Invité de la rédaction : Saliou Diallo

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« L’architecture actuelle de l’hôpital Le Dantec est une structure pavillonnaire »
Invité de la rédaction - Saliou DIALLO, Directeur générale hôpital Le Dantec
Saliou DIALLO – Directeur HALD

L’hôpital Aristide Le Dantec a célébré ses 100 ans (1912-2012) depuis la case installée par les sœurs franciscaines juqu’à devenir un hôpital de niveau 3, premier Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Afrique francophone. A l’occasion de cet anniversaire, le directeur Saliou DIALLO, Expert en management des structures de santé, avait organisé tout un programme comprenant entres autres des manifestations, des journées de consultation gratuite, des journées « portes ouvertes » et les premières journées scientifiques tenues déjà au mois de Novembre.
il a également déroulé le projet de reconstruction du nouvel hôpital Aristide Le Dantec sur son site actuel. C’est à ce sujet que nous l’interrogeons dans cet article, M. Saliou DIALLO, un homme très affable et d’un abord agréable et facile, nous a accueillis pour nous livrer ses impressions et faire un appel du coeur pour la réalisation de ce projet qui va en ligne droite avec le programme santé du président de la République avec la CMU (Couverture médicale universelle) du ‘Yonou Yokouté ».

M. le Directeur, pouvez-vous, en quelques lignes, vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Saliou Diallo, directeur de l’HALD depuis octobre 2012. J’ai eu une formation en lettres (faculté des lettres, CS en grammaire) puis une formation en Droit toujours à l’UCAD pour ensuite faire une formation en Santé publique à Rennes. Je suis directeur d’hôpital de 3éme classe et j’ai servi comme directeur aux hôpitaux de Kaolack, Ziguinchor, Thies, Dakar (7 ans au CTO de 2008 à 2011, au CHU de Fann et depuis octobre 2011 à l’HALD.

On sait que l’hôpital Aristide Le DANTEC est différent des autres hôpitaux que vous aviez déjà dirigés. Dans quel état l’avez-vous trouvé ?

Écoutez, tous les hôpitaux sont difficiles. Je crois que pour l’essentiel, les plus grosses difficultés auxquelles l’hôpital était confronté avaient trouvé des solutions avec l’équipe que nous avons remplacée. Donc nous, nous sommes placés dans le même sillage, nous nous attelons à consolider les acquis et poursuivre les chantiers
précédents, en particulier l’élaboration d’un projet d’établissement.
Je pense qu’il faudrait que nous ayons une vision pour l’hôpital Aristide Le DANTEC et c’est à partir de là que nous pourrons être crédibles pour intéresser les autorités et attirer les partenaires au développement.

Qu’en est-il du projet de construction du nouvel hôpital Aristide Le DANTEC que vous avez évoqué avec le ministre de la Santé et de l’Action sociale lors du lancement des festivités du centenaire ?

Nous avons simplement estimé que l’hôpital Aristide Le DANTEC avait fait son temps. Vous n’ignorez pas que nous avons fêté cette année le centenaire de l’établissement.
Nous estimons que l’état de vétusté des infrastructures impose de reprendre la construction. Au niveau de l’équipement, il faut aller vers la création d’un nouvel hôpital et nous avons estimé que le centenaire devrait être pour nous une opportunité pour accélérer ce projet.
Nous pensons que, c’est à la limite un problème de sécurité pour les populations. Nous estimons enfin que, pour toutes les potentialités dont dispose l’hôpital Aristide Le DANTEC, il y avait des raisons d’aller dans ce sens. Ce travail là et la réflexion se poursuivent avec des personnes de qualité qui se sont investies bénévolement pour justement arriver à valider le projet
d’établissement.

Avez-vous les leviers en tant que Directeur d’un établissement, qui reçoit en moyenne 15 000 visiteurs par jour, pour mener des actions concrètes aux fins d’aboutir à la réalisation dudit projet ?

« J’ose croire que la santé sera au coeur du programme « Yoonu Yokkuté » du président de la République. »
Il y a d’abord les autorités. La ministère de la Santé qui est d’abord un produit de l’hôpital Le DANTEC, et qui a vu l’évolution de l’hôpital Le DANTEC, est aujourd’hui convaincue que cette structure doit être reconstruite. Je crois que lors de la cérémonie de lancement du centenaire, la ministre a officiellement soutenu le projet et elle s’est même engagée à le porter devant le Premier ministre et devant le président de la République. Je crois aussi que le président de la République a suscité beaucoup d’espoir avec son élection et j’ose croire que la santé sera au cœur de son programme « yoonu yokkuté ». Quand on sait que le projet va dans ce sens là, nous avons toutes les raisons de croire qu’il peut bien être celui du président de la République.

