Perspectives pour l’Afrique dans l’Economie Verte du 21e siècle*

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kamal-gueye-safe-tempL’économie mondiale a été marquée durant les trois dernières années par une série de crises avec des dimensions économiques, énergétiques, alimentaires, écologiques et sociales. La crise alimentaire continue de menacer de faim et de malnutrition plus de 950 millions de personnes à travers le monde.

Ci-contre : Moustapha Kamal Gueye – Chef de l’unité des services consultatifs sur l’économie verte

La montée des prix du pétrole a coûté aux consommateurs des pays en développement 400 milliards de dollars de dépenses en énergie selon l’Agence Internationale de l’Energie, alors que la Banque Mondiale estime que ces pays ont eu a déboursé 240 milliards de dépenses additionnelles pour l’achat de produits alimentaires. Avec le ralentissement économique mondial qui a suivi la crise financière de Décembre 2008, le nombre de personnes sans emploi a augmenté de 18 à 51 million par rapport au niveau de 2007, suivant les chiffres publiés par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en 2009.

Les perspectives à long-terme sont encore plus préoccupantes. A l’horizon 2030, la demande globale en énergie devrait augmenter de 45%. Le prix du baril du pétrole pourrait flamber au delà de 180 dollars. En l’absence de mesures adéquates pour contrôler les émissions de gaz à effet de serre responsable du phénomène des changements climatiques, les températures pourraient atteindre 6°C. Ceci aurait des conséquences économiques désastreuses avec un déclin du produit intérieur brut (PIB) de 5 à 10%, beaucoup plus que les 3% de perte de PIB causée par la crise financière et économique actuelle. Les pays les plus pauvres en souffriraient le plus, enregistrant un déclin de leur PIB de l’ordre de 10%.
La réponse à cette myriade de crises et défis économiques, écologiques, et sociaux requiert des solutions de transformation à plusieurs niveaux de l’économie mondiale et au niveau des nations. Il apparaît évident aujourd’hui que l’économie basée sur un mode de production et de consommation essentiellement dépendant des sources d’énergie fossile ne pourra pas se maintenir sans aggraver les risques économiques, écologiques et sociaux qui font déjà face aux nations du monde. La concentration actuelle de gaz à effet de serre de 42 Giga tonnes par an est plus que cinq fois ce que la terre peut naturellement absorber.
Entre 1981 et 2005, le PIB mondial a plus que doublé, mais au prix de la dégradation de plus de 60% des écosystèmes qui sont à la base de la subsistance de centaines de millions de personnes à travers le monde, particulièrement dans les pays en développement d’Afrique. La gestion inadéquate de la biodiversité comprenant les organismes vivants dans les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques a pour résultat une perte estimée à 50 milliards d’Euro chaque année. La dégradation du capital naturel est particulièrement préoccupante pour les pays Africains car ce capital représente une part essentielle dans la création des richesses. Dans un rapport sur La Richesse des Nations publié en 2006, la Banque Mondiale estimait qu’alors que le capital naturel ne représente que 2% de la création de richesse dans les pays les plus riches, il est en moyenne de 26% dans les pays les plus pauvres. Par conséquent l’approche du développement axée sur une surexploitation sans précédent de ce capital naturel est en elle-même un minage des efforts de réduction de la pauvreté.
La grande observation aujourd’hui, alors que les Etats s’activent à chercher des moyens de réponse à ces crises, est que l’économie mondiale se trouve dans une phase de transformation d’une économie fossile vers ce qu’il convient d’appeler une Economie Verte. Cette transformation qui s’amorce, très évidente dans certaines parties du monde, mais encore inaperçue dans d’autres, mise sur les technologies de l’environnement et l’investissement dans le capital naturel ; les sources d’énergie renouvelable ; l’efficience énergétique dans l’industrie, le transport et la construction ; le développement de modes de production agricole durables ; l’investissement dans l’infrastructure écologique que représentent les forêts, les marécages et autres basins de rétention, comme moteurs de croissance économique, facteurs de compétitivité et de génération massive d’ « emplois verts ».
La crise comme base de relance vers une Economie Verte
Au plus profond de la Grande dépression de 1929, le Président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt, présentait, un « New Deal » comprenant une série de chantiers de grande envergure englobant la construction de logements, d’hôpitaux, d’écoles et autres bâtiments publics, de routes, de barrages et de réseaux électriques, dont l’objectif était de créer des emplois et de mettre en place la sécurité sociale, de réformer les politiques fiscales et les pratiques commerciales ainsi que de stimuler l’économie. Ce « New Deal » a redonné du travail à des millions de personnes. Ce plan de relance n’était pas seulement constitué de dépenses fiscales et ne concernait pas non plus uniquement la création d’emplois mais visait également l’établissement d’un cadre de gouvernance, à l’origine de la modernisation des infrastructures des Etats-Unis, qui a duré jusqu’à la fin du XXe siècle.
