Le traitement de manière inadéquate des déchets électroniques peut constituer un danger énorme pour l’environnement et la santé humaine, surtout chez les enfants et les femmes enceintes.
Le traitement de manière inadéquate des déchets électroniques peut constituer un danger énorme pour l’environnement et la santé humaine, surtout chez les enfants et les femmes enceintes, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) intitulé «Les enfants et les décharges de déchets électroniques», publié en 2021. Certains réparateurs de matériels électroniques tentent de limiter les dégâts environnementaux et sanitaires. A Colobane, les réparateurs de téléphones, d’ordinateurs et autres commencent à être conscients des enjeux des déchets électroniques. Reportage.
Connu pour son ambiance, le marché Colobane n’a pas dérogé à la règle en ce lundi soir du 27 novembre 2023. Toutes les artères sont remplies de vendeurs, de clients et de passants. Les sons émis par les haut-parleurs des vendeurs se mêlent aux marchandages et aux klaxons stridents des voitures qui passent. Qui roulent à pas de caméléon dans ces embouteillages. Les trottoirs sont occupés par des marchands ambulants qui hèlent à tout va des clients. On se faufile entre véhicules et commerces. Parfois une main ou un pied involontaire qui exigent des excuses. Et même des regards suspects. C’est quand même là où le vol fait ses beaux jours. Où il est devenu banal. Le tout donne un cocktail de brouhaha. Dans une ruelle située à droite de la voie principale se trouve un décor assez particulier. Cet endroit est inondé de réparateurs et vendeurs de téléphones, bref de toutes sortes de matériels électroniques. A l’entrée, une cantine en métal remplie de pièces d’ordinateurs et de téléphones superposées à l’intérieur donne une idée de ce qui se trouve au fond de ce couloir. A quelques mètres, des tables de réparateurs jalonnent de gauche à droite cette allée. Sur ces nombreuses tables sont posés des portables à réparer, jusqu’aux plus petites pièces de ces appareils. Pendant ce temps les «marketmen», troqueurs le plus souvent de téléphones qu’ils brandissent longent la voie en proposant aux passants leurs téléphones à échanger où à vendre.
Le danger des déchets électroniques
Les déchets qui proviennent de ces appareils électroniques constituent un danger pour l’environnement mais il semble que les réparateurs ont pris leurs dispositions pour limiter l’impact de ces déchets sur la nature. Les yeux fixés sur un portable, tournevis à la main, Thierno Ba est en train d’ouvrir cet appareil. Un dépeçage ! Le trentenaire, teint clair, masque sur le menton, s’exprime sur les déchets électroniques après la réparation. Selon lui, les pièces électroniques sont triées après réparation et mis de côté.
Contrairement à ce que pensaient certains, les réparateurs affirment ne pas jeter ces objets dans les poubelles. «Des gens sont venus nous expliquer les dangers que pourraient avoir ces déchets sur la vie», renchérit l’homme, en maniant toujours ces appareils. Par contre, les pièces les plus précieuses, notamment les moteurs, sont vendus aux Chinois. Rien ne se perd… «Les Chinois viennent récupérer les moteurs car ils ont besoin des circuits alimentaires», explique Aboubakry Ba, trouvé à quelques encablures. Tout se transforme ! «Les moteurs de téléphone sont vendus à 150, voire 200 francs l’unité», poursuit-il en nettoyant un téléphone à l’aide d’un morceau de tissu. La vente de ces pièces aux Chinois, d’après lui, est liée au manque de matériel nécessaire pour les réparer. Conscients des dangers de l’explosion des batteries une fois jetées dans les poubelles, Thierno et Aboubakry ont adopté une méthode : trouer les batteries mortes pour anéantir tout risque d’explosion et ne pas les mélanger avec d’autres ordures. Mais ils les stockent dans un endroit sécurisé.
Pus loin, au cœur du marché, se dresse un bâtiment à un étage dont la hauteur n’est pas assez importante. C’est dans cet étage que se trouve la cantine d’El hadji Camara, un réparateur d’ordinateur. Dans cet endroit, sont stockés plusieurs ordinateurs de tailles et de couleurs différentes dans une vitrine près de la porte. Mais à cause de la chaleur, le trentenaire, casquette à la tête, est sorti de sa cantine pour profiter de l’air frais qui annonce le crépuscule en continuant de s’occuper de certains appareils «malades». A côté de lui, un client est en train de lui exposer la panne de sa machine. «L’écran de mon ordi est défectueux», a lancé le client, un jeune homme d’une vingtaine d’année. Concentré sur un ordinateur qu’il a ouvert, El hadji, le réparateur déclare : «Ici, rien n’est jeté à la poubelle. Les pièces sont vendues aux recycleurs.» Puis, il ajoute : «Des personnes viennent les récupérer puis les revendre au Chinois.»L’incinération ou le jet des déchets électroniques dans les poubelles produisent des substances toxiques qui peuvent contaminer le sol, l’eau et l’air. Et les réparateurs de matériels électroniques rencontrés à Colobane le savent bien et ont pris leurs dispositions.