Dans un monde où le simple fait de hacker un site web ou de pirater un compte Twitter peut-être considéré comme un problème diplomatique, un monde où la visibilité et la popularité se mesurent en nombre de vue sur youtube, ce monde interconnecté au flot de l’infobésité, s’adapter devient un impératif pour tout média qui se veut être à jour par rapport à la collecte, la production et la diffusion de l’information.
De nos jours, quand un événement n’est pas filmé, il n’a pas eu lieu. Quand une manifestation ou une émeute se produit sans être Twittée, le monde entier n’en sera pas informé. Quand une injustice se produit et qu’elle n’a pas été dénoncée sur Facebook, elle risque de rester impunie. Tel est le tableau que nous impose la révolution digitale dans le monde très évolutif de l’information. Entre le changement des supports de consommation (smartphones), l’évolution du traitement de l’actualité en temps réel (révolution de l’instantanéité), le développement et la réorientation de l’usage des réseaux sociaux (du relationnel à l’information)…, le numérique modifie notre relation à l’information et impacte considérablement le métier de journalisme.
Certains médias classiques peinent à se faire respecter. Des journaux disparaissent; le quotidien « Le Populaire » a cessé de paraître, après 17 ans de publication au Sénégal. 31 agents du groupe de presse sénégalais Walfadjiri n’ont pas eu de renouvellement de contrats de travail. Au Burkina Faso, le personnel des médias demandent des augmentations salariales et une autonomie des journalistes quant au traitement de l’information sur les antennes. Au Bénin, “la grande majorité des médias audiovisuels doivent en partie leur survie au communiqué de presse. Plus précisément, au communiqué nécrologique; ce qui ne manque jamais de surprendre le téléspectateur ou l’auditeur étranger”. Ailleurs, en Afrique de l’Ouest, des plans de restructuration visant à réduire le personnel et les charges sont annoncés. Au Sénégal, la radio nostalgie a cédé sa fréquence, après plus d’une vingtaine d’année d’existence. En France, dans un sondage publié par le figaro, seulement 48% déclarent qu’ils s’informent en regardant les JT, 25% reçoivent les informations sur le net, 41% chez les 18 et 25 ans déclarent s’informer via les réseaux sociaux. Ces tendances montrent une baisse nette des audiences des JT de 3 à 4% par an: le public cherche les informations ailleurs et sur d’autres canaux.
Avec l’arrivée d’Internet, l’information est devenu accessible par le biais d’autres canaux dans un flux plus généreux à un rythme continu (portails d’information, pure player, réseaux sociaux, blogs spécialisés, application mobile de communication …), de plus en plus rapidement et gratuitement. Cette nouvelle réalité impose une nouvelle forme de concurrence pour les journalistes et développe de nouveaux usages pour le public (audience). Comment les grands groupes de presse doivent-ils réagir pour s’adapter et comment organisent-ils leur politique digitale ou migration numérique ?
Ce qu’il faut comprendre
Une presse n’est rien d’autre qu’un organe visant à apporter une réponse à la demande d’information exprimée par le public. Elle doit donc adapter son offre aux modes de consommation de sa cible. Aujourd’hui, le public exprime toujours sa commande aux mêmes médias classiques mais ses modes de consommation de l’informations ont complètement évolué. Le public ne s’informe plus exclusivement via un seul canal; il n’est plus sur le même support et pire, il n’est plus en position d’attente auprès de son “fournisseur d’information”, il part chercher ailleurs et dans bien des cas, il pense être lui-même un média car disposant d’outils lui permettant de collecter et de diffuser de l’information à un public souvent plus large que celui du simple média classique. A côté, on note une absence de compréhension du monde dans lequel les médias africains évoluent. Ils ignorent les enjeux qui ont marqué le passage de la révolution du direct à la transition de l’instantanéité. Ils ne se sont pas interrogés sur la valeur d’une information vieille de quelques heures ou de quelques jours. De la même manière qu’il faut comprendre la valeur d’une information brute transmise via des supports mass média à côté d’une information transmise après avoir été traitée et analysée.
