Donald Trump a accepté jeudi soir l’investiture de son parti au dernier jour de la convention républicaine de Milwaukee. Au début de son très long discours, le candidat à la Maison Blanche est revenu sur la tentative d’assassinat dont il a été la cible et dit vouloir être le président de « toute l’Amérique ». La suite ressemblait davantage à de l’improvisation décousue.
Donald Trump a prédit jeudi 18 juillet une « victoire incroyable » des républicains à la présidentielle de novembre, en acceptant l’investiture de son parti à la convention républicaine de Milwaukee.
« Je me présente pour être le président de toute l’Amérique, pas de la moitié de l’Amérique », a-t-il lancé dans un discours capital censé le placer sur la voie directe d’une reconquête de la Maison Blanche.
Cinq jours seulement après avoir failli perdre la vie dans un meeting de campagne, le septuagénaire est remonté sur scène, non seulement en rescapé miraculeux des balles qui l’ont frôlé, mais surtout en grand patron incontesté de la droite américaine.
Sous les yeux de son épouse Melania et de sa fille Ivanka, le républicain est revenu en détail sur cette attaque. « Le sang coulait partout et pourtant, d’une certaine manière, je me sentais en sécurité, parce que j’avais Dieu à mes côtés », a-t-il raconté devant la foule de ses partisans.
« Je me tiens devant vous dans cette arène uniquement par la grâce de Dieu tout-puissant », a affirmé l’ancien président dans son discours d’acceptation de l’investiture du Parti républicain à l’élection de novembre.
Il a fait observer une minute de silence pour Corey Comperatore, un pompier de 50 ans tué par une des balles qui le visaient. Donald Trump a ensuite embrassé le casque de la victime.
Pansement vedette
Les yeux de ses partisans, présents par dizaines de milliers à Milwaukee, étaient aussi braqués sur le pansement bien visible sur l’oreille droite de l’ancien président. Le bandage illustre, selon eux, le courage d’un homme qu’on cherche à abattre et qui ne se résigne jamais.
Une image frappante, qui marquera les mémoires, tout comme celle, samedi, d’un Donald Trump à la joue ensanglantée et au poing levé, appelant ses supporteurs à combattre tandis que ses gardes du corps l’évacuent précipitamment de son estrade de campagne à Butler, en Pennsylvanie.
« Forer à tout va », et « fermer la frontière »
Depuis lundi, Donald Trump a déclenché chaque soir à Milwaukee des tonnerres d’applaudissements et de longues acclamations chez ses partisans qui, pour beaucoup, considèrent qu’il a survécu aux tirs qui le visaient grâce à une intervention divine.
Le reste de son discours a été plus classique, empruntant des passages répétés à l’envi dans ses meetings politiques.
Il a ainsi réitéré sa volonté de favoriser l’exploitation du pétrole aux États-Unis et d’empêcher les migrants d’entrer dans le pays dès le « premier jour » de son mandat. L’ex-président a ainsi juré de « forer à tout va » et de « fermer la frontière ». Des thèmes plus fédérateurs que l’avortement, par exemple, qu’il s’est gardé d’évoquer.
« Je vais mettre fin à la crise de l’immigration illégale en fermant notre frontière et en finissant le mur [à la frontière avec le Mexique, NDLR] », a-t-il insisté.
En cas de retour au pouvoir, Donald Trump a également déclaré souhaiter réorienter l’ensemble des fonds alloués aux ambitieuses mesures environnementales décidées par Joe Biden, qu’il qualifie d' »arnaque verte ». Plus largement, il a estimé qu’il fallait « sauver le pays d’un gouvernement en échec et incompétent ».
« Sous l’administration actuelle, nous sommes en effet une nation en déclin », a-t-il martelé, en dénonçant l’inflation des dernières années aux États-Unis, les arrivées de migrants à la frontière et les conflits internationaux dont il accuse Joe Biden d’être le responsable.
Durant la convention, le septuagénaire a aussi assisté avec délectation à un ballet soigneusement réglé faisant alterner à la tribune les figures du parti qu’il a défaites lors de primaires. Autant de scènes visionnées par des millions de téléspectateurs.
Quel contraste avec la convention de 2016, lors de laquelle avaient éclaté au grand jour les divisions chez les républicains, certains rejetant les outrances du tribun devenues depuis sa marque de fabrique !
Les quatre jours de la convention ont vu se succéder au pupitre des Américains anonymes, sélectionnés car ayant perdu un proche tué par un migrant en situation illégale ou par une overdose de fentanyl.
Biden très fragilisé
Autre moment fort de la grand-messe : le premier grand oral de J.D. Vance, sénateur atypique choisi par le candidat pour le seconder dans la campagne.
Le jeune élu de 39 ans, opposé à l’aide à l’Ukraine et pratiquant un discours populiste anti-immigration, deviendra vice-président des États-Unis si Donald Trump l’emporte en novembre.
L’édition 2024, à quelque 110 jours de l’élection, s’est en outre déroulée alors que Joe Biden apparaît extrêmement fragilisé par des doutes persistants sur son acuité mentale et des appels, de la part d’élus démocrates, à ce qu’il se retire de la campagne présidentielle.
Si une telle hypothèse venait à se confirmer, la campagne de Donald Trump ne « changera pas fondamentalement », a assuré à l’AFP Jason Miller, l’un des plus proches conseillers du candidat républicain.
Donald Trump a prévu de reprendre sa campagne dès samedi, avec un meeting dans l’État du Michigan, une semaine exactement après les tirs qui l’ont visé. Les dizaines de milliers de visiteurs repartiront, eux, avec leurs bagages remplis de produits dérivés « Trump » – casquettes, affiches, tee-shirts – prêts à prêcher la parole de leur champion miraculé à travers le pays.
Avec AFP