Un dessin de presse satirique sur le thème « Ramadan à Gaza », publié dans les pages de « Libération », fait l’objet d’une polémique sur les réseaux sociaux. Son auteur, la dessinatrice Coco, a même reçu de nombreuses menaces de mort.
Ancienne dessinatrice de presse pour Charlie Hebdo, désormais à l’œuvre au sein de la rédaction de Libération dans la rubrique « Coco croque l’actu », Coco est la cible de menaces après la parution d’un dessin satirique ayant pour titre « Ramadan à Gaza ». Publiée dans l’édition du lundi 11 mars du journal, cette caricature en noir et blanc montre un homme, une femme et un enfant évoluant au milieu des ruines de Gaza, « capitale » de l’enclave palestinienne en guerre contre Israël. Entre des parpaings et des décombres, d’où sort notamment un bras, un individu émacié court après deux rats – l’un des muridés tient un œil dans sa bouche et l’autre un os, et des cafards, en bavant. La femme, assise à côté d’un enfant aux cernes bien creusés, lui tape sur la main et le sermonne : « T-T-T… Pas avant le coucher du soleil ! » Au-dessus de leur tête est précisé qu’il s’agit du « début d’un mois de jeûne », en référence au ramadan, qui a commencé hier pour les musulmans.
Depuis la publication de ce dessin, évoquant la famine à laquelle le peuple palestinien est confronté, son auteure, Coco, a reçu de nombreux messages hostiles sur les réseaux sociaux. « Petit florilège (tout petit, hein) de conneries, menaces et messages antisémites reçus à la suite de ce dessin publié hier dans Libé. Un dessin (que j’assume parfaitement !) qui souligne le désespoir des Palestiniens, dénonce la famine à Gaza et moque aussi l’absurdité de la religion », écrit Corinne Rey, son vrai nom, sur X, en introduction d’une montagne de captures d’écran.
Petit florilège (tout petit hein) de conneries, menaces et messages antisémites reçus suite à ce dessin publié hier dans Libé. Un dessin (que j’assume parfaitement!) qui souligne le désespoir des palestiniens, dénonce la famine à Gaza et moque aussi l’absurdité de la religion. pic.twitter.com/b3fRwQxyJj
— Corinne (@cocoboer) March 12, 2024
« Que Dieu ait pitié des frères Kouachi »
« Ils auraient dû te liquider le 7 janvier » ou encore « Que Dieu ait pitié des frères Kouachi », peut-on lire parmi les intimidations, en lien avec les attentats de 2015 qui ont décimé la rédaction du journal subversif Charlie Hebdo. Un autre internaute envoie, lui, un cœur en légende d’une photo illustrant le périple meurtrier des deux terroristes ce jour-là. « Cours salo*e, tu seras bientôt massacrée avec toute ta famille », jure un énième utilisateur. De son côté, la députée insoumise Sophia Chikirou déclare : « Vous n’aurez pas notre haine mais vous la méritez. »
Au milieu des attaques, Jean-Loup Adénor, rédacteur en chef adjoint de Charlie Hebdo, tient à apporter son soutien à sa consœur. « On ne s’habitue ni à la bêtise des twittos, ni à la mauvaise foi et à la récupération politique bas de plafond… Immense soutien à Coco. […] Il faut une sacrée dose de cynisme pour alpaguer les foules en leur faisant croire que ce dessin s’attaque aux Palestiniens, c’est rageant. »
🔴 Ramadan à #Gaza
✏️ par @cocoboer pic.twitter.com/OnWL2C39zS
— Libération (@libe) March 11, 2024