Des grandes entreprises américaines, dont Apple ou Disney, ont suspendu la diffusion de leurs publicités sur X, après qu’Elon Musk a relayé une théorie complotiste antisémite.
MÉDIAS – Dans une colère noire. Plusieurs grandes entreprises américaines, notamment Apple, le câblo-opérateur Comcast ou Disney, ont suspendu la diffusion de leurs publicités sur X, ex-Twitter, après qu’Elon Musk a relayé une théorie complotiste antisémite sur le site. Le sulfureux milliardaire leur a répondu, ce mercredi 29 novembre, d’« aller se faire foutre »
Plus tôt cette année, d’autres annonceurs avaient déjà déserté la plateforme après que l’observatoire des médias Media Matters a relevé que des publicités de marques de premier plan étaient apparues sur un compte néo-nazi.
Tacle au dirigeant de Disney
Dans le cadre de l’événement DealBook Summit ce mercredi, organisé par le New York Times, Elon Musk s’est d’abord excusé pour une publication taxée d’antisémitisme. Il avait répondu à un tweet affirmant que les personnes juives encourageaient « la haine contre les Blancs » : « Tu as dit l’exacte vérité ».
« Je suis désolé de ce message …) c’était idiot de ma part », a-t-il concédé. « Parmi les 30 000 (messages publiés par l’entrepreneur), c’est peut-être le pire et le plus stupide que j’aie jamais posté. »
Malgré ses plates excuses, l’homme d’affaires a eu des mots très durs envers les annonceurs qui ont quitté X, les accusant d’« essayer de (lui) faire du chantage ». « Allez vous faire foutre. Est-ce que c’est clair ? », s’est-il emporté.
Immédiatement après cette phrase, Elon Musk a fait mine de saluer le directeur général de Disney (« Salut Bob ! ») Bob Iger, dont le groupe fait partie des entreprises qui ont « boycotté » X. Lors d’une interview plus tôt au DealBook Summit, Bob Iger avait justifié la décision du groupe. Le fait d’être associé à ce tweet d’une façon ou d’une autre « n’était pas pour nous », avait expliqué patron du géant du divertissement
« Ce boycott va tuer la société »
« J’espère qu’ils vont arrêter » d’acheter des espaces promotionnels sur le réseau social, a encore clamé Musk à l’adresse des annonceurs aujourd’hui en retrait. « Ne faites pas de publicité », leur a-t-il lancé. « Ce qui va se passer, c’est que ce boycott va tuer la société », a prévenu Elon Musk. « Et le monde entier saura que ces annonceurs ont tué l’entreprise. »
Presque entièrement dépendant de la publicité, même s’il a lancé récemment des formules payantes, X était déjà en mauvaise posture avant même cette nouvelle controverse. Selon le cabinet Guideline, les revenus tirés des annonceurs avaient déjà fondu de 54 % entre septembre 2022 et août 2023. D’après des documents consultés par le New York Times, la vague récente de retraits d’annonceurs pourrait priver l’ancien Twitter de 75 millions de dollars de chiffre d’affaires.
Mercredi, Elon Musk a laissé entendre qu’il ne mettrait pas la main à la poche pour empêcher le groupe, qu’il a racheté en octobre 2022, de sombrer. « Si la société défaille à cause d’un boycott d’annonceurs, elle fera faillite », a-t-il martelé.
Selon la société d’analyse de données de marché SensorTower, le nombre d’utilisateurs mensuels de X est en baisse de 45 % sur le début du quatrième trimestre par rapport à la même période de 2022.
L’actionnaire majoritaire a défendu la gestion des contenus sur X, alors que de nombreux observateurs alertent sur l’augmentation de la proportion de messages haineux ou de la désinformation depuis sa prise de contrôle. « C’est assez rare que du contenu haineux soit mis en avant », selon Elon Musk. « Mon aspiration, c’est que la plateforme X soit la meilleure source de vérité, ou en tout cas celle qui soit la moins inexacte », a répliqué le natif d’Afrique du Sud.