Dans un rapport de Mars 2009 intitulé un « nouveau pacte vert mondial », le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) soutenait que les multiples crises auxquelles nous sommes confrontées demandent le même type de volonté des pouvoirs publics pour être résolues, mais au niveau mondial et adoptant une vision plus large.
On peut observer aujourd’hui qu’une part importante des plans de relance économique qui ont été annoncés par plusieurs pays depuis la crise financière de 2008 s’inscrivent dans cette perspective de « New Deal » mais avec un accent Vert. Au total, la banque HSBC a estimé qu’au moins 15% des plus de trois mille milliards de dollars qui ont été engagés comme plan de relance économique au second trimestre de 2009 constitue des plans de relance verts, avec des investissements massifs dans les modes de transport durable comme les voies ferrées, les énergies renouvelables, l’efficience énergétique, et la gestion des ressources en eau.
La Chine a mobilisé un plan de relance économique de plus de 586 milliards de dollars, dont plus de 221 milliards de dollars, représentant 38% de son plan de relance, ont été alloués au développement du transport ferroviaire ; aux nouvelles sources d’énergie ; à l’efficience énergétique dans la construction ; et à la fabrication de véhicules moins polluantes.
Les pays Européens ont mis en place des plans de relance économique cumulativement estimés à 537 milliards de dollars, dont 55 milliards ont été affectés à l’efficience énergétique, la fabrication de voitures moins polluantes et le développement du transport ferroviaire.
Les deux plans de relance économique annoncés par l’administration Américaine en 2008 et 2009 ainsi les dépenses de relance prévues au budget 2010 se chiffrent à prés de mille milliards de dollars. Ceci inclut 117 milliards de dollars affectés au développement des énergies renouvelables ; à l’efficience énergétique ; à la construction de voie ferrées ; et à la fabrication de véhicules moins polluants.
La République de Corée, a alloué 80% de son plan de relance économique de 38 milliards de dollars à des investissements pour la réhabilitation de ses quatre grandes rivières comme infrastructure écologique, le développement des énergies nouvelles, et l’efficience énergétique dans le secteur de la construction.
L’Afrique du Sud a lancé en 2008 un plan de relance économique d’environ 8 milliards de dollars, dont 11% vont à la construction de voies ferrées ; à l’efficience énergétique dans la construction ; et à la gestion des recoures en eau.
Une transformation économique profonde au delà des plans de relance
Mais bien au delà de ces plans de relance « verts », c’est une transformation en profondeur de l’économie mondiale et des économies nationales qui est en train de se mettre en place dans plusieurs parties du monde.
La République de Corée a émergé comme un des « tigres Asiatiques » avec des performances économiques remarquables qui continuent de nos jours. Depuis 1962, la Corée a mis en place et appliqué des plans de développement quinquennaux, à l’instar de beaucoup d’autres pays émergents, avant d’y mettre fin au milieu des années 1990s, avec la vague de libéralisme mondial. Ces plans quinquennaux avaient pour objectif principal la croissance quantitative, en mettant l’accent sur le développement du capital et de la main-d’œuvre comme facteurs de production. En Aout 2008, la nouvelle administration Coréenne a lancé une vision de long-terme basée sur la « croissance verte », dans une perspective de passage d’une « croissance quantitative » à une « croissance qualitative ». La Corée revient ainsi au planning quinquennal, mais avec la grande différence que son plan de « croissance verte » pour 2009-2013 annoncé en Juillet 2009 mise essentiellement sur l’investissement dans les technologies de l’environnement et le développement du capital naturel comme moteurs de croissance et instruments de compétitivité. Dans les cinq prochaines années, la Corée devrait investir quelques 86 milliards de dollars dans le développement de l’infrastructure écologique à travers la réhabilitation de ses rivières et cours d’eau et la construction de basins de rétention ; le développement des énergies nouvelles ; l’efficience énergétique dans le secteur de la construction ; la fabrication de véhicules moins polluants et le développement des technologies de communication. Premier constructeur mondial de navires et 5e constructeur automobile, la Corée compte ainsi se lancer dans de nouveaux secteurs de compétitivité qui devraient dans ces cinq années générer une valeur productive de 142 à 160 milliards de dollars, tout en créant plus d’un million cinq cent mille nouveaux « emplois verts ».
