L’arrivée de l’autoroute et la proximité de Diamniadio ont propulsé la région dans une nouvelle ère, attirant investisseurs et nouveaux résidents. Cette ruée soulève cependant des questions sur l’avenir environnemental et social de la cité.
La Petite-Côte sénégalaise connaît une transformation rapide et profonde, selon un reportage publié par Le Monde. Cette région côtière, autrefois connue pour ses villages pittoresques et son attrait touristique, est aujourd’hui au cœur d’un boom immobilier et démographique sans précédent.
Le journal français rapporte que le développement de la cité est étroitement lié à l’expansion de la métropole dakaroise. Papa Sakho, géographe à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, explique : « Nous assistons à une extension de la métropole dakaroise. La Petite-Côte devient une zone périurbaine. » Cette évolution est notamment favorisée par l’ouverture d’une autoroute en 2019, qui a considérablement réduit le temps de trajet entre Dakar et la région.
Le développement de la ville nouvelle de Diamniadio et la proximité de l’aéroport international Blaise-Diagne ont également contribué à l’attrait de la zone. Selon Le Monde, le département de Mbour, qui englobe la Petite-Côte, est devenu le troisième le plus peuplé du Sénégal, passant en dix ans de 669 000 à environ 940 000 habitants.
Cette croissance rapide a des impacts significatifs sur l’économie locale. Demba Sarr, un employé de la mairie de Ngaparou, souligne : « L’arrivée de nouveaux habitants entraîne une hausse des recettes fiscales. » Il note également la croissance de nouveaux secteurs dans la région comme « le BTP, les services et le commerce ».
Cependant, cette transformation ne va pas sans soulever des inquiétudes. Le journal rapporte une hausse spectaculaire du prix du foncier. Cheikh Fall, de l’ONG Enda Tiers-Monde, précise : « Un terrain d’environ 200 m2 qui valait 2 millions de francs CFA il y a cinq ans peut partir aujourd’hui à 8. » Cette inflation immobilière a des conséquences sur les activités traditionnelles de la région, notamment l’agriculture et la pêche.
Le développement rapide pose également des défis environnementaux. En 2020, le ministère de l’environnement pointait une « situation alarmante » sur la Petite-Côte. Bien que des mesures de protection aient été prises, comme le classement de 4 000 hectares de la lagune de la Somone en aire marine protégée, les inquiétudes persistent face au bétonnage croissant de la région.
Le projet de port en eaux profondes à Ndayane, lancé en 2023, illustre les tensions entre développement économique et préservation de l’environnement. Malgré l’opposition des défenseurs de l’environnement et des pêcheurs locaux, le chantier a débuté et le premier ministre Ousmane Sonko a récemment reçu le directeur général du constructeur DP World pour discuter de l’avancée de l’ouvrage.