Au Burkina Faso, les médias publics avaient été la cible des manifestants qui ont chassé, fin octobre 2014, le président du Blaise Compaoré, alors au pouvoir depuis 27 ans. Certains journalistes avaient été tabassés ou brutalisés, les studios et le matériel de la télévision avaient été saccagés provoquant l’arrêt des émissions pendant plusieurs jours. Qu’est ce qui motivent souvent les citoyens à s’en prendre aux médias en cas de crises politiques ? Est-ce à cause des insuffisances dans le traitement ou le grand vide face à une demande d’information persistante ?
Au Sénégal, il est très courant de voir à la télévision, des informations vieilles de plusieurs jours, ayant déjà fait le tour des smartphones via le canal WhatsApp. Il n’est plus curieux de tomber sur des articles de blogs ou de pure-players repris sans sources dans les quotidiens de la presse écrite.
En Guinée, le public se plaint de voir une presse classique, qui passe très souvent à côté des informations chaudes et de l’actualité, pendant que tout le monde en parle sur Facebook, sur Twitter ou sur WhatsApp. L’impression d’avoir une presse complètement en déphasage par rapport à la demande de son public, c’est la chose la mieux partagée dans le contexte ouest-africain.
Il est courant que nos médias attendent le traitement d’une information locale par des médias internationaux comme France 24 ou RFI pour que le soir, le même sujet soit traité à l’antenne avec le contenu étranger. Cette forme de légèreté dans le travail a fini par pousser le public à consommer directement les informations étrangères sur les questions qui concernent leurs propres pays. Ce divorce du public avec les médias locaux s’explique davantage avec l’explosion des abonnements aux bouquets Canal Plus et le fait que l’Afrique demeure pour RFI le principal bassin d’audience avec 33,1 millions d’auditeurs, dont 24,5 millions d’auditeurs dans les pays d’Afrique francophone. Ce divorce a installé un vide que certains blogueurs et journalistes citoyens ont su exploiter avec un certain contexte favorable. Ces nouveaux acteurs se sont positionnés en de parfaits relais (curateurs de l’information) et de dignes sources d’information au moment où la demande du public était pressante et pesante. En septembre 2015, au Burkina Faso, un putsch manqué a embrasé le pays. Sur une étude publiée par l’institut Panos/IPAO, seuls 14% déclarent avoir appris la nouvelle du putsch par le canal des médias classiques (télévision et radio).
Il faut cependant reconnaître que malgré le retard, les insuffisances ou les ratés, les médias classiques ont gardé leur puissance d’influence sur la société. Dans bien des cas, il suffit que les organes de la presse classique parlent d’une campagne numérique ou relais les informations du web pour que ces dernières atteignent un écho phénoménal.
Les médias et le Digital : Où en sont-ils ?
Togo : Aucun média togolais n’a réellement une politique digitale intégrée. En 2016, une seule chaîne de télévision, la LCF (La Chaîne du Futur) était présente sur les réseaux sociaux (Facebook). Les médias togolais sont clairement réfractaires aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ils en sont encore à l’exploitation traditionnelle de l’information, ce qui constitue un véritable manque à gagner pour eux, et pour la cible.
Bénin : Très peu de médias Béninois ont une politique digitale intégrée. Deux essaient de sortir du lot. Il s’agit de La Nouvelle Tribune (le premier site d’actualités visité au Bénin) et ORTB (Office de radiodiffusion et de télévision du Bénin). Ces deux groupes ont deux sites internet régulièrement animés et une présence remarquée sur les réseaux sociaux.
Guinée : Au vu des mutations qui s’opèrent dans le monde numérique, les médias guinéens semblent être en retard. A part le groupe Hadafo Médias (Espace TV, Espace FM Guinée, Sweet FM, Espace Région et Kalac Radio) qui dispose d’un digital manager, il est très rare de voir, un media qui possède un tel poste en son sein. La plupart des comptes social media des chaînes de télévision, de radio ou presse écrite sont peu actifs. Même si leur présence est marquée par l’inaction, Facebook reste la plateforme la plus prisée par les organes de presse. Cependant, un autre point important à signaler est qu’ils n’existent pas des journalistes formés au journalisme numérique ou spécialiste du Fact-checking en ligne alors des centaines de rumeurs sont publiées sur les différents groupes Facebook et pire, parfois reprises par certains médias en ligne.