La Corée n’est qu’un exemple d’un processus de transformation économique qui est en train de se mettre en place dans beaucoup d’autres pays – la France à travers son Grenelle de l’Environnement, le Japon avec sa vision « Low Carbon Society » ou société sobre en carbone a l’horizon 2050.
Perspectives pour l’Afrique
Jusqu’à maintenant le débat sur « l’Economie Verte » qui se positionne à travers le monde a été sobre en Afrique. Pourtant, la 3e conférence ministérielle Africaine sur le financement du développement qui s’est tenue à Kigali, au Rwanda en Mai 2009, a vu pour la première fois les ministres des finances se retrouver avec les ministres de l’environnement, avec au final un communiqué qui appelle à la mise en place de conditions pour une transition vers une économie verte en Afrique.
Les opportunités d’une économie verte en l’Afrique sont immenses. En réalité, le besoin de transition de l’économie fossile du 20e siècle à l’économie verte du 21e siècle est plus pressant en Afrique qu’il ne l’est ailleurs, au vu des défis qui se posent aux pays Africains dans des domaines essentiels tels que l’agriculture et l’énergie.
L’Afrique ne contribue que 4 % des émissions mondiales de carbone. Pourtant, les pays Africains seront parmi les pays les plus durement touchés par les effets néfastes du phénomène des changements climatiques. Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indiquent que les pays Africains au Sud du Sahara pourraient enregistrer jusqu’à 50% de réduction de la production agricole non-irriguée d’ici à 2020, en raison de la variabilité climatique, des réductions de la pluviométrie, et la progression de la désertification.
Comment répondre à un tel défi dans un contexte d’augmentation rapide de la population Africaine? En 1960, en moyenne, un hectare de terre arable dans le monde permettait de nourrir 2 personnes. De 1960 à 2005, ce chiffre est passé à 4 personnes. A l’horizon 2050, on estime qu’un seul hectare de terre arable devra nourrir environ 6 personnes. Ceci implique une augmentation rapide et continue de la productivité agricole, particulièrement en Afrique. Cependant, globalement, le taux de croissance de la productivité agricole régresse au lieu d’augmenter. La sur-dépendance des agriculteurs à l’égard de l’utilisation croissante d’apports chimiques et de combustibles fossiles dans le but d’augmenter la productivité a porté atteinte aux sols et aux écosystèmes et conduit à la diminution des rendements. L’agriculture consomme 70% des eaux douces disponibles à travers le monde. Elle est aussi responsable de la plupart de la pollution des eaux de surface. Les modes actuels de production agricole sont source de 13% des émissions de gaz à effet de serre.
Quels que soient les efforts déployés et les investissements opérés par les Etats et la communauté internationale, on aura moins de chance de succès si les modes de production et de consommation agricole du 20e siècle sont maintenus.
L’agriculture durable peut être une stratégie efficace pour accroître la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté. L’agriculture biologique, qui est fondée sur les principes de santé, d’environnement, d’équité et de soins, fait appel à la gestion des écosystèmes et exclut l’utilisation des apports synthétiques. La production biologique, en plus de convenir aussi bien aux environnements marginaux qu’aux environnements productifs, contribue à la préservation du sol, de l’eau et de la diversité biologique.
Dans les pays en développement, la conversion des modes de production à l’agriculture biologique est facilitée par le fait qu’un grand nombre d’exploitations agricoles n’utilisent que peu ou pas de produits agrochimiques et, par conséquent, produisent en utilisant des méthodes semblables aux normes biologiques. Aujourd’hui, plus de 32 millions d’hectares de terres agricoles sont gérées de manière biologique par plus de 1,2 million de producteurs, notamment des petits propriétaires, dans 141 pays.
