «Nous allons faire en sorte que le projet ‘Assaman’ soit maintenu et renforcé pour avoir une surveillance plus accrue.»