Sénégal : Depuis 2010, certains médias s’essaient au Digital et tentent de créer une existence. Cette présence souvent maladroite est l’expression d’une certaine volonté sans un réel mécanisme ou un dispositif interne adapté pour une parfaite politique digitale. Les groupes comme Walfadjiri (Walf Tv), Sud Communication (SudOnline), l’Agence de Presse Sénégalaise (APS) et la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS) ont été les premiers à s’ouvrir au digital avec des portails d’information et une politique web assez timide. Aujourd’hui, le Groupe Futurs Médias, la télévision DTV et Vibe Radio ont réellement intégré une stratégie digitale. Les chaînes de télévision 2stv et SenTv proposent des solutions mais tardent à donner de la valeur aux solutions digitales. Les Lives Facebook sont utilisés sans aucune forme de politique de gestion de contenus ou d’animation d’une communauté, des hashtags annoncés sans aucune intégration et aucune formation adaptée pour les journalistes ou présentateurs à l’écran ou sur les ondes.
Que doivent-ils savoir ?
Les réseaux sociaux sont aujourd’hui des terrains d’enquête et de diffusion pour les journalistes. Les médias africains sont obligés de le comprendre pour enfin les intégrer dans leur démarche.
La révolution digitale a transformé les modes de consommations de l’information. Elle a aussi modifié les rapports entre journalistes et public (audience). Elle a fait évoluer les demandes en terme de contenu. L’information a gagné en élasticité, elle a aussi gagné en pertinence avec l’avènement de nouvelles techniques d’enquêtes, de nouvelles techniques de productions et de nouvelles techniques de diffusion. Il est désormais une nécessité pour les journalistes, de se mettre à niveau afin d’exister dans un monde de la connaissance collective. Dans un monde où l’information est prescrite par nos amis sur Facebook ou nos Followers sur Twitter, nous apprenons par la recommandation de nos amis via nos plateformes de réseaux sociaux.
La société de l’information est devenue la sphère publique où données techniques, opinions personnelles, commentaires et publications scientifiques se côtoient, se croisent et constituent à la fois une large base de données. Cet environnement interconnecté constitue un écosystème riche de son contenu et de son public. C’est dans ce nouvel espace que les médias radios, télé et presse écrite doivent se faire une place. Ils doivent être en mesure de collecter les informations, d’interroger les espaces et systèmes d’information, de compiler, de trier, de filtrer et de raconter. Ils doivent aussi apprendre à diffuser de façon adaptée, à partager efficacement, à susciter un enrichissement de l’information par des contenus externes (susciter un engagement du public).
Ils doivent apprendre à construire une communauté autour de leur identité, créer un réseau direct de consommateurs et de trouver des canaux efficaces pour rendre extensibles son information. Ils doivent surtout, apprendre à maîtriser les outils, à les utiliser et à en faire un nouvel environnement numérique de travail.
Enfin, ils doivent comprendre qu’ils ne sont plus seuls à faire de l’information. Ils doivent apprendre à collaborer avec d’autres acteurs de l’écosystème. Si de simples citoyens documentent et exploitent des données ouvertes avant de les proposer en accès libre via des plateformes sur internet, les journalistes quant à eux doivent pouvoir travailler avec eux afin de tirer le meilleur de ces données pour en faire des informations de qualité et d’intérêt public. La collaboration entre blogueurs, journalistes citoyens et journalistes professionnels a fait ses preuves dans certains pays. En 2012, au Sénégal, le travail de monitoring du projet #Sunu2012 a alimenté les deux chaînes de télévision qui étaient les plus suivies. Ce travail a contribué à améliorer le rôle des médias dans l’organisation d’une élection transparente.
Comment doivent-ils aborder la transition ?
