SUR LES TRACES D »ALINE SITOE DIATTA, L’HEROÏNE DE LA RESISTANCE

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Aline Sitoe DIATTA© Malick MBOW

A Nialou, un petit village paisible de Cabrousse, le souvenir de Aline Sitoé Diatta reste vivace. Là, dans son fief natal, l’histoire de cette figure emblématique de la résistance contre la colonisation continue de se transmettre, de génération en générat

Par Ousmane SOW (Envoyé Spécial)   |   Publication 30/12/2024

A Nialou, un petit village paisible de Cabrousse, le souvenir de Aline Sitoé Diatta reste vivace. Là, dans son fief natal, l’histoire de cette figure emblématique de la résistance contre la colonisation continue de se transmettre, de génération en génération.

Lieu historique plus que symbolique, Nialou, ce petit village de Cabrousse, loin des tumultes des grandes villes, des visiteurs ont pris d’assaut les lieux pour découvrir ace lieu chargé d’histoire. Ce voyage touristique s’inscrit dans le cadre du programme Eductour du festival annuel Koom-Koom qui se tient du 16 au 22 décembre 2024 à Ziguinchor. Parfois présentée comme une reine, la prêtresse Aline Sitoé Diatta, née en 1920 à Nialou, est une héroïne de la résistance casamançaise. Surnommée parfois la «Jeanne d’Arc d’Afrique» pour la petite histoire, Aline Sitoé Diatta, à l’instar des filles de la région de Ziguinchor, migre à Dakar à l’âge de 14 ans, où elle travaillait chez les colons. Lamine Diop Sané, président des guides touristiques de la région de Ziguinchor, se fait le narrateur de cette mémoire collective. «Nous sommes à Nialou, le quartier où Aline Sitoé Diatta a grandi avant d’être capturée et déportée à Tombouctou. Elle était la reine-prêtresse de Cabrousse, investie d’une mission divine pour défendre son peuple contre les oppressions coloniales», raconte-t-il. A seulement 14 ans, Aline Sitoé, qui travaillait à Dakar, affirme avoir été appelée par des voix des ancêtres. Elle revient alors en Casa­mance, déterminée à s’opposer à l’ordre colonial. «Elle a exhorté son peuple à rejeter les activités imposées par les Européens notamment, le paiement des impôts, la culture de l’arachide au détriment du riz et l’enrôlement forcé pour la guerre. Elle prônait également un retour aux traditions, notamment la réhabilitation de l’ancienne semaine diola de six jours», ajoute Lamine Diop Sané.

Un héritage méconnu

Devant la tombe de la fille aînée de Aline Sitoé, Assonelo Diatta, Charles Diatta, responsable de la troupe théâtrale qui porte son nom, revient sur le parcours hors norme de l’héroïne. «L’histoire de Aline Sitoé Diatta, on en parle beaucoup. Mais ce que nous savons, ici à Cabrousse, vient directement de nos parents et grands-parents. Aline Sitoé s’est d’abord mariée ici, avant de divorcer et de partir à Dakar. Elle y a été poursuivie par les esprits des ancêtres qui l’ont appelée à revenir en Casamance pour soutenir son village, Cabrousse, alors en grande difficulté», explique-t-il. Cependant, Charles Diatta déplore une méconnaissance persistante de cette histoire : «A l’école, on apprend des choses sur Aline Sitoé, mais quand on en parle à nos parents, des éléments manquent ou sont flous. Pendant longtemps, nos grands-pères évitaient de parler d’elle, peut-être par peur ou par honte d’avoir laissé son sacrifice leur échapper. Mais aujourd’hui, la jeunesse est passionnée et veut découvrir la vraie histoire.»

Aline Sitoé Diatta fut arrêtée le 8 mai 1943. Trimballée de prison en prison, entre le Sénégal, la Gambie et finalement Tombouctou, au Mali, elle mourut dans des conditions obscures, probablement des suites de tortures et de privations, en 1944.

Aujourd’hui, pour ce jeune artiste-comédien, Charles Diatta, l’héritage de la reine-prêtresse va au-delà du passé colonial. Il représente une opportunité de développement. Malgré son potentiel historique et culturel, Cabrousse reste en marge du développement touristique qui anime la région. «Le tourisme au Cap Skirring bénéficie à une minorité. Nous aimerions que d’autres projets soient créés ici pour soutenir la jeunesse», plaide Charles Diatta

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