Felwine Sarr fait une synthèse du symposium qui a réuni récemment à Dakar des chercheurs, des artistes, des architectes et des activistes pour mener une « réflexion spontanée et collective » sur les modalités d’habiter la ville, le monde, le cosmos …
Raw Material Company, le Centre pour l’art, le savoir et la société, a tenu la cinquième édition de ses symposiums Condition Report, initiée depuis 2012. Intitulée « Sens du lieu : déplacement, replacement, non-placement », cette édition a réuni des universitaires, des artistes, des architectes, des activistes et d’autres acteurs de la société civile venus des quatre coins du monde afin de produire « une réflexion globale, spontanée et collective » en rapport avec nos différents espaces de vie : la ville, le monde, le cosmos.
La présente édition a été dirigée par l’universitaire Felwine Sarr. À travers ce thème, les participants se sont interrogés sur les modalités d’habiter, articulées autour de plusieurs axes : la ville et l’architecture, l’écologie en rapport avec le vivant, le lien de l’humain avec l’immatériel et l’intangible, ainsi que l’hospitalité.
Ces questions ont été abordées dans un contexte où, dans de nombreux endroits du monde aujourd’hui, notamment en Europe, on se barricade contre l’autre, on cherche à le renvoyer chez lui ou à restreindre ses mouvements sur la planète.
En marge de ce symposium, Felwine Sarr, directeur artistique, a accordé un entretien à SenePlus, où il a apporté des précisions sur cette thématique. Le chercheur a également abordé les défis de l’émigration qui touche de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.
S’agissant de l’architecture, Felwine Sarr appelle les Africains à plus d’authenticité dans la construction de leurs villes. Il souligne que les villes du Sahel, en particulier, doivent refléter l’identité historique et culturelle de leurs populations. En effet, une ville comme Dakar n’a pas vocation à ressembler à Paris, Dubaï ou Londres.
En clair, Dakar, Bamako ou Abidjan devraient rester authentiques et en parfaite symbiose avec leur histoire et leur culture. « Nous mimons des villes que nous estimons développées. Nous sommes des villes du Sahel, nous sommes les pays de la Côte. Nous avons des architectures précises. Nous avons des manières d’occuper l’espace qui doivent se refléter dans la façon dont nous construisons nos villes », constate Felwine Sarr.