Précarité dans le secteur de la presse : Ces chiffres de la CJRS qui font froid dans le dos

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Ce 03 mai est la journée dédiée à la presse. Une occasion saisie par la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) pour rendre public une étude réalisée durant l’année 2023 et mettant à nu la souffrance des jeunes journalistes dans les rédactions. Des chiffres qui font froid dans le dos.

Pour décrire leurs conditions de travail, plus de 200 professionnels de médias journalistes comme techniciens ont accepté de répondre à une vingtaine de questions en rapport avec les contrats de travail, les rémunérations, la prise en charge sociale.

En ce qui concerne les contrats de travail, l’étude de la CJRS montre que sur 216 travailleurs des médias, 23,1% ont dit avoir des contrats à durée indéterminée (CDI), 11,1% des contrats à durée déterminée (CDD), soit au total 33,2%. Parmi ces derniers, 61,7% ne disposent pas d’un exemplaire de leur contrat de travail et seuls 19,3% ont répondu par l’affirmative s’agissant de l’enregistrement à l’inspection du travail. 45,3% ont répondu par la négative. Les autres soit ne savent soit n’ont aucune réponse.

Parmi les 217 travailleurs ayant répondu au questionnaire, 22,2% ont soutenu avoir des contrats de prestation contre 17,1% de stagiaires. Les 26,4% n’ont aucun lien contractuel avec leurs employeurs.

L’enquête de la CJRS révèle aussi que sur les 217 professionnels des médias interrogés, 31,5% disent ne pas avoir de salaire contre 68,5% qui sont rémunérés. Encore que pour percevoir les salaires c’est la croix et la bannière dans beaucoup d’organes de presse car 54,2% des salariés disent percevoir leur salaire au-delà du 08.

Selon les résultats de l’enquête, 18,5% ont des rémunérations en deçà de 75000 francs ; 14,8% entre 75000 et 100000 francs ; 14,8 entre 100000 et 150000 francs ; 10,2% entre 150000 et 200000 FCFA.

Les travailleurs ayant un salaire dépassant la barre des 300000 francs sont estimés à 7,9%, tandis que ceux qui ne relèvent d’aucune de ces catégories sont autour de 20,4%. A l’image de la plupart des rédactions, la plupart des personnes ayant participé à l’enquête sont des reporters, soit plus de 77% ; 9,3% ont dit être des rédacteurs en chef.

Sur les cotisations sociales, 86% des travailleurs ayant répondu aux questions disent ne pas bénéficier d’une prise en charge maladie et seul 14% ont une cotisation à l’ipres. S’agissant des conditions de travail, l’enquête de la convention révèle que bon nombre de professionnels des médias travaillent au-delà de 8h par jour sans avoir en contrepartie des heures supplémentaires. « 34% seulement travaillent 8 heures par jour ; 30,7% entre 8 et 10 heures ; 34,4% plus de 10 heures de temps de travail par jour », lit-on dans le rapport.

Par ailleurs, 47,9% des personnes ayant répondu disent n’avoir qu’un seul jour de repos par semaine. 30,7% ont deux jours de repos, tandis que 21,9% disent n’avoir aucun jour de repos. L’entreprise pouvant les utiliser même les samedi et dimanche sans aucune compensation. Les entreprises de presse sont aussi marquées par l’absence de section syndicale.

A l’issue de cette étude, la Convention des jeunes reporters a émis des recommandations allant dans le sens de l’amélioration des conditions de travail des reporters. Il s’agit notamment de « veiller à l’effectivité des règles prévues par le Code de la presse pour toute entreprise dans le secteur, exiger la transparence dans la gouvernance des entreprises de presse ; créer un environnement propice pour le développement des médias ».

La CJRS milite aussi pour la mise en place « d’une fiscalité adaptée et allégée pour le secteur de la presse » mais aussi la multiplication des visites de contrôle de l’Inspection du travail et du contrôle social dans les entreprises de presse ». La convention appelle à la fermeture « tout simplement des entreprises qui ne parviennent pas à respecter un minimum de conditions exigées par la législation en vigueur, malgré le soutien de l’Etat ».

Les jeunes reporters réclament aussi la fin de la « concurrence déloyale entre de pseudo entreprises qui n’ont aucune obligation et d’autres qui s’efforcent d’être en conformité avec les lois, ainsi que les règles d’éthique et de déontologie ». Ils appellent l’autorité à « veiller au respect de la législation prévue par le droit OHADA et qui régit toute entreprise, y compris celles spécialisées dans le traitement de l’information » et à l’application « des dispositions de l’acte uniforme OHADA sur les procédures collectives aux entreprises en cessation de paiement, y compris celles qui ont des difficultés à payer leurs salaires ».

Enfin la CJRS prône l’introduction des employés dans le capital des entreprises en difficulté qui n’arrivent plus à s’acquitter de leurs obligations sociales envers leurs travailleurs.

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