Le porte-parole du Pds, Babacar Gaye a rendu un vibrant hommage à l’ancien ministre et fondateur du Parti Union pour le Renouveau Démocratique (URD), Djibo Leyti Ka rappelé à Dieu, ce jeudi, à l’âge de 69 ans, des suites d’une maladie à la clinique des Madeleines. Selon lui, le Sénégal a perdu « l’un de ses plus illustres fils, un homme d’Etat accompli ».
« Adieu l’artiste!
Assurément, il a traversé le siècle et marqué de manière indélébile et historique la marche des institutions politiques du Sénégal.
Si je ne m’abuse, Djibo Leyti Ka a été et sera le seul homme politique à avoir servi l’État sous la conduite des quatre Président de la République que le Sénégal a connus: Senghor, Diouf, Wade et Sall. Est-ce un flair politique ou un patriotisme incompris? Je pencherais plus pour le second terme de l’alternative.
On l’a aimé ou haï, le “petit berger au cœur de la République” n’a laissé personne indifférent. Même ses adversaires les plus irréductibles, lui vouaient un respect distant qui s’imposait. Me Wade en est l’exemple vivant.
C’est à côté de cet homme dont j’ai été l’un des plus proches collaborateurs, que j’ai réellement connu Djibo Ka et Abdourahim Agne. Deux figures emblématiques du régime de Diouf , qui nous ont infligé les pires supplices de notre marché vers la victoire en 2000. C’était de bonne guerre.
En 1996, à la suite du “Congrès sans débat” qui consacra la mainmise de Tanor sur le PS et l’appareil d’Etat, Djibo se sépara de “sa” famille politique et prend le contre-pied de la “Refondation”. Il devint la coqueluche de notre génération, qui considérait son acte historique comme le premier coup de hache qui a entamé la chute du régime de Diouf. Même sa volte-face stratégique entre les deux tours, n’enlève en rien à son apport pour l’alternance en 2000. Le Pds lui en sait gré.
Plus tard, son rapprochement avec Me Wade, en dépit des vicissitudes politiques, l’a beaucoup aidé à stabiliser son régime. Alors naissait entre nous, une certaine complicité plus intellectuelle que politique. Une amitié et une estime réciproque venait de naître. Cet aîné qui m’a beaucoup apprécié, vient de tirer sa révérence en un jour historique où on célébrait son amour, l’Etat: l’installation de la treizième législature. Djibo Ka a assurément marqué cette séance solennelle d’ouverture. Même mort, il était le député le plus présent.
C’est cet homme que j’ai appris à connaître un peu trop tard, qui nous a quittés sur la pointe des pieds. Et le Sénégal perd l’un de ses plus illustres fils, un homme d’Etat accompli. Je suis peiné.
A ses enfants et particulièrement à Sira Ka qui m’appelait affectueusement, “tonton”, j’exprime toute ma compassion et présente mes condoléances les plus attristées.
Et comme l’a si bien dit Jacques Attali dont nous partagions les réflexions dans l’intimité de nos rencontres, “Réussir sa vie, c’est faire en sorte que le monde soit moins pire après soi”. Le Sénégal après Djibo Leyti Ka, ne sera pas pire que ce qu’il fut avant.
Yo Allah yurmo mo yaafoo mo
A Djimby, toute mon affection. »