La lettre de politique sectorielle pour l’Education et la Formation à laquelle s’adosse le Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence (PAQUET), instrument d’opérationnalisation de la politique nationale dans ce secteur, est articulée autour de trois (03) composantes dont la deuxième vise un accès équitable à des conditions d’apprentissage de meilleure qualité pour tous les enfants.
C’est dans ce contexte et en droite ligne des directives issues des Assises nationales de l’Education et de la Formation, que le Chef de l’Etat, le Président Macky SALL, dans sa volonté d’offrir à l’ensemble des élèves du Sénégal un cadre d’apprentissage approprié, a décidé la mise en œuvre d’un ambitieux programme de suppression totale des abris provisoires dont le délai d’exécution des travaux est fixé à vingt-quatre (24) mois. Ce programme est ainsi constitué :
– 6 369 salles de classe en remplacement des abris provisoires. Au-delà de l’éradication des abris provisoires qui constitue une demande sociale longtemps exprimée, le Chef de l’Etat a voulu améliorer et sécuriser l’environnement des enseignements apprentissages avec la réalisation d’ouvrages annexes tels que :
– 4 701 blocs administratifs ;
– 2 498 blocs d’hygiène,
– 241 500 ml en guise de mur de clôture pour les lycées et collèges.
Le Chef de l’Etat du Sénégal, Son Excellence, le Président Macky SALL, a donc une ambition de créer une école de l’équité et de l’égalité des chances ; une école qui promeut nos ambitions pour l’émergence. Aussi, les nouvelles options mettront-elles l’accent sur la réponse à la demande d’éducation, la correction des disparités de tous ordres et la professionnalisation des apprentissages.
Le déficit en termes d’infrastructures et d’équipements scolaires constitue un handicap préjudiciable à l’essor d’un enseignement de qualité et accessible à tous. Au Sénégal, les effectifs scolaires sont de loin, plus élevés que les infrastructures d’accueil. Par exemple, l’on recense 1 805 658 élèves inscrits répartis dans 8994 écoles primaires et 712 006 élèves inscrits dans 1660 établissements abritant un cycle moyen, 243 706 inscrits répartis dans 604 établissements dont 104 dispensant uniquement des enseignements du cycle secondaire.
Le recours aux abris provisoires était devenu quasi incontournable, avec tous les effets négatifs y afférents. Au niveau du cycle élémentaire, 4189 abris provisoires, répartis dans 2332 écoles, ont été recensés en 2016, ce qui correspond à une proportion de 9% de l’ensemble des classes de cet ordre d’enseignement. Cette moyenne nationale ne doit pas cacher la situation de certaines régions comme Sédhiou, où la proportion des abris provisoires atteint 28%.
Ce constat prend plus de relief au niveau des établissements d’enseignement moyen et secondaire général où la proportion d’abris provisoires avoisine 15% à l’échelle nationale, avec des pointes de 48% dans la région de Sédhiou, 34% dans la région de Kolda. En dépit des efforts constants du Gouvernement qui consacre annuellement une part importante du budget au secteur de l’éducation, il est aisé de reconnaître que les exigences de programmation budgétaire et de l’arbitrage entre plusieurs secteurs prioritaires, sont incompatibles avec l’urgence qui s’attache à l’éradication en une seule année des abris provisoires.
C’est pourquoi, le Chef de l’Etat vient de trouver, à travers un financement innovant, une réponse opportune à la résorption du gap infrastructurel à brève échéance. Il s’agit de la mise en œuvre du Programme national de suppression totale des abris provisoires « programme zéro abri provisoire », attribué à trois entreprises sénégalaises après appel d’offres.
Des ouvrages aux caractéristiques techniques très élevées
Compte tenu de la relative simplicité technique des opérations de construction de salles classe, il sera privilégié une approche basée sur un compromis entre la haute intensité de main d’œuvre et le recours à des moyens et procédés techniques performants.
Les dimensions des salles de classe sont fonction des effectifs et du ratio surface par élève qui est fixé à 1,4 m2 par élève. Ces dimensions permettent de tenir compte des besoins en espace nécessaires à la circulation des personnes et de l’air, à l’évacuation rapide en cas d’urgence, mais aussi au rangement des documents et à l’enseignement multigrade. Ainsi, la surface bâtie d’une salle de classe sera de 63 mètres carrés. Chaque salle de classe sera équipée de 28 tables bancs, d’une table et d’une chaise pour l’enseignant. Quant aux salles polyvalentes des collèges et lycées, elles seront équipées de matériels adéquats permettant de procéder à toutes les expériences en sciences physiques et en sciences de la vie et de la terre.
Des blocs d’hygiène sont prévus aux différents ordres d’enseignement. Ils tiennent compte de l’approche genre et des handicapés. Les blocs administratifs et bureaux maîtres des collèges, lycées et écoles élémentaires seront également équipés d’ordinateurs, de fauteuils, de chaises, de bibliothèques.
