NI ETHNIE NI STATUT AU DESSUS DES LOIS

Date:

par Oumou Wane
Oumou WANE s'exprime sur Rufin
© Malick MBOW

Manipuler le Fouta en faisant croire que les nouveaux dirigeants sont contre les pulaars, c’est insulter notre intelligence. L’appartenance ethnique de Farba Ngom est une pure excursion hors-sujet dans cette affaire

Oumou Wane  |   Publication 25/01/2025

Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes toujours en démocratie. Alors pourquoi ce battage médiatique, dès lors qu’il s’agit, dans le cadre d’une enquête préliminaire, de permettre à un député d’être entendu par la Justice, comme n’importe quel autre citoyen d’ailleursafin de pouvoir répondre aux questions des enquêteurs et confirmer ainsi son innocence ou sa culpabilité ?

En effet, qu’y a-t-il de choquant à ce qu’un parlementaire, en l’occurrence le député Farba Ngom, soit amené à répondre à des suspicions devant la justice, tant que toutes les étapes de la procédure ont été respectées ?

Rappelons les simples faits. Le garde des Sceaux, maître Ousmane Diagne, saisi par le Parquet financier, a écrit à l’Assemblée nationale pour demander la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, dans le cadre d’une enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux dont la valeur est estimée provisoirement à plus de 125 milliards de Francs CFA. Suite à cette demande, c’est lors de la séance plénière de ce vendredi 24 janvier 2025, que l’immunité parlementaire du député et proche de l’ex-président Macky Sall, a été levée.

Pourquoi donc tout ce tintamarre ethnico-politico-médiatique puisque, quoi qu’il arrive Farba Ngom va pouvoir répondre devant la justice et on saura un jour peut-être s’il est coupable ou non des graves accusations portées contre lui ?

Je me permets ici, avec tout le respect que je dois à sa fonction, de dire à maître Aïssata Tall Sall, qu’il ne s’agit pas d’ethnie dans cette affaire. En affirmant que « Farba Ngom est prêt à affronter la vie et la mort », eu égard à son éducation dans le Fouta, où dit-elle, « nous n’avons pas peur, nous, de la mort », elle déplace le sujet sur le terrain de la discrimination, comme si notre ethnie à chacun, ne fait pas de nous des Sénégalais à part entière.

Comme beaucoup de mes compatriotes, je crois que j’ai peur de la mort ! De la sale mort injuste qui fauche beaucoup trop de citoyens sénégalais. Se faire écraser sur le macadam en conduisant sa moto Jakarta pour gagner sa vie, mourir sur une charrette sur le chemin du dispensaire en pleine brousse en donnant naissance, partir à la fleur de l’âge dans un règlement de compte ou une manifestation… Et je ne parle pas des maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires et le diabète qui déciment nos populations et contre lesquelles, nous n’avons pas d’immunité.

L’immunité protège les parlementaires de toute mesure coercitive les privant de leur liberté, sauf crime, délit flagrant ou condamnation définitive, ce qui n’empêche pas une mise en examen. L’immunité n’a donc pas une valeur absolue.

En revanche, elle sert à protéger le parlementaire si le fondement des poursuites est politique. Certains, qui étaient hier au pouvoir dénoncent une « chasse aux sorcières » ou « une commande politique » dans cette levée d’immunité, mais il pourrait s’agir tout autant de lutte contre la corruption et d’actions en faveur de la transparence et la bonne gouvernance.

Si je ne me trompe, ce signalement de la Centif date de 2023 donc bien avant l’arrivée du nouveau régime au pouvoir. Manipuler les populations du Fouta aujourd’hui en leur faisant croire que les nouveaux dirigeants du pays sont contre les pulaars, c’est vraiment insulter notre intelligence. Je connais peu de pulaars prêts à mourir aujourd’hui pour défendre la cause de Farba Ngom. Les dignes fils du Fouta, justement en vertu de leur naissance, de leur éducation et de leurs valeurs et éthique, n’auront jamais, dans leur immense majorité, à répondre devant la justice pour infirmer ou confirmer des accusations aussi graves, tels que des faits de blanchiment de capitaux, de détournements de fonds publics ou autres, qui tombent sous le coup de la loi.

L’appartenance ethnique de Farba Ngom est donc, dans cette affaire, une pure excursion hors-sujet, à dessein pour créer une affaire dans l’affaire jusqu’à ce que l’on n’y comprenne plus rien !

Nous voulons un nouvel élan pour demain ? Commençons par changer nos schémas de pensée.

Nul ne saurait se placer au-dessus des principes fondamentaux de la Justice.

Oumou Wane est présidente Citizen Media Group – africa7.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

+ Populaires

Articles similaires
Related

LE CRI D’ALARME DE MOUSSA FAKI

Dans un courrier adressé aux chefs d'État africains, son...

DE LA VANITÉ DU POUVOIR

Vieux Savané revenait en 2022 sur ce 17 décembre...

LA CLAIRVOYANCE D’UN PATRIARCHE

Seize ans après sa disparition survenue le 25 janvier...
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit