Sondage exclusif : le pari électoral gagnant de Mélenchon

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Jean-Luc MÉLENCHON © Malick MBOW
Jean-Luc MÉLENCHON © Malick MBOW

Malgré ses outrances répétées, notamment après l’attaque terroriste contre Israël, le chef des Insoumis reste le leader à gauche, selon une enquête de Cluster17 pour « Le Point ».

Par Sébastien Schneegans

 

Jean-Luc Mélenchon n’est pas mort, loin de là ! Comme le montre un sondage réalisé par l’Institut Cluster17 pour Le Point, la stratégie qui consiste à « tout conflictualiser » en permanence est manifestement plébiscitée par sa base électorale. En dépit de ses outrances et de ses sorties complotistes, il reste le leader de la gauche. Ainsi est-il, pour 20 % des personnes interrogées, la personnalité qui « incarne le mieux la gauche », devançant (de peu) Fabien Roussel et François Ruffin.

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Si le premier tour de la présidentielle de 2022 devait se rejouer aujourd’hui, 77 % de ses électeurs placeraient le même bulletin dans l’urne. Une érosion faible au regard de ses prises de position de plus en plus radicales. « Son attitude lui assure ce leadership. Jean-Luc Mélenchon peut dire à peu près n’importe quoi, il conservera une solide assise électorale, autour de 10 à 12 % des voix. Il perd quelques soutiens du côté de la gauche modérée mais reste ultra-majoritaire au sein de la gauche radicale », relève Jean-Yves Dormagen, fondateur de l’institut Cluster17.

La gauche réformiste est éclatée, tandis que la gauche « rupturiste » est incarnée par un seul homme, Jean-Luc Mélenchon… qui perdrait tout de même quelques plumes dans la bataille si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui. Il obtiendrait 17,5 % des voix contre 22 % en 2022, un succès en demi-teinte qui s’explique d’abord par l’absence d’alternative à gauche.

 

 

« Loi physique ». À la question « qui représente le mieux la gauche selon vous ? », Fabien Roussel et François Ruffin talonnent Jean-Luc Mélenchon (avec respectivement 19, 17 et 20 %), la gauche républicaine incarnée par Bernard Cazeneuve arrive nettement derrière avec 13 %. « Il y a une loi physique, résume Jean-Yves Dormagen. Tant qu’une partie significative des électeurs de gauche sera captée par Emmanuel Macron, le leader de la gauche sera toujours très à gauche. Jean-Luc Mélenchon est certain d’incarner la force dominante. C’est ce socle qu’il cherche à durcir et à fidéliser pour empêcher l’émergence de concurrents. » Méthode connue des trotskistes, comme l’ont expliqué dans nos colonnes ses anciens amis, Julien Dray ou Jean-Christophe Cambadélis. Au fond, l’ex-sénateur socialiste poursuit en ce moment ce qu’il a entrepris depuis qu’il a quitté le PS en 2008 : il clive la gauche et l’entraîne dans une forme de radicalité grâce à un mouvement créé par et pour lui. Il rassemble autour de lui un carré de fidèles qu’il essaiera d’élargir à l’approche de la prochaine présidentielle.

Pour l’instant, cette méthode lui a plutôt réussi. Il fonde le Parti de gauche en 2009 et obtient 11 % des voix en 2012, puis lance La France insoumise en 2016, grâce à laquelle il récolte 19,58 % des suffrages en 2017. En 2022, il se rapproche du second tour (21,95 %). L’Insoumis espère sans doute « faire mieux », selon son expression, en 2027… même s’il lui faut se délester de la Nupes, sa dernière trouvaille créée à la hâte pour se faire « élire Premier ministre » (sic) au lendemain de la présidentielle. Il ne changera pas de méthode et continue d’appeler à « s’appuyer sur l’énergie de la conflictualité ».

L’opération Nupes. De fait, dix-huit mois après sa création, la Nupes présente un bilan jugé négatif, y compris par les sympathisants de gauche. Dans l’étude Cluster17 pour Le Point, apparaît un fossé entre la gauche mélenchoniste, qui reste favorable à cette alliance, et la gauche plus modérée : 71 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon jugent le bilan de la Nupes « positif », contre seulement 20 % des électeurs de Yannick Jadot, par exemple… ce qui démontre, si cela était encore nécessaire, que l’opération Nupes a surtout profité à La France insoumise. 47 % des électeurs de gauche saluent la décision récemment prise par le PCF de se mettre en retrait de l’alliance. « L’objectif de la Nupes était de fédérer la gauche. De ce point de vue, c’est un échec. Mais elle a permis à Mélenchon, qui n’a aucun mandat officiel, d’exister. Il est aujourd’hui presque seul sur son créneau », souligne Jean-Yves Dormagen. Un seul concurrent sérieux se démarque : François Ruffin. « Mais, s’il veut “tuer le père”, il devra rassembler la gauche rupturiste et la gauche réformiste. » Mission impossible ?

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