Le village de Belli Diallo, dans la région de Matam (nord), comme toutes les localités sinistrées de la crue du fleuve Sénégal, est un symbole de résilience. Ses habitants, relogés sur un site de recasement, tentent de retrouver une vie normale, avec l’espoir de retourner bientôt dans leurs maisons envahies par les eaux.
Situé à environ trois kilomètres de la commune de Matam, Belli Diallo ressemble toujours à un village fantôme. Et pour cause, en octobre dernier, la crue du fleuve Sénégal avait contraint ses habitants à quitter leurs habitats gagnés par la montée des eaux du fleuve Sénégal.
Trois mois plus tard, le décor n’a pas encore changé. Des vestiges de maisons détruites par la furie des eaux accueille le visiteur. Certaines éventrés, d’autres dépourvues de toit, d’autres encore totalement rasées.
Leurs anciens occupants vivent désormais de l’autre côté du village, sur la route menant vers les champs du Walo, sur les terres réservées à la culture de décrue. Ici, vingt-quatre familles vivent dans des conditions précaires, dans des cases qui ne protègent ni de la poussière, ni du vent, ni du froid.
»Depuis que les eaux ont envahi notre village, nous habitons ici, dans cet espace, avec nos familles. C’est ici que nous faisons tout. Nos habitations n’ont pas résisté », confie Mamadou Sy, un bûcheron qui essaie de retrouver tant bien que mal une vie normale.
Non loin de ce qui lui sert aujourd’hui de maison, il a timidement recommencé son travail. »Cela ne ressemble en rien avec notre maison en banco, où j’ai passé presque toute sa vie », dit Mamadou, multipliant les coups de hache appuyés contre de grosses branches de bois mort. Son fils de trois ans, lui, n’a que la conscience de son âge, est occupé à jouer à côté de la case. Un abri fait de bric et de broc : de paille, de bois, de morceaux de tissus, de toile et de nattes.
Mamadou Sy vit désormais, ici, avec sa petite famille. En attendant le retrait des eaux et la reconstruction de son ancienne maison, il s’agit d’un moindre mal.
Durant les premiers jours de la crue du fleuve, les maisons étaient littéralement envahies par les eaux et s’étaient totalement vidées de leurs occupants devenus des sans-abris en l’espace de quelques heures.
La famille de Mamadou Sy et les vingt-trois autres du village de Belli Diallo a été contraintes d’aménager des cases de fortune. Posté devant sa case de fortune, il symbolise toute la résilience des habitants de Belli Diallo. La plupart continue de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était, en attendant des lendemains meilleurs.
Une vie de village est en train de se créer. A côté de chaque case, des ustensiles de cuisine sont posés à même le sol ou accrochés. Des motos et charrettes, des sacs de ciment couverts par des bâches ajoutent un charme ordinaire à ce tableau familial.
Des promesses et un semblant de vie normale
A cette heure où presque toutes les femmes de ce site de recasement sont parties vendre du poisson au marché de Matam, une dame sort de sa case. Malgré sa petite taille, elle est obligée de se courber pour se retrouver dehors. Vêtue d’un boubou multicolore, le visage marqué par le froid qui sévit depuis quelques jours, Aminata Diallo désespère de voir perdurer la situation de précarité dans laquelle vivent les habitants de son village.
»Toutes les promesses qui nous avaient été faites ne sont toujours pas satisfaites. Depuis deux mois, nous vivons ici avec toutes nos familles », dit-elle. Le maire de Ogo, une commune voisine, avait promis de reconstruire tout le village de Belli Diallo, mais pour l’instant, rien de tel n’a été concrétisé, ajoute Aminata Diallo, aux yeux de qui le plus important est la reconstruction des anciennes habitations.
Mamadou Abdoulaye Camara, le chef du village, abonde dans le même sens. »La reconstruction de Belli Diallo est devenue urgente », au regard de la situation de précarité dans laquelle se trouvent ses habitants, lance-t-il.
Pour l’heure, les vingt-quatre familles installées sur le site de recasement essaient de retrouver leurs habitudes dans un nouveau cadre marqué par des scènes de la vie ordinaire. Les adultes poursuivent au quotidien leurs activités principalement axées sur la pêche, le commerce et l’agriculture de décrue.
Des groupes d’enfants, dans leur insouciance, continuent de courir partout et de sautiller, poussant des cris audibles à plusieurs mètres à la ronde. Une ambiance est joyeuse, signe que tout n’est pas perdu malgré les difficultés.