Pris dans les remous provoqués par l’épidémie de coronavirus, le président des États-Unis tente d’allumer un contre-feu en accusant son prédécesseur du « pire crime politique » de l’Histoire du pays.
ÉTATS-UNIS – Des majuscules outrées, des points d’exclamation vindicatifs et un doigt (virtuel) accusateur. Depuis le dimanche 10 mai, le président des États-Unis Donald Trump a renoué avec son style si caractéristique sur Twitter, dans le cadre d’une opération de grande ampleur qu’il aurait pu baptiser: “Contre-feu”.
Rien de bien nouveau pourtant dans cette affaire. Depuis que le procureur spécial Robert Mueller a commencé à enquêter sur de possibles liens entre Moscou et l’entourage de Donald Trump, le président américain ne cesse de clamer son innocence en s’estimant victime d’un complot.
Depuis des mois, il accuse notamment son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, de lui avoir savonné la planche.
Selon Donald Trump et ses partisans, le premier président noir des États-Unis aurait ainsi passé ses dernières semaines en fonction à saboter les fondations de l’administration suivante. Pire, il aurait été le marionnettiste tirant les ficelles de toutes les enquêtes visant l’actuel locataire de la Maison Blanche.
Trump à la recherche d’un écran de fumée
Voici donc le “pire crime politique de l’Histoire des États-Unis” dont parle Donald Trump. Et opportunément, c’est alors que les critiques contre la non-préparation du pays à l’arrivée de l’épidémie de covid-19 sont légion que le président actuel évoque à nouveau l’affaire.
Barack Obama, justement, est sorti de sa réserve en fin de semaine dernière en estimant que la gestion de la pandémie due au nouveau coronavirus par son successeur était un “désastre chaotique absolu”. Traditionnellement, les présidents américains s’abstiennent de critiquer publiquement leur successeur.
Plus encore, la riposte entamée par le camp Trump est intervenue quelques jours après une annonce judiciaire importante aux États-Unis. Jeudi 7 mai, le ministère de la Justice a effectivement annoncé -à la surprise générale- qu’il abandonnait toutes les poursuites contre Michael Flynn, un proche du premier cercle de Trump qui a reconnu des échanges avec la Russie et qui aurait dû être condamné pour cela.
“Il n’y a aucun précédent que l’on puisse trouver sur une personne inculpée de parjure qui s’en tire impunément”, s’est indigné Barack Obama, qui conserve une profonde influence sur l’électorat démocrate. “C’est le genre de situation où l’on peut commencer à redouter que (…) notre lecture basique de l’État de droit soit menacée”, a-t-il notamment mis en garde.
Un complotisme qui atteint la France
C’est donc dans ce contexte brûlant (et qui lui vaut donc de très nombreuses critiques) que Donald Trump cherche manifestement à détourner l’attention vers ses adversaires politiques. Et c’est ainsi qu’il s’est lancé dimanche 10 mai dans sa furieuse session sur Twitter, publiant et partageant à tout va pour s’en prendre à Barack Obama.
Comme souvent avec la “fanbase” de Donald Trump, ses manœuvres ont trouvé un fort écho parmi les plus convaincus. En un peu plus de 24 heures, ce sont des millions de messages qui ont été publiés avec le mot-clé “Obamagate” (qui signifie “l’affaire Obama”).
Un phénomène arrivé jusqu’en France, où quelques comptes pro-Trump -majoritairement réactionnaires et souverainistes, comme l’a noté l’universitaire Tristan Mendes-France, fin connaisseur des dynamiques de propagation des théories du complot- boivent comme du petit lait les promesses de révélations de leur champion d’Amérique.