Lors d’un mini-sommet, lundi à Paris, avec les principaux protagonistes de la crise migratoire, Emmanuel Macron a proposé l’installation de «hot spots» au Niger et au Tchad, afin d’identifier les migrants éligibles au droit d’asile.
Trier les candidats à l’asile en amont, au Tchad et au Niger, avant qu’ils ne rejoignent l’Europe. C’est la principale proposition du mini-sommet organisé lundi, à Paris, sur l’épineuse question des migrations, qui déstabilise les démocraties européennes.
Dans une conférence de presse conjointe, Emmanuel Macron a proposé «d’identifier» dans ces pays, les réfugiés «qui ont droit à l’asile», pour les «mettre en sécurité le plus rapidement possible».
Il y aura aussi «une action de coopération en matière de sécurité, de justice» et «parfois, de présence militaire sur le terrain pour prévenir d’autres débordements et l’accroissement de flux vers la Libye», qui «viendraient gonfler des camps de migrants déjà saturés», a précisé le président français.
La rencontre organisée lundi à l’Élysée par Emmanuel Macron avec les chefs d’État du Tchad et du Niger, les chefs des gouvernements allemand, italien, espagnol et libyen et la chef de la diplomatie de l’Union européenne, visait à favoriser l’émergence d’une feuille de route.
Objectif: maintenir la crise des migrants sous contrôle, réduire autant que faire se peut, ses conséquences sur les pays européens.
Créer un front uni de l’Union européenne
Les États de l’Union n’ont toujours pas trouvé de solution satisfaisante pour gérer l’arrivée des centaines de milliers de réfugiés fuyant les guerres, la pauvreté et l’instabilité économique et politique en Afrique et au Moyen-Orient.
L’accord signé en 2016 avec la Turquie, a certes, permis de tarir la route de la Grèce. Mais outre qu’il fait dépendre l’Union du bon vouloir du président turc Erdogan, il est loin d’être suffisant. Depuis, une autre route a pris le relais, celle qui relie la Libye à l’Italie et qui a grossi pendant tout l’été. D’autres routes migratoires commencent par ailleurs à reprendre, notamment du côté du Maroc et de l’Espagne.
L’un des objectifs affichés du mini-sommet de Paris, est d’harmoniser les positions sur ce dossier, source de tensions. L’Europe veut réaffirmer son soutien au Tchad, au Niger et à la Libye, encourager ces pays qui sont au cœur du transit de migrants d’Afrique et du Moyen-Orient vers les côtes européennes, à faire davantage pour contrôler la gestion des flux.
En 2015, l’Union européenne a déjà mis 1,8 milliard d’euros sur la table à destination des pays africains. Mais ces derniers réclament encore davantage de soutien. La rencontre de Paris vise également, à créer un front uni de l’Union européenne sur le sujet.
Crispations italiennes
En première ligne dans la crise, l’Italie, principale destination des bateaux de migrants qui quittent la Libye, réclame davantage d’aide de l’Union européenne.
Elle menace de bloquer l’entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en mer. L’Italie avait été vexée de ne pas avoir été associée à l’initiative d’Emmanuel Macron sur la Libye, en juillet.
La question des migrants divise aussi les parties orientale et occidentale de l’Union européenne. Les pays de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), refusent le système de répartition obligatoire des réfugiés mis en place par Bruxelles.
Ailleurs en Europe, la crise des migrants nourrit et gonfle les populismes. Pour tous les pays européens, le sujet est devenu une priorité.
S’inspirer du modèle syrien
L’Élysée voudrait prendre le sujet en amont et trouver des moyens de gérer les migrations avant que les bateaux n’arrivent en Europe. En juillet, Emmanuel Macron a proposé de créer des «hot spots» en Afrique, pour pouvoir y traiter directement et plus rapidement, les demandes d’asile.
Et pour aider à maîtriser les flux traversant la Méditerranée. L’idée est de s’inspirer du modèle syrien, c’est-à-dire de partiellement déléguer la crise migratoire, moyennant finances, aux pays voisins.
L’instabilité politique en Libye, le manque de moyens financiers mais aussi de volonté politique de la part des pays africains, font peser des doutes sur la viabilité de la solution proposée par la France.
Début août, Jean-Yves Le Drian a commandé un rapport sur la faisabilité des «hot spots». Ses principales conclusions devaient aussi être discutées au cours de la réunion de Paris.
Deux ans après le sommet UE-Afrique de La Valette sur les migrations, la réunion de Paris «peut constituer le début d’un nouveau rapport entre l’Europe et l’Afrique», espère le ministre italien de l’Intérieur.
source : Le Figaro