Mamy Tall explique : « J’ai toujours été passionnée par l’architecture, je l’ai toujours imaginée comme un métier humaniste. J’ai consacré mon travail à informer sur l’importance de planifier et d’entretenir les villes, à sensibiliser à la construction bioclimatique, à ouvrir le débat sur le patrimoine et sa place dans nos sociétés, à créer des ponts entre l’architecture et la mode, à apporter des solutions aux problèmes urbains, et enfin, à comprendre notre système politique et son impact sur l’exercice de notre métier. »

Studios d’Afrique de l’Ouest : Mamy Tall

Tall a grandi au Togo et a suivi une formation d’architecte à Montréal, au Canada , avant de revenir en Afrique et de s’installer au Sénégal. La designer dynamique aime faire plusieurs choses à la fois et cela se voit immédiatement lorsqu’elle commence à énumérer ses multiples activités. Elle est la fondatrice de Weex Tall, un studio dakarois qui regroupe ses diverses activités et intérêts : Lives, une plateforme qu’elle a cofondée, qui promeut les destinations africaines et leur écosystème créatif ; une série documentaire ; des collaborations dans la mode, qui considère sa deuxième passion après l’architecture ; la photographie ; et la conception d’expositions.

Tall travaille également au Bureau d’architecture et de conservation des palais nationaux du gouvernement sénégalais, en charge de la conservation des monuments, ainsi que de la réhabilitation et de la construction de sites religieux et d’universités à travers le pays ; et elle représente le cabinet français Wilmotte & Architectes sur ses projets à Dakar (il abrite un siège des Nations Unies, ainsi que plusieurs projets de restauration en cours).

Ses efforts créatifs partagent un fil conducteur : la passion de Tall pour la résolution de problèmes et l’application de l’architecture et du design pour proposer des solutions aux principaux problèmes sociaux et urbanistiques de notre époque, tels que « le développement urbain, l’absence d’identité architecturale, la non-utilisation de matériaux locaux et la disparition progressive du patrimoine », explique-t-elle.

Elle aime explorer des approches expérimentales, mais en même temps, elle s’appuie sur des techniques éprouvées. La construction en terre en est un exemple clé, car elle consolide, selon elle, une architecture durable tout en soutenant et en préservant une identité architecturale contextuelle. « La terre est un matériau disponible et adapté à notre climat, dit-elle. Pourtant, elle est stigmatisée et associée à la pauvreté et à la construction en milieu rural. Il existe de nombreuses idées reçues à son sujet, alors qu’il existe de nouvelles techniques de modernisation de la terre qui, bien utilisées, remplacent très avantageusement des produits industrialisés comme le ciment ou le béton. »

L’une de ses œuvres indépendantes les plus récentes, une exposition intitulée « Doxantu », pour la Biennale de Dakar 2022, s’intéresse au concept de rond-point, créant une installation à grande échelle pour un tel site dans la capitale. Tall considère cette exposition comme un projet révolutionnaire clé pour son jeune studio. Il est construit autour d’un jardin sec comportant un baobab (le symbole de la nation sénégalaise) et une surface pavée. Ici, Tall a invité des artistes, tels que Gorgui Mbaye et le tisserand Issaka Bonkoungou, à enrichir l’espace avec des créations spécifiques au site.

Les projets de Tall abordent souvent des débats similaires sur l’utilisation de l’espace urbain et la création de villes et de communautés ; imprégnés de son soutien aux matériaux et méthodes locaux non industrialisés, ce qui, souligne Tall, ne signifie pas nécessairement un retour à la tradition, car ils peuvent souvent afficher un caractère très moderne.

Studios d’Afrique de l’Ouest : la série

Du Sénégal au Nigéria, du Niger à la Côte d’Ivoire, l’Afrique de l’Ouest est vaste et regorge de potentiel. Un puissant mélange de peuples et de cultures et, dans certains pays, une croissance démographique et économique exponentielle font de cette partie du monde un lieu de changement. Le résultat ? Une nouvelle génération dynamique de studios qui opèrent dans le domaine de l’architecture et repoussent les limites de leur domaine vers un avenir prometteur. Architectes, concepteurs d’espaces et constructeurs convergent ici pour créer un melting-pot unique et riche de réflexions nouvelles et d’innovations qui ne manqueront pas de remodeler notre façon de penser l’architecture à l’échelle mondiale.

Notre série sur les studios d’Afrique de l’Ouest – architectes, concepteurs d’espaces et constructeurs – se poursuit sur Wallpaper.com. Sont également à l’honneur jusqu’à présent les studios nigérians Studio Contra et sénégalais Worofila .

Mamy Tall

Une version de cet article paraît dans le numéro de janvier 2023 de Wallpaper*, The Future Issue, disponible dès maintenant en version imprimée, sur l’application Wallpaper* sur Apple iOS et pour les abonnés d’Apple News +.  Abonnez-vous à Wallpaper* dès aujourd’hui