« Dakar doit disposer d’un hôpital moderne avec un plateau technique digne de ce nom, une bonne capacité d’accueil pour toutes les catégories sociales »

Nous sommes convaincus qu’il faudrait, à Dakar, un hôpital moderne qui pourrait limiter considérablement les
évacuations sanitaires vers l’étranger qui coûtent excessivement chers. Il y a des maladies pour lesquelles la vie du Sénégalais ou de l’étranger est encore en danger simplement du fait d’un
plateau technique défectueux dans des structures obsolètes pendant que nous avons toutes les compétences ici. Les médecins chez qui nous évacuons à l’étranger, plus particulièrement au Maroc ou en Tunisie, ont pour la plupart, été formés ici au Sénégal, à la faculté de médecine et de pharmacie. Ils ont simplement l’avantage d’avoir des infrastructures et du matériel modernes. Nous sommes confronté à un problème d’équipements des plateaux techniques.
C’est pourquoi nous estimons que Dakar doit être doté de ce type d’hôpital. Par exemple pour les maladies cardio-vasculaires, il suffit de prendre le malade et le traiter dans les minutes qui suivent pour le sauver mais il aurait fallu avoir des installations adéquates, ce à quoi nous aspirons parce que les compétences existent. Maintenant, avec le monde qui converge vers Le DANTEC, il faudrait prévoir des espaces pour toutes les catégories de personnes et au meilleur confort.

M. le Directeur, on se rappelle que dans son discours lors du lancement de la cérémonie du 100éme anniversaire, Mme la Ministre de la Santé et de l’Action sociale avait dit qu’elle attendait de recevoir le projet pour apporter son appui auprès du PM et du président de la République, où en êtes-vous ?

Le projet est pratiquement bouclé. Nous sommes à la fin. Nous y avons travaillé pendant des mois et des mois avec des sommités et des personnes ressources ayant une compétence avérée. Nous allons passer aux phases de validation d’abord devant la Commission médicale d’établissement (CME) avant d’aller vers le conseil d’administration. Nous avons aussi prévu une validation ouverte à laquelle nous allons convier la société civile, les organisations des droits de l’homme, la presse et les usagers pour que chacun puisse se prononcer pour aboutir à un consensus et s’approprier le projet que nous voulons soumettre aux autorités.
Tout cela est prévu pour début janvier et après, nous allons soumettre le projet à la validation nationale, avec le ministère de la Santé, le ministère de l’Economie et des Finances et les partenaires au développement du Sénégal. C’est à partir de là que nous pourrons considérer que le projet de l’hôpital Aristide Le DANTEC a été validé et pourra faire appel à des financements

Est-ce que tout le personnel du CHU adhère au projet d’établissement ?

L’adhésion du personnel est totale parce qu’il ne demande que cela c’est à dire être doté d’un outil qui lui permet d’exprimer tout son génie et faire valoir ses compétences à commencer par le corps médical. Je crois que depuis les assises de l’hôpital Aristide Le DANTEC, on a commencé à travailler sur le projet. Chaque médecin, chaque professeur, chef de service a présenté un projet de service et c’est la synthèse de ces projets de service qui a donné le projet médical qui est le cœur du projet d’établissement.

Au fait, comment vous est-il venu l’idée de réaliser sur le même site un nouvel hôpital ? Aussi, comment avez vous pu réunir toutes ces compétences, à titre bénévole, pour obtenir des résultats tangibles au niveau de l’approche ?

Nous avons privilégié le dialogue dans le respect des uns et des autres. Nous avons surtout mis l’accent sur la communication. Nous avons même fait du porte à porte pour impliquer tout le monde. Je pense que c’est ce travail là qui nous a aidé à mobiliser tout le monde. Il n’y a pas d’autre alternative pour l’hôpital Le DANTEC.
Que voulez-vous, après cent ans, vous avez des infrastructures vétustes et des équipements qui ne répondent plus aux normes. Si vous voulez vivre encore cent ans, il n’y a pas de miracle: il faut des moyens.
Le but de ce projet d’établissement c’est d’avoir des infrastructures adaptées. La structure de l’hôpital Le DANTEC est une structure pavillonnaire semblable à une juxtaposition de mini hôpitaux. C’est dépassé.
Aujourd’hui, la tendance c’est d’aller vers la création de pool, qui regroupe des services qui se complètent pour plus d’efficacité et de rentabilité. Par exemple, au niveau des laboratoires, il faudrait avoir un même centre de diagnostic.
Il faudrait disposer d’un seul pôle de radiologie. Il faudrait regrouper le plateau technique, le bloc opératoire.
C’est ça qui crée l’efficacité et la rentabilité pour un hôpital. Nous n’avons plus le choix.

