L’artiste espagnol continue de tenir le haut du pavé dans les salles des ventes et il intéresse de plus en plus de collectionneurs asiatiques.
Picasso ci, Picasso là. Le marché regorge d’œuvres de l’artiste espagnol. En deux jours, à Londres, quinze pièces se sont vendues, et cher. En vedette, la Femme au béret et à la robe quadrillée, datée de 1937, s’est adjugée 49,8 millions de livres sterling (56 millions d’euros) le 28 février chez Sotheby’s.
Dans la même vente, le Matador de 1970 est parti pour 16,5 millions de livres sterling. La veille, Le Mousquetaire et nu assis,datant de 1961, s’est vendu pour 13,7 millions de livres sterling chez Christie’s, le 27 février. Signe de l’engouement inégalé pour l’artiste espagnol, cinq des dix lots phare chez Christie’s étaient signés Picasso. « De tous les artistes, Picasso est celui qui tient le haut du pavé, remarque le courtier et conseiller Thomas Seydoux. Tout se vend et même bien, même le plus inhabituel. Il y en a de toutes les époques, et pour tous les goûts. »
Chez Christie’s, le marchand anglais Gurr Johns a raflé neuf des Picasso d’époque et de qualité variable, sans doute pour un seul et nouveau client. « Picasso, c’est l’artiste que veulent en premier les Asiatiques lorsqu’ils se mettent à s’intéresser à l’art occidental, souligne Keith Gill, spécialiste chez Christie’s. Dans la vente du 27 février, nous avons vu des acheteurs asiatiques qui jusqu’à présent n’avaient jamais enchéri dans les ventes d’art moderne. »
Fort impact visuel des œuvres
Cette saison a confirmé le regain d’intérêt pour les Picasso tardifs et très colorés. En 1988, le Centre Pompidou organisait l’exposition « Le dernier Picasso », focalisée sur les œuvres tardives de l’artiste catalan. Dans ces années-là, de tels tableaux ne valaient guère plus de 2 millions de dollars. Mais insensiblement les collectionneurs d’art contemporain s’y sont intéressés. Le collectionneur allemand Frieder Burda s’est alors constitué un ensemble de Picasso tardifs qu’il a confronté à sa collection de tableaux de Georg Baselitz.
Le marché n’a commencé à s’emballer que vers 2007-2008. Le fort impact visuel de ces œuvres et leur connotation parfois sexuelle ne sont pas étrangers aux scores enregistrés aujourd’hui.
Pour autant, il ne faut pas toujours placer la barre trop haut. Le Mousquetaire et nu assis cédé par Christie’s s’était vendu en 2007 pour 6 millions de livres sterling. Pour son nouveau passage à l’encan, l’estimation basse était au double. Le tableau s’est certes vendu, mais sans susciter de bataille d’enchères. « C’est un beau tableau, mais il manque de couleur peut-être, les nuances de bleu ne sont pas assez contrastées, commente le courtier Thomas Seydoux. Et ce n’est pas les Picasso qui manquent sur le marché. Il était difficile d’imaginer plus. »
source : Le Monde