Didier Raoult étrille le Conseil scientifique et la stratégie de tests

Date:

Pr Didier RAOULT©Malick MBOW
24/06/2020 

Auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, le professeur marseillais a démoli la stratégie du gouvernement et du Conseil scientifique dans la gestion de la crise du coronavirus.

POLITIQUE – “Il n’y avait pas de comptabilité génétique entre nous, ce n’était pas possible.” À écouter le professeur Raoult, ses vingt jours comme membre du Conseil scientifique étaient un calvaire. Auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la gestion de l’épidémie de coronavirus, le microbiologiste marseillais s’est effectivement attaché à étriller le collège d’experts mis en place par Emmanuel Macron: “Dix types qui se connaissent et travaillent entre eux”, estime-t-il.

“Un conseil scientifique, ce n’est pas ça”, a-t-il notamment tranché, fustigeant tour à tour les compétences, les missions et l’entre-soi de ceux qui ont plus ou moins fait l’alpha et l’oméga de la politique sanitaire du gouvernement, au moins pendant les premières semaines de la crise.

“Je ne suis pas resté au Conseil scientifique car je trouvais que ce n’était pas un Conseil scientifique”,“il n’y avait aucun de ceux qui connaissaient le coronavirus dans le conseil scientifique”,” on ne travaillait jamais avec les papiers sur la table, jamais avec les données sur la table”… a notamment lancé Didier Raoult au cours de sa longue audition, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

Recherche, test… le diagnostic de Raoult

Le microbiologiste a même été jusqu’à estimer que le conseil scientifique était une “faillite totale”. Et ce pour plusieurs raisons, en plus du fait qu’ils aient été amenés à trancher des questions comme le confinement qui, selon lui, ne concernaient pas la médecine.

L’une d’entre elle tiendrait à l’attentisme du professeur Jean-François Delfraissy et des autres scientifiques du conseil à l’égard du traitement à la chloroquine, dont Didier Raoult a été l’un des plus fervents promoteurs contre le covid-19. “Il a été tenté de faire une vraie évaluation de l’hydroxychloroquine avec l’azithromycine mais la mise en place a été tardive. Aucune évaluation d’essai du tout n’a été mis en place par ce conseil scientifique, c’est une faillite totale, il n’y a rien du tout. Rien. Et il arrivera peut-être quelque chose quand il n’y aura plus de cas, donc ça devrait vous faire réfléchir sur le degré d’efficacité de ce type de stratégie”, a notamment lancé Didier Raoult aux parlementaires.

Le professeur marseillais, qui estime que le ministre de la Santé Olivier Véran a été “mal entouré”, ne s’est pas arrêté là. Il a également critiqué dans les grandes largeurs la politique de dépistage mise en place par le gouvernement au début de l’épidémie, regrettant même qu’on lui ait “interdit” de faire des tests lors des premières semaines.

… et son remède

“Je ne suis pas d’accord avec la décision qui a été prise de ne pas généraliser les tests. Dès le début de mars, l’OMS a recommandé de tester tous les gens qui étaient suspectés d’être au contact du Covid-19. On avait les moyens de le faire”, veut croire celui qui a choisi de massivement tester les malades dans son IHU.

“C’était indispensable de le faire, parce qu’on ne connaissait pas la maladie. À partir du moment où le test n’était pas fait, on ne pouvait pas étudier la maladie”, a-t-il lancé avec l’aplomb qui le caractérise, affirmant: “Pendant tout ce temps, on n’a pas dit la vérité.”

Le test de diagnostic moléculaire du Covid-19 a été mis en place dès le 17 janvier par l’Institut Pasteur, Centre national de référence (CNR) pour les virus respiratoires avec les Hospices Civils de Lyon, mais il a ensuite tardé à être déployé sur le territoire, ont estimé à plusieurs reprises les députés membres de la commission.

Ce que Didier Raoult a également dénoncé: “La manière dont ça s’est organisé est totalement archaïque”, a-t-il estimé, précisant que selon lui, la centralisation au niveau du Centre national de référence a fait perdre beaucoup de temps et n’était pas nécessaire.

Lui, plaide davantage pour la multiplication de super-structure à l’image de son IHU (Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille), dont il n’a cessé de tresser les lauriers au cours de l’audition. Avec cet argument: les “petits CNR” -une idée vieille de “40 ans”- conduisent leurs responsables à “considérer que la maladie est leur territoire, comme des blaireaux dans leur terrier qui mordent si on s’en approche.”

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