Les choix architecturaux répondent, à la fois, aux préoccupations d’uniformisation et d’harmonisation des modèles et au souci d’une nécessaire prise en compte des exigences de l’environnement et de cohérence de l’aménagement de l’espace urbain ou rural.
L’impératif de la qualité des travaux, avec une garantie décennale
Les équipes d’exécution seront supervisées par des missions de contrôle itinérantes affectées dans chaque région et dotées de moyens logistiques conséquents pour garantir la qualité des ouvrages. Chaque équipe régionale de supervision sera composée d’un ingénieur chef de mission et d’un technicien en bâtiment spécialisé en contrôle de qualité et rompu aux techniques de prélèvement des échantillons et de réalisation des essais de laboratoire.
Il sera fait recours aux services d’un bureau de contrôle technique qui aura pour mission d’assurer la solidité des ouvrages projetés et préparer les formalités en vue de l’assurance décennale. Compte tenu des exigences et responsabilités du constructeur, le Programme s’attachera les services d’un Bureau de Contrôle agréé pour s’assurer que les infrastructures réalisées répondront aux exigences établies par les normes les plus strictes, sans préjudice du propre plan d’assurance-qualité. Le même bureau de contrôle pilotera le processus de mise en place de la garantie décennale pour l’ensemble des salles de classes. De plus, un laboratoire d’analyse de sols et de béton sera entièrement dédié au Programme.
Des emplois favorisés par une approche centrée sur les compétences
Dans la réalisation des travaux toutes phases confondues, il est prévu la création de plusieurs milliers d’emplois sur les deux années que durera la mise en œuvre du programme.
Pour mieux assurer l’effectivité d’un transfert de technologie, un programme de renforcement des capacités techniques des PME affiliées aux chambres de métiers des régions concernées, est conçu et sera mis en œuvre en collaboration avec les entreprises attributaires des travaux. Une approche centrée sur les compétences sera développée à travers des ateliers de formation sur les normes de qualité et d’entretien des bâtiments qui seront organisés au niveau de chaque région en collaboration avec les Chambres de Métiers au profit des sous-traitants potentiels.
Ces actions originales de renforcement des capacités, seront étendues aux artisans susceptibles d’être impliqués dans la confection d’une partie des mobiliers devant équiper les salles de classe, mais aussi d’une partie de la menuiserie métallique à incorporer dans les bâtiments.
Dans toutes les régions, le Programme va impliquer les entreprises locales qualifiées comme sous-traitants dans le but de maximiser l’impact du projet sur les terroirs. Concomitamment aux travaux de construction, la commande et la confection des équipements notamment ceux dont la confection sera assurée par les coopératives d’artisans jugées qualifiées pour satisfaire aux exigences de qualité fixées par le Maître d’ouvrage, vont favoriser la promotion de l’emploi local.
Un modèle de gouvernance qui pose les jalons de la pérennisation
Afin d’assurer un meilleur ancrage institutionnel du projet, le Programme fournira une assistance conseils à la Direction de la construction scolaire pour mieux renforcer ses capacités techniques et opérationnelles en dotant cette structure d’un logiciel performant de gestion géo référencée du patrimoine que constitue les établissements scolaires. Les agents chargés de l’utilisation de cet outil de planification, de programmation, de gestion et d’entretien dudit patrimoine bénéficieront dans ce cadre d’une formation appropriée. Les PME affiliées aux chambres de métiers bénéficieront également d’un programme de formation sur les techniques de construction et d’entretien des infrastructures scolaires en milieux urbain et rural. Pour mieux assurer la pérennisation, l’Etat poursuivra son programme de réalisation de salles de classe dans tout le pays pour que les abris provisoires ne surviennent plus dans le milieu scolaire.
Une démarche méthodologique inclusive soutenue
Le Programme met en place un ancrage institutionnel avec une empreinte originale qui va au-delà d’un mécanisme de réalisation d’infrastructures scolaires.
Le dispositif de mise en œuvre est articulé, dans chaque région, autour d’une équipe d’ingénieurs et de techniciens ayant une expérience avérée en construction, qui travaillera en étroite collaboration avec la Direction des constructions scolaires et les autres structures déconcentrées du Ministère de l’Education nationale. L’identification des sites et l’implantation des ouvrages seront conduites en accord avec les Inspections d’Académie (IA) et les Inspections de l’Education et de la Formation (IEF), représentant le Maître d’ouvrage, les autorités administratives et les Collectivités locales. Tous les choix de localisation des salles de classe seront validés par le Maître d’ouvrage.
La dimension environnementale et sociale correctement prise en charge
Pour mieux intégrer la dimension environnementale et sociale dans ce Programme, une attention particulière sera portée, pour chaque infrastructure, sur différents aspects, pour déboucher sur un Plan de Gestion Environnemental et Social (PGES). Ce dernier comprend, pour chaque infrastructure, des mesures concrètes et réalistes pour atténuer ou éviter chacun des impacts négatifs identifiés dans l’évaluation des impacts environnementaux et sociaux.
source : Le Soleil