Le chef de l’État a accepté la démission d’Édouard Philippe et a nommé un proche de Nicolas Sarkozy à Matignon pour gérer la France de l’après-Covid.
Le décor est planté, les acteurs entrent en scène. Après avoir placé sa fin de mandat sous le signe de la reconstruction économique, sociale, environnementale et culturelle du pays, Emmanuel Macron a nommé vendredi Jean Castex à Matignon, en remplacement d’Édouard Philippe. «Une nouvelle étape du quinquennat s’ouvre, elle est très largement dictée par un contexte nouveau, pesant, difficile. La crise sanitaire n’est malheureusement pas terminée, a prévenu Jean Castex lors de la passation de pouvoir avec Édouard Philippe.La crise économique et sociale est déjà là. Les priorités devront donc évoluer. Les méthodes devront être adaptées et il nous faudra plus que jamais réunir la nation.»
» EN DIRECT – Jean Castex prononcera un discours de politique générale «en milieu de semaine prochaine»
Un discours dans la droite ligne de celui d’Emmanuel Macron, qui mettait en garde contre une rentrée «difficile». «Je ne suis pas ici pour chercher la lumière, a assuré Jean Castex un peu plus tard sur TF1. Je suis ici pour chercher des résultats dans le cadre du plan de relance vigoureux que nous préparons pour notre pays.»
Mouvement de fond
À l’Élysée, on taille un costume flatteur du nouveau premier ministre: «homme du déconfinement réussi», «élu local avec un ancrage fort», «gaulliste social avec un parcours de haut fonctionnaire» et surtout «proche de Nicolas Sarkozy et de Xavier Bertrand». Jean Castex était secrétaire général adjoint du premier à l’Élysée, directeur de cabinet du second au ministère de la Santé, puis au Travail. Après sa nomination, il a d’ailleurs immédiatement appelé Nicolas Sarkozy.
L’arrivée de Jean Castex à Matignon n’est pas tout à fait un hasard. Emmanuel Macron sait lire une carte électorale. Sous l’écume de la vague verte qui a déferlé sur les grandes métropoles du pays au second tour des élections municipales, le président de la République a observé la bonne résistance de la droite. La propension de la gauche à se déchirer ne lui a pas échappé non plus. La nomination de Jean Castex, «c’est un choix macronien conforme à l’esprit de dépassement de 2017», assure-t-on dans l’entourage du chef de l’État. À l’époque, lorsque Emmanuel Macron avait nommé Édouard Philippe, il s’agissait de fracturer la droite. L’objectif n’a pas changé, même si ce n’est pas le seul.
Il lui faut aussi répondre au mouvement de fond qui s’installe dans la société sur la défense de l’environnement. Il lui faut aussi répondre à la crise sociale qui arrive dans le prolongement des deux mois de confinement. Avec Jean Castex, Emmanuel Macron a choisi un technicien plus qu’un politique. Le président de la République se retrouvera désormais en première ligne, épaulé par les ministres politiques qu’il nommera à l’Environnement, à l’Économie et au Travail. Sans oublier le domaine régalien, où les attentes des Français sont fortes. «On ne peut pas réconcilier le pays si le pays ne reprend pas confiance en lui», glissait un proche d’Édouard Philippe avant le remaniement. La tâche incombe désormais à Jean Castex, mais pas seulement. Ce sont les nominations dans les grands ministères qui donneront la coloration politique du nouvel exécutif. Le nouveau premier ministre veut aller vite et espère avoir bouclé le casting de son gouvernement ce week-end pour un discours de politique générale dans le courant de la semaine prochaine. «Il faut agir, travailler vite», a-t-il martelé.