Les premières retombées du pétrole et du gaz sont estimées à 887,68 milliards de frs à l’orée 2024.
Les premières retombées du pétrole et du gaz sont estimées à 887,68 milliards de frs à l’orée 2024. C’est dire qu’une année après le début de l’ère d’exploitation des hydrocarbures au Sénégal, notre pays va engranger une importante manne financière qui devrait faire du bien aux caisses de l’Etat terriblement vides par les temps qui courent !
Le document de programmation budgétaire 2023-2025 défendu le 30 juin dernier par le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo donne les détails sur les recettes devant être tirées par le Sénégal à l’orée du début de l’exploitation des hydrocarbures découverts au large de ses côtes, notamment le pétrole et le gaz. Les estimations de recettes issues de l’exploitation du pétrole et du gaz ont été réalisées en utilisant la version mars-2023 du modèle Fari (Fiscal Analysis of Resource Industries) développé par le FMI. Le prix de référence est calculé selon une méthodologie de calcul reposant sur une moyenne de 13 années intégrant des données historiques et projections officielles indique le document parcouru par le Témoin.
Ainsi, sur la base des hypothèses d’un taux de change $/FCFA fixé à 595,6 FCFA, du prix du baril du pétrole à 90$ et de 10 % du cour du Brent pour le gaz, les projections de recettes attendues de l’exploitation des hydrocarbures, provenant des projets GTA et Sangomar, sur la période triennale tablent sur un montant global de 887,68 milliards FCFA réparti comme suit : – 2023 : 59,16 milliards FCFA ; – 2024 : 327,28 milliards FCFA ; – 2025 : 501,24 milliards FCFA. Toutefois, les services d’Abdoulaye Daouda Diallo indiquent que « suite aux aléas liés à la gestion de la Covid-19 en Chine et aux perturbations de la chaine d’approvisionnement et logistique induites par le conflit russo-ukrainien, des risques de glissement des dates de démarrage de la production pour les projets GTA et Sangomar sont prévisibles avec un décalage potentiel vers 2024. Ainsi, ces risques pourraient impacter les premières recettes issues de la production d’hydrocarbures. En effet, les plannings actuels des projets susmentionnés considèrent un first Gas et un first Oil en 2023. Ce sujet connait un suivi rapproché des services concernés en vue d’une adaptation du cadrage budgétaire ».
Cadre global de l’utilisation des recettes
D’après le ministre des Finances et du Budget, cette manne financière providentielle escomptée par le gouvernement ne devrait pas être dépensée n’importe comment. Les pouvoirs publics ont anticipé sur les orientations précises dans la gestion de cette manne. A ce titre, le cadre global a été mis en place pour l’utilisation et l’affectation des ressources issues du gaz et du pétrole, à travers la loi n°2022- 19 avril 2022 relative à la répartition et l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures. Cette loi, en son article 5, fixe les orientations qui sous-tendent la gestion des recettes d’hydrocarbures, ellemême soumise aux principes de sincérité, de transparence, de suivi et de contrôle définis par la loi organique relative aux lois de finances et par la loi portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques. Ces principes visent l’utilisation optimale des ressources avec la prise en charge des questions sociales axées sur le désenclavement, l’équité spatiale, la mise aux normes des hôpitaux, l’accès universel à l’eau, à l’énergie, à l’assainissement et à l’éducation, la lutte contre les inondations et les filières porteurs de l’agriculture pour bâtir une économie résiliente et assurer ainsi l’indépendance et la sécurité alimentaire.
Dans cette optique, les orientations de ladite loi précisent la répartition des ressources d’hydrocarbures entre le budget général (maximum 90 %), le fonds intergénérationnel (minimum 10 %) et le fonds de stabilisation alimenté suivant le mécanisme décrit dans la loi. Les recettes affectées au budget général serviront à financer des projets d’investissement identifiés sur la base des priorités des politiques publiques et des dépenses courantes, notamment celles à caractère social, à l’exception des dépenses de salaires. Ainsi, des dispositifs de gouvernance stratégique et opérationnelle des ressources pétrolières et gazières ont été introduits avec la mise en place du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COSPETROGAZ), la création d’un ministère en charge des hydrocarbures et la mise en place d’un Comité technique chargé d’élaborer le cadre de gestion des ressources issues de l’exploitation des hydrocarbures.
LES GRANDS PROJETS GAZIERS ET PÉTROLIERS EN COURS D’EXÉCUTION
– Projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) (Gaz naturel et GNL)
La découverte du gisement de gaz Grand Tortue Ahmeyim (GTA), transfrontalier entre le Sénégal et la Mauritanie, a été réalisée en 2015. Les ressources probables récupérables sont estimées entre 15 et 20 TCF (Trillion Cubic Feet), soit entre 420 et 560 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Les deux Etats ont décidé de développer et d’exploiter conjointement ce champ dans le cadre d’un accord de coopération inter-Etats prévoyant une répartition initiale de 50 % pour chaque pays des ressources extraites, signé le 09 février 2018, révisable tous les 5 ans à compter du début de la production et qui a été suivi par de nombreux autres accords qui l’encadrent. Au plan commercial, une production de 2,5 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) et une autre de 35 millions de pieds cubes jour en gaz domestique sont prévues pour la première phase du projet GTA. – Projet de Sangomar (pétrole) L’exploitation du champ Sangomar permettra de récupérer près de 560 millions de barils de pétrole et 2,4 TcF (Trillion Cubic Feet) de gaz naturel (associé et non associé). Le concept de développement choisi est constitué d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), rattachée à une architecture sous-marine de collecte et de transport des hydrocarbures. La contribution de la société nationale PETROSEN aux dépenses de développement devrait s’élever à environ 756 millions de dollars, financée à hauteur de 450 millions $US par un prêt consenti par Woodside. Un financement complémentaire d’un montant d’environ 270 millions $US a été mobilisé par l’Etat et rétrocédé à PETROSEN durant l’année 2021.
– Projet Yakaar-Teranga (Gaz naturel et GNL)
Concernant les découvertes de gaz naturel de Yakaar et Teranga, en rapport avec BP et Kosmos, il est envisagé une phase préliminaire d’une production de 150 millions de pieds cubes jour de gaz naturel destinée au marché domestique. Le projet Yakaar-Teranga s’inscrit dans une stratégie globale de l’Etat du « gas to power ». L’objectif est de satisfaire la demande croissante du pays en électricité à partir du gaz naturel offshore.
Source Document d’orientation budgétaire 2023-2025