« Toutes les crises des ICS sont dues à des défauts de management ». Le constat émane de l’Intersyndicale des travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (ICS), membre de la coalition nationale des centrales syndicales affiliées à la CSI. À la faveur d’une rencontre avec la presse, elle a magnifié « l’engagement, la détermination et la mobilisation de l’ensemble du personnel, toutes catégories confondues, derrière leurs représentants pour la satisfaction correcte de la demande sociale légitime des vaillants travailleurs après dix ans de rudes sacrifices pour hisser les résultats de l’entreprise à des niveaux jamais égalés ».
Un des responsables syndicaux de l’Intersyndicale, Ousmane Ndiaye, rappelle que « depuis le 22 septembre 2022, l’Intersyndicale avait soumis une plateforme revendicative à la direction générale, avec comme axes principaux la revalorisation de notre traitement salarial (après plusieurs années de stagnation) et la mise en place d’une organisation adéquate pour la pérennisation et la croissance de notre chère entreprise au profit de toutes les parties prenantes dans un partenariat gagnant-gagnant ».
Mais « après la réhabilitation de nos installations, de 2016 à nos jours, la production n’a cessé de croître jusqu’à atteindre 560 000 t de P2O5 en moyenne depuis quatre ans ». Ceci signifie, selon lui, que « nous sommes à la limite des capacités de nos installations. En 2017 et 2018, nous avons fait respectivement 97,8 et 109 % des budgets fixés. Et malgré les mauvais choix techniques qui nous avaient valu des pertes de production de l’ordre de 120 000 t de P2O5 entre 2019 et 2020, nous sommes à une moyenne de réalisation de 93,9 % des objectifs sur les quatre ans, malgré un manque d’effectif notoire et un défaut d’organisation ».
Des performances obtenues grâce à « l’engagement et au dévouement des travailleurs », souligne Ousmane Ndiaye, qui remarque que « les résultats évoqués ci-dessus tant salués par tous les partenaires de l’entreprise et notre ministre de tutelle lors de ses passages à l’Assemblée nationale nous ont valu les félicitations du PCA du groupe Indorama, Prakash Lohia ».
Poursuivant, « de 2014 à 2021, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires cumulé de plus de 1 400 milliards F CFA, alors que l’investissement cumulé sur le capital humain ne s’élève qu’à un milliard huit cents millions F CFA, soit 0,12 % en valeur relative ».
« Quel paradoxe ! », s’étranglent les travailleurs, qui rappellent que « le capital humain constitue la première ressource, la meilleure ressource et l’ultime ressource pour une entreprise. Il est à la fois une ressource et un acteur d’où son importance capitale c’est-à-dire stratégique pour l’entreprise ». Ils pensent que « parler des équilibres de l’entreprise en laissant en rade le capital humain, les seules ressources agissantes, n’est pas conforme aux bonnes règles de management et constitue un manque de considération avéré à l’endroit des braves travailleurs ».
Ces derniers, « créateurs de la richesse de l’entreprise, ne font que réclamer des salaires décents, conformément aux recommandations de l’OIT », confie Ousmane Ndiaye, qui rappelle que « le groupe Indorama, dans son Manuel de gouvernance d’entreprise en sa version de 2022 a cité « la Déclaration universelle des Droits de l’homme » et « le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels » qui définissent ce que c’est une rémunération équitable et décente ».
En outre, en tant qu’entreprise multinationale, Indorama a l’obligation d’appliquer les règles contenues dans « la déclaration de principe tripartite sur les entreprises multinationale et politique sociale ».
L’Intersyndicale des travailleurs des ICS, qui dit n’avoir jamais basé sa demande sur le chiffre d’affaires de 2022, retient que « la plateforme a été déposée le 22 septembre 2022 » et se dit effarée de voir la direction générale « utiliser de bons résultats pour anéantir la demande légitime des travailleurs ».
Et de préciser : « Sur l’équilibre de l’entreprise, la direction générale écarte à tout point de vue l’existence des partenaires sociaux que nous sommes. Nous retenons que c’est avec la souffrance des travailleurs et de leurs familles qu’elle compte rassurer les banques, les partenaires financiers et les fournisseurs. Ceci est indécent ».
L’Intersyndicale appelle les travailleurs à « la vigilance, l’engagement, la mobilisation, pour la réalisation effective de nos légitimes attentes ».