Les avantages d’une agriculture durable se présentent à divers points de vue. La productivité : Une analyse de 114 cas de conversion à la production biologique ou aux méthodes proches de la production biologique en Afrique a fait apparaître une augmentation de 116% de la productivité agricole et a amélioré les nivaux du capital naturel, humain, social et financier. Les prix : en Ouganda, par exemple, le prix payé au producteur agricole d’ananas, de gingembre et de coton biologiques est plus élevé, respectivement de 80%, 185% et 33%, que celui des produits conventionnels. La réponse aux changements climatiques : une étude réalisée par la FAO est arrivée à la conclusion que « les émissions de CO2 par hectare de systèmes d’agriculture biologique sont de 48 à 68% plus basses que dans les systèmes conventionnels ». Plusieurs études montrent que les champs biologiques séquestrent 3 à 8 tonnes supplémentaires de carbone par hectare par rapport à l’agriculture conventionnelle. Les emplois : En moyenne, l’agriculture biologique utilise 30% de main-d’œuvre en plus que la production agricole conventionnelle et a créé 172 000 emplois par an. Au Mexique, le nombre d’emplois créés par ce mode de production se chiffrait à 172 251 en 2007 par rapport aux 13 785 emplois créés en 1996. Le marché mondial : La consommation mondiale de produits biologiques a progressé avec des ventes augmentant de plus de 5 milliards de dollars par an. Selon Organic Monitor, les ventes d’aliments biologiques ont triplé entre 1999 et 2007 et dépassent maintenant la barre des 50 milliards de dollars. L’intérêt pour les pays Africains c’est que 97% des revenus sont réalisés en Europe et en Amérique du Nord alors que plus de 80% des producteurs résident en Afrique, Asie et Amérique latine. Les pays qui ont le nombre le plus élevé d’agriculteurs sont l’Ouganda, suivi par l’Inde, l’Ethiopie et le Mexique. La transition vers une agriculture durable pourrait, si l’on s’y prend à temps, offrir de nouvelles perspectives de développement pour les pays Africains, tout en ménageant leur capital naturel dans le long-terme.
Aujourd’hui, malgré un accès préférentiel à tous les grands marchés extérieurs que sont l’Europe, les Etats-Unis, le Japon et la Chine avec l’élimination des barrières tarifaires, les exportations Africains peinent à surmonter les barrières commerciales non-tarifaires et bénéficier pleinement de ces avantages commerciaux. Ce défi sera encore plus dur à relever une fois que les producteurs Européens, Asiatiques et Américains auront réussi la transition vers une agriculture durable avant les producteurs Africains, et que le consommateur occidental de voudra plus de produits agricoles plein de « carbone » et de pesticides. L’on peut déjà imaginer cette bataille perdue d’avance contre les « labels carbone » qui s’annoncent pour bientôt.
Pour ce qui concerne l’énergie, il s’agit d’un secteur vital pour tout progrès économique et social du continent Africain. Les modes de production et de distribution de l’énergie que nous avons connus jusqu’à maintenant laissent toujours plus de deux milliards de personnes, dont une grande partie en Afrique, sans accès aux sources modernes d’énergie pour l’éclairage, le chauffage ou la cuisson. Par ailleurs, l’insécurité énergique constitue un obstacle majeur au développement de l’industrie et du secteur des services. Plus d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre provient du secteur de l’énergie. En prenant en compte les émissions relatives à l’usage énergétique dans l’ensemble des secteurs économiques, il apparaît que cela représente plus de la moitie de toutes les émissions des gaz à effet de serre. Pour l’Afrique, l’économie fossile pose encore d’autres types de danger. En Afrique, on estime que la pollution atmosphérique intérieure, due principalement à l’usage de combustibles fossiles pour l’éclairage, le chauffage et la cuisson, est responsable de plus de mortalité enfantine et féminine que la tuberculose et la malaria combinée. Par ailleurs, l’instabilité des prix de l’énergie représente un risque majeur pour les pays importateurs qui sont la plupart des pays Africains, rendant plus qu’urgente le développement de sources alternatives d’énergie.
Pourtant, il apparaît clairement aujourd’hui que le développement des énergies nouvelles pourrait offrir des opportunités économiques immenses, mais aussi des gains sociaux, y compris dans la création des emplois, et environnementaux significatifs.
Le rapport sur les emplois verts publié conjointement par le PNUE, l’OIT en Septembre 2009 a montré qu’au cours de ces dernières années, environ 2,3 millions de personnes ont trouvé un nouveau travail dans le secteur des énergies nouvelles, alors que ces énergies fournissent seulement 2% de l’énergie primaire mondiale. En comparaison, l’emploi total dans le secteur du pétrole et du gaz ainsi que dans les industries de raffinement du pétrole dépassait juste les 2 millions en 1999.
A l’échelle mondiale, les investissements pour un montant de 630 milliards de dollars dans le secteur des énergies renouvelables prévus d’être réalisés d’ici à 2030 se traduiront par au moins 20 millions d’emplois supplémentaires: 2,1 millions dans l’énergie éolienne, 6,3 millions dans l’énergie solaire photovoltaïque et 12 millions dans les biocarburants liés à l’agriculture et l’industrie. Plus de 20 millions d’emplois additionnels pourraient provenir des activités liées à l’amélioration de l’efficience énergétique.
