La barre du milliers de morts a été franchie en Chine, mardi 11 février, un mois après le premier décès imputé au coronavirus apparu à Wuhan. Les cas de contamination s’établissent à plus de 42 000 personnes. Deux hauts responsables chargés des questions de santé dans la province du Hubei ont été limogés sous la presssion de l’opinion.
Une « étincelle » de contamination en Europe
Mais un scénario redouté s’est concrétisé : sans avoir jamais mis les pieds en Chine, un Britannique contaminé par le coronavirus à Singapour l’a ensuite transmis à plusieurs compatriotes lors d’un séjour dans les Alpes en France, avant d’être diagnostiqué en Grande-Bretagne. Il aurait ainsi accidentellement contaminé au moins 11 personnes, dont cinq sont hospitalisées en France, cinq autres en Grande-Bretagne et un homme de 46 ans sur l’île espagnole de Majorque, où il réside, selon les informations disponibles.
« La détection de ce petit nombre de cas pourrait être l’étincelle qui finira par un plus grand feu » épidémique, s’est alarmé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Pour l’heure, c’est seulement une étincelle. Notre principal objectif reste le confinement (des foyers de contamination). Nous appelons tous les pays à utiliser la fenêtre de tir actuelle pour empêcher ce plus grand feu », a-t-il insisté.
Jusqu’alors, la majorité des contaminations identifiées à l’étranger impliquait des personnes revenues de Wuhan, épicentre de l’épidémie. « Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l’iceberg », avait averti le docteur Tedros. « C’est toujours inquiétant que des gens se rassemblent (comme lors d’une conférence à Singapour où s’était rendu le Britannique, NDLR) puis se dispersent, nous devons avoir une gestion des risques en conséquence. Mais difficile de mettre le monde entier à l’arrêt », a observé Michael Ryan, responsables des programmes d’urgences sanitaires de l’OMS.
Une mission internationale d’experts de l’OMS est arrivée en Chine, dirigée par Bruce Aylward, vétéran de la lutte contre l’épidémie Ebola, afin d’étudier l’origine du nouveau coronavirus et ses effets. L’OMS a par ailleurs annoncé convoquer, mardi et mercredi, à son siège de Genève, une réunion d’experts pour faire le point sur la recherche et le développement de vaccins et traitements contre le coronavirus.
Limogeages en Chine
Les deux principaux responsables chargés des questions de santé dans le Hubei ont été limogés, a annoncé mardi la télévision d’État. Les autorités locales ont été critiquées pour avoir tardé à réagir à l’épidémie et avoir même réprimandé des lanceurs d’alerte pour « propagation de rumeurs ». La mort de l’un d’entre eux, le médecin de 34 ans Li Wenliang, avait provoqué d’inhabituels appels à la liberté d’expression.
Le président chinois Xi Jinping a appelé à prendre « des mesures plus fortes et décisives pour enrayer résolument l’élan de la contagion », après s’être rendu dans un quartier résidentiel de Pékin pour visiter un hôpital, apparaissant pour la première fois portant un masque.
Wuhan et la province environnante du Hubei, d’où s’est propagée l’épidémie, restent coupés du monde par un cordon sanitaire. Ailleurs, des dizaines de millions de Chinois sont soumis à des règles de confinement dans plusieurs métropoles.
En-dehors de ces régions, la Chine reste largement paralysée, malgré une reprise timide du travail lundi. Les étudiants restent en vacances et les entreprises sont incitées à laisser leurs employés travailler à domicile. À la télévision, le président Xi Jinping s’est voulu rassurant, affirmant que l’impact du virus serait « de courte durée » et a appelé à « faire très attention à la question du chômage ».
Au large du port de Tokyo, des milliers de voyageurs et de membres d’équipage demeurent consignés sur deux navires de croisière. Au moins 135 cas de contamination ont été confirmés sur le paquebot Diamond Princess en quarantaine au large du Japon.
Avec AFP