À travers son dernier roman « Un tombeau pour Kinne Gaajo », l’écrivain nous plonge dans les profondeurs de l’histoire et de l’oubli collectif de son pays. Comme le souligne Mohamed Mbougar Sarr dans sa critique parue dans Le Nouvel Obs
(SenePlus) – À travers son dernier roman « Un tombeau pour Kinne Gaajo », l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop nous plonge dans les profondeurs de l’histoire et de la mémoire collective de son pays. Comme le souligne Mohamed Mbougar Sarr dans sa critique parue dans Le Nouvel Obs, l’auteur rappelle « l’un des devoirs de la littérature : combattre l’amnésie involontaire ou délibérée par laquelle une société supprime certaines de ses figures historiques. »
Le roman suit le récit de Njéeme Pay, une journaliste qui retrace la vie de son amie Kinne Gaajo, une écrivaine et courtisane décédée dans le naufrage du Joola, l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire du Sénégal. À travers ce drame, Diop fait « du naufrage du ‘Joola’ la métaphore de l’angoissante légèreté d’un oubli que certains peuples croient conjurer en se rattachant à un passé importé, emprunté. »
En élevant un « tombeau » à la fictive Kinne Gaajo, l’auteur rend également hommage à des figures méconnues de l’histoire sénégalaise, telles que « Siidiya-Lewoŋ Jóob, Phillis Wheatley, Àllaaji Gay, Maada Caam, Alin Sitóye Jaata… » Mbougar Sarr souligne que « si leurs noms ne sont pas familiers aux lecteurs occidentaux, certaines de ces personnes sont liées à la face honteuse de l’histoire occidentale, notamment française. »
Le tour de force de Diop, selon Mbougar Sarr, est d’avoir fait de son héroïne « l’objet d’une question qu’elle se pose pour d’autres dans l’espace romanesque : qu’est-ce qu’écrire une vie ? » À travers une narration éclatée et une « temporalité flottante », l’auteur remet en question les conventions biographiques traditionnelles.
Avec « Un tombeau pour Kinne Gaajo », Boubacar Boris Diop, dont l’œuvre est qualifiée par Mbougar Sarr de « la plus importante du roman sénégalais contemporain », offre une plongée profonde dans les méandres de la mémoire sénégalaise, exhumant des figures oubliées et interrogeant les façons de raconter une vie. Un hommage littéraire puissant à la richesse et à la complexité de l’histoire d’un pays.