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PROJET/UNE PARTICULARITE. Dans le nouveau quartier de la Zac Beauregard, un premier bâtiment passif vient d’être inauguré. Au-delà de la performance thermique, son architecture est mise en valeur par une ITE esthétique. Découverte.
Il y a quelques années, la ZAC Beauregard à Rennes n’était qu’un immense champ de pomme de terre. Depuis, c’est un nouveau quartier qui voit le jour et accueillera à terme 1.800 logements. Sur l’une des dernières parcelles, un immeuble de logements sociaux vient d’être construit. Mais pas n’importe lequel, les auteurs du projet annoncent avec fierté avoir réalisé le premier bâtiment labellisé Passivhaus du Grand Ouest.
Pour ce projet, lancé il y a plusieurs années, le bailleur Espacil Habitat avait la volonté d’être innovant et d’anticiper les futures réglementations thermiques. « Nous avons donc passé commande pour un bâtiment passif« , nous explique Jean-Yves Loury, maître d’ouvrage, ajoutant par ailleurs qu’il n’avait « pas le droit de rater« . S’il dit avoir été séduit par un immeuble qui soit dans son temps, il rappelle cependant que cela représente un coût supplémentaire de 200 €/m². Toutefois, il dit avoir apprécié le peu de maintenance et d’entretien d’un tel système constructif.
Pour atteindre les exigences d’un bâtiment passif il était nécessaire de réaliser une enveloppe totalement hermétique pour réduire au maximum les déperditions thermiques.
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Une architecture monolithique qui se démarque par un pivotement de sa structure
Dans ce nouveau quartier où les architectures contemporaines se côtoient, l’esthétique de ce bâtiment se démarque des autres par sa forme et sa façade noire métallique agrémentée de loggias en bois.
Pour s’adapter à l’orientation de la parcelle n’étant pas bien orientée, les architectes de l’agence Anthracite architecture 2.0 ont imaginé un bâtiment tel un monolithe qui soit le plus simple possible. « Nous avons travaillé la forme technique et la calepinage« , nous a expliqué Marie-Caroline et Nicolas Thébault, les architectes.
L’immeuble de 40 logements répartis sur 5 étages se compose de deux blocs posés l’un sur l’autre avec un léger décalage au niveau du 3e étage.
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Un double flux installé au coeur de l’immeuble
Le troisième étage est plus haut que les autres et il accueille, en plus des logements disposant de terrasses, la centrale double-flux qui alimente l’ensemble des appartement. Le parti pris a donc été de ne pas l’installer sur le toit et qui permet ainsi un entretien et une protection plus aisés.
Cette double flux permet de ne pas avoir de chauffage dans les logements. En hiver, les calories sont récupérées et ensuite réparties dans les appartements. Les architectes précisent que des modules ont été posés dans toutes les pièces pour que les habitants puissent réguler la température de leur bien.
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Aller plus loin dans la démarche environnementale
Si le bailleur s’est montré satisfait de cette construction et de ses avancées pour la future réglementation thermique, il nous a également confié que la possibilité d’ajouter des panneaux solaires en toitures a été pensée et que les gaines sont déjà prévues dans tout le bâtiment, que ce soit dans les logements ou dans les espaces communs. « Ce que nous voulions comme base c’était d’optimiser l’enveloppe du bâtiment, » raconte Jean-Yves Loury.
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Une façade métallique noire
La particularité de ce bâtiment c’est cette façade noire recouverte de panneaux métalliques du fabricant Myral, fabriqués sur-mesure et posés d’un seul tenant. Un défi technique relevé par l’entreprise de pose Faratte qui a réussi à concevoir des lames jusqu’à 14 mètres de haut, ce qui permet de ne pas avoir de joint à faire sur la façade et donc un risque de pont thermique. Une pose qui ajoute au caractère esthétique de l’édifice.
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Zoom sur l’isolation thermique par l’extérieure mise en œuvre
Les 1.600 m² de façade sont enveloppés de panneaux M62 composé d’un isolant PIR, d’un parement thermolaqué haute durabilité et d’un pare-vapeur sur la face intérieure. Le fabricant précise que « la jonction s’opère grâce à des rives de fixations en PVC breveté. Les panneaux, longs de 9 à 12 mètres ont été posés verticalement« . Sur cette structure béton, la mise en œuvre du bardage a été réalisée « sans lame d’air sur ossature métallique avec un renfort d’isolation de 16cm de laine de verre« . La maîtrise d’œuvre estime ainsi que ce « traitement consciencieux » permet de « parvenir à la suppression des ponts thermiques« .
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Un bâtiment peu énergivore
Les solutions constructives utilisées pour ce projet : ITE hermétique et étanche, menuiserie triple vitrage et système de double flux performant, permettent d’obtenir des résultats bien inférieurs à celui exigé pour obtenir le label allemand Passivhaus qui est 15 kWh/m²/an. La consommation de chauffage est de 14,4 kWh/m²/an pour ce bâtiment rennais.
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Des loggias et deux grandes terrasses entourées de bois
Les architectes ont souhaité dynamiser les façades. Pour cela, ils ont créé des loggias dans les façades qui peuvent être complètement fermées par un volet coulissant métallique noir. L’intérieur de ces espaces est recouvert de bois pour son aspect chaleureux.
La possibilité de laisser voir le bois ou de le cacher complètement offre aux façades un « mouvement perpétuel », c’est d’ailleurs le nom choisi pour cette réalisation.
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Bâtiment passif à Rennes : fiche technique
Programme : Immeuble de 40 logements sociaux
Maître d’ouvrage : Espacil Habitat
Architecte : Anthracite architecture 2.0
Economiste : Cabinet Lemonnier
Fabricant des façades : Myral
Poseur de l’ITE : Entreprise Feratte
Bureau d’étude fluides et thermique : Hinoki
Livraison : 2017
source : Bati Actu