Selon le pays où il se développe, le coronavirus ne tue pas autant, d’après les derniers bilans publiés dans les pays touchés par le nouveau coronavirus. En Italie par exemple, pour 41.035 personnes contaminées, 3405 sont mortes, soit un taux de létalité de 8,3%. En France, il est de 3,38%, d’après les derniers chiffres (10.995 contaminés, 372 morts), et en Allemagne, de seulement 0,3% (14.081 malades pour 43 morts). Comment s’expliquent ces disparités importantes?
Plusieurs explications sont avancées pour expliquer ces différences entre les données de pays parfois voisins. Le taux de létalité d’une maladie, c’est le ratio de deux chiffres: le nombre de personnes contrôlées positives au Covid-19 et le nombre de personnes qui y succombent. Or, si le nombre de morts est une donnée a priori sûre, les différents pays touchés ne contrôlent pas leur population de façon équivalente.
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Le nombre de dépistages varie d’un pays à un autre
La Corée du Sud (taux de létalité de 1,1%) a par exemple choisi d’opter pour une campagne massive de dépistage de la maladie et avait réalisé plus de 250.000 tests ce dimanche. Même cas de figure pour l’Allemagne: « Depuis le début, nous avons très systématiquement fait appel à nos médecins pour tester les gens », explique à Euronews le professeur Lothar H. Wieler, président de l’Institut Robert Koch à Berlin.
La France a, de son côté, fait le choix d’utiliser les tests de dépistage avec parcimonie, sur les personnes présentant les symptômes les plus graves. Ainsi, plus de 217.510 cas d’infection ont été détectés dans 157 pays et territoires depuis le début de l’épidémie, mais « ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu’une fraction du nombre réel de contaminations, un grand nombre de pays ne testant désormais plus que les cas nécessitant une prise en charge hospitalière », explique l’AFP jeudi.
Mathématiquement, le nombre de morts est proportionnellement amoindri face à un grand nombre de malades, et inversement, si peu de personnes sont testées, le taux de mortalité paraît tout de suite très important.
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Les épidémies n’en sont pas au même point
En plus de cette première différence de calcul, les épidémies n’en sont chronologiquement pas au même point. La Chine voit enfin le bout du tunnel, et a annoncé qu’elle n’avait comptabilisé aucun nouveau malade dans sa population ce jeudi, alors que l’Allemagne en est au début de l’épidémie. L’Italie a environ une semaine d’avance sur la France, deux semaines sur l’Allemagne.
« Si vous imaginez une épidémie comme une courbe […] alors il y a des pays qui sont tout simplement plus » avancés dans la progression de cette épidémie, explique encore le professeur Lothar H. Wieler. « Il est probable que dans les prochains jours, l’Allemagne connaisse une vague de nouveaux cas et que le taux de mortalité grimpe », met en garde sur Franceinfo Thomas Schulz, médecin à l’institut de virologie de Hanovre (Allemagne).
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Des conditions médico-sociales différentes
Mais il ne faut pas non plus mettre de côté les différences médico-sociales de chaque pays. Ainsi, « en Italie du nord, il y a eu une concomitance entre une pyramide des âges élevée et un manque de lits d’hôpitaux en soins intensifs, qui a constitué une perte de chance pour les patients » explique au Parisien le Pr William Dab, épidémiologiste au Conservatoire national des Arts et métiers, et ancien Directeur général de la santé.
En Iran, pays qui enregistre un des plus hauts taux de mortalité (7,1%), les autorités ont refusé jusqu’à présent d’imposer des mesures de confinement ou de quarantaine. Elles demandent à la population de s’abstenir de tout voyage et de prendre le virus « au sérieux », alors que le nombre de contaminés (18.047 cas, 1284 morts au dernier bilan), est plus élevé que celui de l’Espagne et de la France, qui ont pris des mesures de confinement drastiques ces derniers jours.
Fait rare toutefois, l’Iran a annoncé lundi la fermeture de quatre importants lieux saints chiites pour tenter d’endiguer l’épidémie.