Une transition n’est jamais facile quand surtout quand celle-ci est technologique car impliquant de nouvelles connaissances, de nouvelles approches et souvent de nouveaux métiers. C’est le cas dans l’univers des médias en Afrique de l’ouest. Au delà de la réticence des acteurs, souvent renfermés dans leur confort de métier et de “profession”, ils peinent à s’ouvrir et à accepter l’intégration d’une nouvelle forme de journalisme. 80% des médias de la sous-région que nous avons consultés pensent qu’ils ont intégré le digital dans leur dispositif parce qu’ils disent détenir une page Facebook, un compte Twitter et une chaîne Youtube. C’est bien un début mais l’intégration du digital dans le dispositif média ne se limite pas tout simplement à avoir des comptes dans les réseaux sociaux. C’est toute une stratégie interne qui affecte l’ensemble du dispositif technique et éditorial (une nouvelle feuille de route). C’est presque un nouvel état d’esprit, pour ne pas dire une nouvelle charpente éditoriale. Il faut surtout savoir qu’aucune transition ne peut être effective et de qualité sans une réelle volonté des équipes, du top management des médias. Le recrutement de nouveaux profils sans une mise à niveau des pratiques et des connaissances internes ne peut en aucun cas signifier une politique digitale. Faire des Live Facebook ou mettre en ligne des applications mobiles ne suffisent pas. Il faut une feuille de route accompagnée d’une volonté administrative. Pour bien aborder la transition, voici quelques pistes et orientations:
Première étape de la transition commence par la volonté interne portée par une Direction ou une équipe de management consciente des enjeux et opportunités du Digital pour la presse. Cette volonté doit être accompagnée par la mise en place d’un département digital et le recrutement d’un responsable de la politique numérique du média. Ce dernier doit piloter ou mettre en place le premier outil de travail incontournable dans un entreprise de média : un système d’information interne pour ne pas dire un intranet. Cet outil constitue la première charpente numérique pour redéfinir les relations professionnelles et les relations avec l’information : Ce que j’appelle la cuisine interne de l’information. Ce système d’information changera les habitudes et les rapports professionnels entre les différents membres du personnel qui dans la plupart des cas, collabore de bouche à oreilles sans trace, sans fil conducteur et sans organisation méthodologique. Cette mutation dans le rapport avec le travail doit être accompagnée par une forme d’évangélisation et de formation pour que l’outil soit accepté et intégré dans les usages quotidiens.
La deuxième étape de la transition consiste à impulser une nouvelle culture digitale en interne. Former tous les journalistes et toutes les équipes techniques et éditoriales aux pratiques du journalisme 2.0. C’est durant cette phase qu’il faut travailler pour convaincre les plus réticents et les plus réfractaires à la modernité. La présence de BBC (Born Before Computer) dans certains de nos médias en Afrique de l’Ouest ne facilite pas la transition. Cette catégorie de profil a tendance à rejeter les réseaux sociaux et ne veulent pas réinventer leur métier (surtout quand c’est des jeunes qui portent les nouvelles formules). Cette résistance en interne constitue le frein majeur pour toute dynamique d’intégration de nouvelles pratiques journalistiques. Pendant ce temps, en Europe, des journalistes à la retraite ont ouvert des pure-players et d’autres se sont reconvertis en youtubeurs.
La troisième étape consiste à la mise en place et déploiement de la stratégie réelle et à la formation de l’équipe digitale. Une équipe que je présente plus bas pour donner une idée des types de nouveaux profils à intégrer dans les médias. La stratégie digitale quant à elle, suit deux plans. Une stratégie de développement numérique interne qui s’appuie sur une mise à niveau globale et une dynamique de renforcement de capacité sur mesure. C’est durant cette phase que la transition est organisée et planifiée avec des solutions adaptées pour chaque département. La stratégie externe quant à elle permet de mettre en valeur la politique digitale du média en apportant de nouvelles réponses adaptées au besoin et à la demande d’information du public.
Après ces trois étapes de base, la transition doit être abordée de façon permanente avec l’intégration de nouvelles pratiques journalistiques.
