Alors que le président de la Commission électorale indépendante kényane a annoncé ce jeudi 10 août que les résultats finaux du scrutin de mardi ne seront pas connus avant ce vendredi après-midi, l’opposition demande que Raila Odinga soit « déclaré vainqueur ». Hier, des échauffourées ont éclaté et ont fait au moins quatre morts dans le pays.
« Nous demandons que le président de l’IEBC (la Commission électorale indépendante) annonce immédiatement les résultats et déclare Raila Amolo Odinga en tant que président dûment élu » du Kenya, a déclaré Musalia Mudavadi, l’un des leaders de l’opposition réunie au sein de la coalition NASA derrière la candidature de Raila Odinga. Une exigence formulée lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce jeudi à 14h T.U. et à laquelle Raila Odinga, candidat de l’opposition face au président sortant Uhuru Kenyatta, était également présent.
Les résultats officiels ne sont pas encore connus pour les élections qui se sont tenues le mardi 8 août, mais les résultats encore provisoires donnent Uhuru Kenyatta, le président sortant, en tête des suffrages exprimés.
Selon les des résultats encore provisoires, disponibles sur le site de la Commission électorale indépendante (IEBC), Uhuru Kenyatta est crédité de 54,24% des voix, et Raila Odinga de 44,88%. Ces résultats – encore provisoires et non officiels – portent sur les remontées électroniques de 98,42% des bureaux (à 14h10 T.U.).
Le décompte des résultats électroniques est encore en cours. La Commission électorale prend le temps de comparer ces chiffres avec ceux inscrits sur tous les procès-verbaux physiques, toujours en cours d’acheminement, a constaté l’envoyé spécial de RFI à Nairobi, Sébastien Nemeth.
Pas de résultats officiels avant vendredi
Wafula Chebukati, président de l’IEBC, a annoncé que les résultats finaux ne seront pas connus avant ce vendredi 11 août, à la mi-journée. « Nous prévoyons que tous les résultats de nos agents pour la présidentielle parviendront au centre national de décompte d’ici demain [vendredi] midi », a déclaré le président de l’IEBC. « Nous appelons toutes les parties à continuer de faire preuve de retenue en ces moments cruciaux », a-t-il par ailleurs exhorté.
Raila Odinga, candidat de l’opposition face au président sortant Uhuru Kenyatta, a dénoncé mercredi les résultats, évoquant des fraudes massives et affirmant que le système de comptage des votes avait été la cible d’un piratage informatique. Le président de l’IEBC a confirmé que les serveurs informatiques avaient bien subi des attaques, mais que celles-ci avaient échoué. Il a par ailleurs promis la transparence dans l’enquête ouverte sur ces allégations.
Au moins quatre morts dans le pays
Mercredi, après l’intervention de Raila Odinga, des échauffourées ont éclaté en plusieurs endroits du pays, en particulier dans le quartier pauvre de Mathare, à Nairobi, et dans la ville de Kisumu, le bastion de Raila Odinga.
Ils ont tiré sur nous de façon négligente, à balles réelles, à cause de notre rassemblement et parce qu’on réclame le respect de nos droits. Ce sont nos amis, nos frères. Arrêtons les massacres.
Le bilan est d’au moins quatre personnes tuées dans les affrontements entre partisans de Raila Odinga et forces de l’ordre. Deux personnes ont été tuées à Mathare, un bidonville de Nairobi et deux autres dans le comté de Tana River, dans le sud-est du pays. Un homme aurait également été tué à Kisii, selon plusieurs médias kényans, mais l’information n’a pas été confirmée par les autorités.
Appel au calme des observateurs internationaux
Dans le même temps les observateurs ont commencé à donner leurs conclusions. Il y en a plus de 5 000 pour ce scrutin, déployés sous l’égide de l’Union africaine, de l’Union européenne, du Commonwealth, ou d’ONG. Tous ont appelé au calme et à la patience, en appelant au « fair-play » des perdants. John Kerry, l’ex-secrétaire d’État américain et ancien candidat contre George Bush à la présidence des États-Unis, a même cité sa propre expérience en exemple : « J’ai perdu une présidentielle a un État près, je sais ce que c’est que de perdre. »
« Si il y a des contestations, elles doivent suivre la voie légale devant les juges », a ajouté de son côté l’ancienne Première ministre sénégalaise, Aminata Touré, au nom du Centre Carter. La mission d’observation de l’Union européenne, dirigée par la Néerlandaise Marietje Schaake, a affirmé ce jeudi matin n’avoir observé « aucun signe de manipulation centralisée ou localisée ». « Toute irrégularité ou contestation du processus et des résultats doivent faire l’objet de requêtes devant les tribunaux », a insisté la cheffe de la mission de l’UE.
source : Rfi