Quatre présidents depuis notre accession à l’indépendance, plusieurs gouvernements avec un ministère en charge de l’habitat qui change souvent de dénomination et le problème de l’habitat social demeure entier.
Chaque président y est allé de sa politique mais avec des fortunes diverses en ce sens qu’avec la pauvreté grandissante, acquérir un logement devient de plus en plus difficile malgré tout le bruit fait autour de l’affaire. Il y un changement de paradigme nous dit-on mais le mal est tellement profond que cela mérite une grande réflexion pour une meilleure prise en charge de la situation qui peut devenir une bombe sociale si on n’y prend garde. Le problème du logement au Sénégal est trop profond pour en faire une priorité dans le PSE.
Un logement social est un logement destiné, à la suite d’une initiative publique ou privée, à des personnes dont les revenus n’excèdent pas certaines limites au sein des couches populaires et la classe moyenne. L’expression concerne à la fois la construction de logements, l’occupation et la gestion de ce patrimoine. Elle participe à la politique publique du logement et aux politiques d’économie sociale qui président à son administration. Cela suppose faire des habitats avec le minimum de commodités dans un environnement sain et adéquat pour un épanouissement des occupants.
Les limites de la solution socialiste ou l’essoufflement du duo SICAP-HLM
De l’indépendance jusqu’à une période très récente la SICAP pour Dakar et les HLM pour Dakar et l’intérieur du pays, avaient le monopole pour loger les Sénégalais mais elles ont pratiquement atteint leur limite avec l’avènement des promoteurs privés. C’est au niveau de la capitale sénégalaise, vaincue par l’exode massif, que la limite est plus criarde. Malgré le plus gros lot de maisons livrées et les larges espaces exploités, le problème est resté latent, jusqu’à devenir quasi-incurable. Ces deux structures ne construisent pratiquement plus parce qu’ayant épuisé une bonne part de leur réserve foncière ou vendant des terrains nus avec des multitudes de problèmes liés à l’inondation ou à l’impraticabilité des espaces. Aussi les HLM ont depuis très longtemps rompu avec « le modéré » du loyer.
Des propriétaires gagnent plus de logements et deviennent des bailleurs et le népotisme faisant son chemin, on ne donne pas les logements aux faibles revenus mais plus aux véreux qui se nourrissent des subsides des locataires. La nature ayant horreur du vide, les promoteurs se sont signalés avec des banques spécialisées pour parfois vendre du vent ou de l’espoir. Plus les promoteurs sont nombreux plus les couts des logements sont élevés et le social s’éloigne pendant que la population de la capitale croit du fait de l’exode rural massif. Et de partout des bâtiments surgissent ne respectant pas parfois les normes de construction et entrainant conséquemment des effondrements avec ses lots de morts et de désolation.
Cette situation désastreuse engage de manière globale l’Etat qui est en complicité parfois naïve avec les promoteurs privés qui supplantent les sociétés étatiques qui font plus dans la politique politicienne que du social avec une égalité de chance pour les plus démunis.
Alors que le régime socialiste s’était fondé sur une politique sociale basée sur la fourniture de domiciles dans des standards établis par les Sociétés classiques, le régime démocratique de la première alternance a eu le Plan “Jaxaay” du nom du programme de logement initié par Wade.
Les deux initiatives étaient à l’origine très nobles mais sont par la suite dévoyées par des pratiques peu orthodoxes qui ont fini d’accentuer la surenchère dans les loyers qui en dépit de la volonté de Monsieur le Président d’en atténuer et amoindrir les couts sont restés en l’état sinon pires partout ailleurs même si des esprits savants soutiennent le contraire.
Politique de l’habitat social au Sénégal
Le “Tawfekh” de Macky pour réinventer les Hlm
Aujourd’hui Macky Sall au pouvoir, du fait de la deuxième alternance, s’engage à répondre aux besoins actuels en logement avec l’exploitation au maximum du pôle de Diamniadio et autres sites. Faut-il encore y croire et espérer? Toujours est-il que le Plan “Tawfekh”, le nouveau schéma offert par le régime aide à repenser le mode opératoire pour arriver à convenir d’un plan miracle mettant en projet des milliers de logement dans des conditions acceptables pour la majorité des citoyens.
Laissons-lui ce préjugé favorable aux nouveaux venants d’autant que ses partisans préconisent que loin de la démagogie de ses prédécesseurs, Macky Sall, réaliste, a projeté son plan dans une durée à court terme. Ils (les partisans du Président Sall) ajoutent que l’objectif du nouveau pouvoir est d’éviter les erreurs du passé en consacrant l’action de l’Etat pour une couverture sociale de la demande.
En effet, face à la précarité de la cible, le programme actuel allégeant les charges d’acquisition, offre des opportunités au plus grand nombre, plus de trois mille, sans verser dans le clientélisme politique.
Bien avant cette solution révolutionnaire, qui, à terme, atteindrait une large cible, les politiques dans le secteur se sont multipliées du régime socialiste à nos jours, avec des résultats mitigés, pour une actualité encore cruciale.
Le gouvernement parle de renforcer aussi les programmes d’habitats sociaux, pour faciliter l’accès à la propriété aux personnes à faibles revenus, ce qui stimulera également la création d’emplois et c’est pourquoi, dans cette perspective, la SNHLM envisage la viabilisation de plus de 7.500 parcelles sur différents sites de la région de Dakar et à l’intérieur du pays, ainsi que la construction de 3.400 logements à Diamniadio.
Quant à la Caisse des Dépôts et Consignations, elle développera un programme de 5.000 logements sociaux à Bambilor d’ici 2017. Ces offres se développeront à côté d’autres initiatives de plusieurs promoteurs privés que l’Etat et la Banque de l’Habitat du Sénégal accompagneront, pourvu que cela se fasse avec objectivité et transparence. Parallèlement, le Gouvernement accélérera la viabilisation des Zones d’Aménagement Concerté dans toutes les régions.
Nos compatriotes de la diaspora dont l’ambition première est d’accéder à la propriété immobilière bénéficieront de quotas dans ces programmes.
Tout cela participe de l’émergence tant prônée ; les Sénégalais sont toujours en quête de satisfaire les besoins primaires pour aspirer au mieux-vivre condition sine qua none pour participer à l’essor économique du pays et ils attendent de voir avec en bandoulière leurs cartes d’électeur.
Auteur : Badou CAMARA – A4 Perspectives