Collecter des données : la pratique de la veille informationnelle
Faire de l’information ne se limite plus à couvrir des conférences, des cérémonies ou de faire des interviews. L’intégration des non-journalistes dans le processus de production de l’information est considérée comme un effet de bouillonnement dans l’univers des médias. N’est pas journaliste celui qui n’a pas été formé pour le devenir, mais est « journaliste citoyen » qui veut avec la pratique et par l’expérience. Si nous pouvons être informé d’un coup d’état et de l’assassinat d’un chef d’état à partir de Twitter, regarder les photos de l’assaut des putschistes et voir le corps du défunt président sur Facebook, sur flikr, sur instagram ou sur certains portails web, avoir le récit des journalistes citoyens, blogueurs et journalistes web sur l’évènement … Que devons-nous donc attendre de la production du journal papier devant paraître le lendemain pour faire la Une sur une information vieille presque de 24h ? Devons-nous continuer à payer pour emmagasiner des archives au moment où l’heure est à l’actualisation des informations en temps réel améliorée par des illustrations et des vidéos ? Au moment où le support a complètement révolutionné le traitement de l’information qui à son tour a considérablement influé sur le mode de diffusion (De la Presse au Journalisme 2.0 : Quel avenir pour la presse en ligne ? ). Faire de la veille informationnelle commence d’abord par avoir une présence dans les espaces de diffusion et de savoir explorer ses supports. Le rapport à la technologie ne doit pas se limiter à l’usage basique qui consiste à se contenter de ce que nous avons sous les yeux. Il faut savoir surveiller, commander et orienter du contenu sans perte de temps. Pour y arriver des outils et méthodes sont à la disposition des journalistes (classement des outils de curation de l’information) et Google alerte est très facile à prendre en main.
Au delà du géant moteur de recherche, les réseaux sociaux constituent d’excellents outils de veille informationnelle. L’intégration des options d’alerte avec les comptes à suivre et des Hashtag a permis de commander de l’information et de surveiller une information en temps réel. La particularité de la veille est qu’on peut être victime de “bruit”. Le bruit dans une démarche de veille consiste à recevoir un surplus de données pour une quantité limité de d’information de qualité. Le “silence” quant à lui consiste à ne rien recevoir même avec une requête pertinente. L’autre difficulté principale est l’évaluation en temps record de la fiabilité de l’information reçue. Le journaliste doit constamment évaluer la crédibilité et la pertinence des informations. Il doit aussi savoir utiliser les outils pour pouvoir vérifier tout type de données (images, vidéos, texte …). Voici une liste non exhaustive des outils que vous pouvez utiliser pour effectuer votre veille :
Réseaux sociaux : Facebook; LinkedIn; Slideshare; Twitter; Tweetdeck; les Hashtag
Outils de curation : Google Alerte; Scoopit; Netvibes; Feedly
Cette démarche de veille doit être intégrée dans la stratégie globale de digitalisation du média. Elle peut tout de même s’appliquer à un usage individuel selon les profils des journalistes. Pour le journaliste sportif, s’abonner aux comptes officiels Twitter des footballeurs et à leurs comptes Instagram avec l’activation des alertes publications est largement suffisant pour rester informé en temps réel.
Interroger, compiler, trier et filtrer : Du journalisme des données ou Data Journalism
Cela commence par savoir faire de la recherche sur internet et sur les moteurs de recherche. Le web et les réseaux sociaux sont des terrains d’enquête en même temps qu’ils sont aussi des canaux de diffusion. Le moteur de recherche Google offre d’énormes possibilités d’enquête au delà de la simple recherche d’information via la page d’accueil. Un journaliste doit apprendre à l’utiliser au delà des simples requêtes de recherche. Il doit apprendre à utiliser les opérateurs booléens de recherche pour plus de précision de l’équation de recherche et plus de pertinence des résultats proposés. Il doit aussi aimer exploiter des tableurs excel et parcourir des pdf. C’est la somme de toutes les informations collectées à travers les fichiers que le journalisme des données présente sous une forme plus lisible et plus exploitable.