Mis à part leur potentiel plus élevé de création d’emplois directs, les énergies renouvelables devraient préserver les emplois dans les industries d’aval en réduisant les émissions connexes ainsi que les coûts de production futurs dans le contexte de la limitation du carbone et de la baisse de l’approvisionnement en pétrole et en gaz naturel, concourant ainsi à la compétitivité des produits finaux.
L’Allemagne qui s’est lancée très tôt dans le développement des énergies renouvelable possède aujourd’hui une industrie dans ce domaine qui génère 240 milliards de dollars par an et emploie 250,000 personnes. On estime qu’en Allemagne, d’ici à 2020, les énergies renouvelables pourront générer beaucoup plus d’emplois que l’industrie automobile.
Il en est de même pour la Chine où, grâce à des efforts massifs au cours des dernières, le secteur des énergies renouvelables engendre aujourd’hui des rendements d’une valeur de 17 milliards de dollars par an et emploie 1 million de personnes, dont 600 000 dans la fabrication et l’installation de produits fonctionnant à l’énergie thermique solaire tels que les chauffe-eau solaires. Au Bangladesh, au moins 20 000 emplois ont été créés grâce à l’intérêt suscité par trois énergies renouvelables: les systèmes d’énergie solaire photovoltaïque familiaux, les installations de biogaz et les fourneaux de cuisines perfectionnés.
Pourtant, l’Afrique possède un de potentiels techniques les plus élevés au monde pour développer les sources d’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique ainsi que la biomasse. Il est impératif que des cadres de politique clairs, basés sur une vision et des stratégies à long-terme soient mis en place pour réussir la transition énergétique en Afrique. Ces stratégies et politiques devraient pourvoir un cadre réglementaire stable, transparent et compétitif ainsi que des incitations à l’investissement aussi bien pour les investisseurs nationaux qu’étrangers. Beaucoup de pays ont adopté des mesures qui garantissent l’achat par les agences de distribution d’énergie, de l’énergie produite par des opérateurs privés, à travers des formules de prix préférentiel garanti. De telles mesures ont permis de stimuler d’un coté l’offre, de l’autre la demande pour les énergies renouvelables. En renforçant l’environnement à l’investissement, le secteur privé sera plus présent dans ce domaine pour mettre à la disposition des consommateurs un ensemble de services allant de l’installation, au financement et à la maintenance.
A travers son Initiative pour une l’Economie Verte « http://www.unep.org/greeneconomy/ », le Programme des Nations Unies pour l’Environnement vise à assister les Etats dans ce processus de transformation économique en travaillant en collaboration avec les autres institutions du système des Nations Unies, les organismes régionaux et les organisations de recherche et de la société civile.
* PS: les vues et opinions émises dans cet article sont celles de l’auteur et ne sont pas nécessairement celles du Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
A propos de l’auteur.
Dr Moustapha Kamal Gueye is currently the Acting Head of Green Economy Advisory Services at the United Nations Environment Programme (UNEP), Division of Technology, Industry and Economy – Economics and Trade Branch in Geneva.
The UNEP-led Green Economy Initiative was launched in October 2008 with the objective of assisting governments in shaping and focusing policies, investments and spending towards a range of green sectors, such as clean technologies, industry, renewable energies, water services, transport, waste management, green buildings, and sustainable agriculture and forests, as a means of promoting sustainable economic growth, decent job creation, and poverty reduction, while at the same time reducing greenhouse gas emissions, extracting and using less natural resources and creating less waste.
From 2006 to early 2009 Dr Kamal served as Senior Programme Manager – Environment Cluster at the International Centre for Trade and Sustainable Development (ICTSD) in Geneva. Previously, he worked and researched for over ten years across Asia, managing policy research projects on energy and environment in China and India at the Institute for Global Environmental Strategies (IGES) in Japan. From 1994-1995, he consulted for the FAO on fisheries law and policy in Africa.
Kamal advised Toyota Motor Corporation World Convention 2003 on environmental and social initiatives for sustainable development in Africa. He is a visiting lecturer at the University of Tokyo.
His academic background includes a Ph.D. in Foreign Investment and Regional Economic Integration in Southeast Asia from Nagoya University, Japan; a post-graduate degree and LL.M. in International Economic Law from Dakar University, Senegal, and several executive certificates including from the World Bank Institute in Washington; the Foundation for Advanced Studies on International Development (FASID) in Japan; and the Integrated Research and Action for Development (IRADe) in India. He was a lead author of UNEP Global Environment Outlook (GEO-4). Kamal speaks English, French, Japanese and Wolof.

Source : Continent premier

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