L’HALD est, malgré toutes les sommités de la médecine qu’elle regorge, réputé être une structure médicale d’indigents. Maintenant si le projet se réalisait avec toute la modernité requise, notamment un service VIP avec un service d’hôtellerie d’1 à 2 lits, les familles à faible revenu, trouveraient-elles encore leur place dans cet hôpital ?
N’y aurait-il pas, quelque part, une inquiétude face au grand projet de CMU (Couverture médicale universelle) de son excellence le président de la République qui risquerait de voir affluer une forte population d’indigents ?

L’hôpital était à ses débuts une simple case où officiaient des sœurs franciscaines et qui accueillaient les indigènes d’où son premier nom d’hôpital des indigènes. Il est devenu, par la suite, l’hôpital des noirs avant d’être le premier centre hospitalo-universitaire francophone A. Le DANTEC créé officiellement en 1912 qui avait pour mission de prendre en charge la santé des populations pauvres. Nous n’allons pas nous départir de ces malades indigents mais nous allons aménager des places aux riches et même aux plus riches en leur aménageant des cabines à la dimension de leur statut et qui payeront pour les pauvres.
C’est la santé, il faudrait avoir une solidarité entre les riches et les pauvres.

« L’hôpital Aristide Le Dantec a cent ans et il faut jeter les bases du renouveau de cet hôpital à travers le nouveau projet d’établissement »

Notre ambition est de créer une structure ultra moderne où les 60 professeurs et 300 médecins pourront être utiles à toutes les populations de quelque bord que ce soit. Aujourd’hui, l’avenir de l’hôpital devra se faire à travers le projet “nouvel hôpital” validé sur le site actuel.

Il parait que le coût de la nouvelle structure est estimé à environ 80 milliards de francs CFA ?

Oui ! 80 milliards de francs CFA, c’est une estimation. Nous n’avons pas encore déterminé le coût final, mais
c’est une moyenne raisonnable. Tout dépend du point de vue sous lequel on se place. Les infrastructures routières ont coûté plusieurs milliards, beaucoup plus que ce qui est estimé pour le nouvel hôpital. Pourquoi ne mettrait-on pas autant d’argent sur un hôpital de niveau 4 comme c’est le cas un peu partout en Europe ou en Amérique.
A titre illustratif, un scanner coûte 700 millions, une IRM (Imagerie à Résonance Magnétique) plus d’1 milliard et tout cela est dérisoire comparé à l’argent investi sur les routes…
L’hôpital Aristide Le DANTEC a cent ans et il faut jeter les bases du renouveau de cet hôpital à travers le projet d’établissement estimé à 80 milliards. Au préalable, ce projet devra être validé. Le président a inclus dans son programme la CMU qui signifie que tout le monde aura une prise en charge médicale.

En tout cas, le projet a une importance sur le plan national et international et au vu de la qualité du personnel de l’HALD, pensez-vous que le président de la République en fera une priorité pour l’inscrire dans le cadre de ses grands projets en corrélation avec la CMU ?

Ce projet correspond au programme du président de la République, lui qui a imaginé la CMU au grand bénéfice des Sénégalais.

Qu’en est-il de la maternité qui tarde à rouvrir ses portes?

Pour la maternité fermée depuis 7 ans, le financement a été trouvé. La société pour la relance des travaux a été retenue suite à un appel d’offres et si tout se passe bien, les travaux reprendront dans les meilleurs délais.

Votre dernier mot M. le Directeur ?

C’est une invitation et un appel pour un plaidoyer tendant à soutenir l’élan de reconstruction du nouveau CHU de référence internationale. Nous pensons que c’est une réponse majeure pour l’amélioration de la qualité de l’offre de soins et nous pensons également que cela correspond à un besoin aussi bien pour les autorités de notre pays que pour les populations du Sénégal. Pour le personnel tout entier, c’est un défi et une fierté d’être dans un hôpital avec une médecine de pointe, hôpital qui représente le recours ultime en cas de grosses complications.
C’est aussi un plaidoyer pour que tout le monde s’approprie le projet en rapport avec l’ambition de ses initiateurs. La ministre a invité les autorités à épouser et à porter le projet. Nous avons commencé à avoir des
contacts à l’étranger mais c’est d’abord l’affaire de l’Etat.
Nous pensons que l’HALD est le patrimoine de tout le peuple sénégalais et même un patrimoine africain, un miroir dans lequel tout Sénégalais devrait se reconnaître. Alors, nous ne ferons rien sans nous en référer à l’Etat, notamment le ministère de la Santé à qui le projet appartient.

Propos recueillis par Alioune Badara CAMARA

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