AVIS D’EXPERTS – Hydrocarbures, métaux lourds, PCB, les polluants sont nombreux dans les sols de friches industrielles qui sont souvent choisies pour la construction d’éco-quartiers en zone péri-urbaine. Deux spécialistes de la question du phytomanagement, Marie-Anne Guglielmi et Jean-Marie Come, de chez Burgeap (groupe Ginger), donnent des indications sur les techniques de dépollution qui s’appuient sur les plantes.
Des questions à résoudre avant d’aboutir à des solutions opérationnelles
Les deux experts de Burgeap soulignent que les techniques utilisant des espèces végétales, avec ou sans combinaison à des amendements, présentent d’autres avantages encore méconnus. « Elles restaurent les fonctions du sol et améliorent la biodiversité tout en valorisant l’intégration paysagère d’un site« . Ils distinguent trois familles de technologies : la phytostabilisation, tout d’abord, qui ne permet pas de dépolluer les sols mais qui réduit la mobilité et la diffusion des polluants dans l’écosystème environnant en les concentrant dans les racines des plantes sélectionnées. Il s’agit donc d’un « mode de gestion destiné à limiter les risques via la stabilisation des métaux (zinc, cadmium) et métalloïdes (arsenic)« . La phytoextraction et la phyto- ou rhizodégradation ensuite, qui permettent de dépolluer. « La première consiste en une extraction et accumulation des polluants dans les parties récoltables des plantes, tandis que la seconde a pour objectif la dégradation des polluants organiques tels que les hydrocarbures grâce aux végétaux et micro-organismes« , détaillent-ils. Parmi les techniques décrites, c’est la phytostabilisation qui dispose du plus grand nombre de retours d’expériences, notamment sur d’anciens sites métallurgiques. La phytoextraction est moins documentée. Quant à la phyto/rhizodégradation, elle semble encore anecdotique, n’étant déployée que sur un site d’expérimentation.
![Phytomanagement © Ginger](https://i0.wp.com/www.a4perspectives.com/wp-content/uploads/2017/06/20170607_182431_ginger-phytomanagement1500x938300dpi.jpg?resize=466%2C350&ssl=1)
Les auteurs de la tribune notent qu’une question se pose toujours : celle de la gestion des déchets végétaux chargés en polluants. « Comment valoriser cette biomasse en énergie renouvelable, tout en tenant compte de la réglementation, du bilan économique, de l’acceptabilité par les populations concernées ?« , s’interrogent-ils. Une problématique que la R&D du phytomanagement aura à cœur de résoudre dans les prochaines années, afin d’aboutir à des solutions pleinement opérationnelles.
source : Bati Actu