Concernant les étudiants déjà présents, le gouvernement de Trump estime qu’ils doivent quitter le pays ou prendre d’autres mesures.
ÉTATS-UNIS – Le gouvernement de Donald Trump a annoncé ce lundi 6 juillet qu’il n’autoriserait pas les étudiants étrangers à rester aux États-Unis si leurs universités décidaient, par peur du nouveau coronavirus, de poursuivre à enseigner uniquement en ligne à la rentrée.
Le gouvernement américain ne “donnera pas de visas aux étudiants inscrits dans des programmes intégralement en ligne à l’automne et les garde-frontières ne les laisseront pas entrer sur le territoire”, a annoncé la police de l’immigration et des douanes (ICE) dans un communiqué.
Quant aux étudiants déjà présents sur le territoire américain, “ils doivent quitter le pays ou prendre d’autres mesures, comme s’inscrire dans une école avec des cours en personne pour conserver leur statut légal”. Sinon ils pourront être “faire face à une procédure d’expulsion”, a-t-elle ajouté.
Quand les établissements opteront pour un modèle “hybride”, ils devront certifier que leurs étudiants étrangers sont bien inscrits au maximum possible de cours en personne, afin que ceux-ci conservent leurs droits de séjour. Ces dérogations ne seront pas autorisées pour les études d’anglais ou des formations professionnelles.
“La cruauté de la Maison Blanche ne connaît aucune limite”, a immédiatement critiqué le sénateur Bernie Sanders, ancien prétendant à l’investiture démocrate pour la présidentielle du 3 novembre. “Les étudiants étrangers se retrouvent à devoir choisir entre risquer leur vie dans des salles de classe ou se faire expulser”, a-t-il poursuivi.
“Le pire c’est l’incertitude”, a confirmé à l’AFP Gonzalo Fernández, un jeune Espagnol de 32 ans qui fait un doctorat en économie à l’université George Washington. “Nous ne savons pas si nous aurons des cours le semestre prochain, si nous devons rentrer chez nous ou s’ils vont nous mettre dehors…”
“Recours inévitables”
La mesure concerne les visas F1 (pour des études académiques) ou M1 (pour des formations professionnelles). Environ 1,2 million de personnes en étaient dotées en mars, dont une grande majorité d’Asiatiques (Chinois, Indiens, Coréens du Sud), selon les données officielles.
Comme le reste du pays, les universités américaines, qui comptent 5,5% d’étudiants étrangers en moyenne et dépendent grandement de leurs frais de scolarité, ont fermé leurs portes en mars et basculé vers un enseignement en ligne pour tenter d’endiguer la pandémie.
Faute de vaccins, certaines, dont l’Université de l’État de Californie ou la prestigieuse université de Harvard, ont annoncé qu’ils poursuivraient avec des cours à 100% en ligne à la rentrée, même pour les étudiants autorisés à vivre sur les campus.
D’après Aaron Reichlin-Melnick, du think tank American Immigration council, la nouvelle règle est censée permettre aux étudiants de poursuivre leurs études depuis leur pays mais cela n’est pas réaliste, notamment en raison des difficultés de voyager ou du retard technologique de certains pays d’origine. “Des recours en justice sont inévitables”, a-t-il prédit sur Twitter.
Le président Trump, en campagne pour sa réélection, pousse pour une remise en marche du pays bien que la pandémie ne soit pas sous contrôle. “Les écoles doivent rouvrir”, a-t-il notamment tweeté lundi en lettres capitales.
Avec plus de 130.000 morts, les États-Unis sont pourtant le pays le plus endeuillé au monde et ils connaissent depuis quelques semaines une flambée des infections dans le sud et l’ouest.
Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration un marqueur de sa présidence, a opéré plusieurs tours de vis contre les étrangers depuis le début de la crise sanitaire.
En juin, il a gelé jusqu’en 2021 l’émission des cartes vertes ― qui offrent un statut de résident permanent aux États-Unis ― et de certains visas de travail, notamment ceux utilisés dans le secteur des nouvelles technologies, dans l’objectif affiché de réserver les postes aux Américains.