Le journalisme de données consiste à interroger les bases de données, extraire et compiler les données, trier les informations intelligibles et pertinentes, présentées de façon attractive et/ou interactive. Il permet de présenter différemment les informations de qualité cachées dans des dizaines ou de centaines de pages en épargnant aux internautes une perte de temps. C’est certes une nouvelle forme de journalisme mais respecte le rituel journalistique qui consiste à rechercher de l’information, l’analyser ou la traiter avant de la présenter au public.
Raconter différemment : de nouvelles pratiques et du Storytelling
Le journalisme numérique a accompagné le développement d’une nouvelle forme de journalisme narratif. Rien de neuf en réalité mais les outils et la technique ont aidé à raconter l’information différemment avec un certain ton et une certaine forme. En Egypte, les journalistes du magazine Inkyfada traite le sujet des vagues de migrations et dénonce la migration clandestine en racontant une série d’histoire sur le phénomène de façon interactive et captivante.
Des vidéos courtes, sous-titrées, diffusées principalement sur Twitter, Facebook et Instagram. Ce format style Snapchat est adopté depuis 2016 par de grands médias pour partager du contenu sur les réseaux sociaux. Si vous êtes un twitto régulier, vous êtes déjà tombé sur une vidéo Brut. Ces formats durent souvent maximum une minute trente secondes et contiennent le maximum d’information qui suscite très souvent le partage, ce qui produit un effet viral.
Mamoudou Gassama, le sauveur de l’enfant suspendu à un balcon
L’objectif des vidéos à la Brut “est d’imprimer, via un angle particulier, une marque et un traitement qui créent une attente, une forme de rendez-vous. Il veut nourrir une logique d’adhésion et de partage, qui dépend bien sûr du « time to market », le bon moment pour publier pour ne pas rater la séquence — il y a des horaires de publications qui tiennent compte des moments de présence sur les réseaux sociaux, la pause déjeuner par exemple” dit Guillaume Bernard, Directeur associé @spintank.
Quels sont les nouveaux profils que les médias doivent intégrer ?
Stratégie et Management
Digital Manager ou Chief Digital Officer
Le Digital Manager a la mission de porter la politique Digitale du média. Il doit rédiger la feuille de route et supervise l’ensemble de la stratégie numérique y compris les sites web, les plateformes dédiées, les réseaux sociaux, les applications mobiles, les systèmes d’informations internes ainsi que l’identité numérique du média. Il est responsable de l’information digitale et il détermine les plateformes et outils qui conviennent, il administre la gestion globale de la communication digitale et de la gestion des profils. Il doit maintenir la cohérence de la politique digitale sur toutes les plateformes, il évalue les positionnements, le référencement. Il s’occupe du suivi des analyses et est responsable du budget numérique. Il est aussi l’interlocuteur du média avec les fournisseurs et partenaires techniques externes. Il est différent du responsable informatique. Il doit avoir un profil transversal entre la technique et l’éditorial.
Conception et gestion de projet
Un site web ou une application mobile ne se conçoit pas sur la base d’une simple volonté. C’est le fruit d’un réflexion mûrie à travers un projet étudié qui permet la coordination articulée avec les différents intervenants.
Chef de projet web et multimédia
Le Chef de projet web et multimédia s’occupe de l’orientation, de la conception et de la gestion des projets web. Il définit les contours, les périmètres, les objectifs et les stratégies pour tous les projets de conception web comme le site institutionnel, le portail d’information, le pure-player … Son travail doit aider au développeur de concevoir les applications web et mobile. C’est une compétence qu’on peut retrouver chez le Digital Manager.
Programmation et développement
Développeur web et mobile
Il est l’ouvrier des solutions techniques. Il est le support technique de toute l’équipe en charge de transformer les idées et projets en application web ou mobile fonctionnelle. Il est aussi utilisé comme appui pour les développements de solution avec l’intelligence Artificielle comme pour les boots ou pour les algorithmes pour des campagnes d’inbound marketing.
Communication et Marketing
Chargé des RP digitales
Le chargé de relations publiques digitales est le profil transversal entre marketing et gestion des relations publiques d’une part et celui du digital de l’autre. C’est celui qui assure le marketing et de la communication du média. Il travaille en relation avec le service marketing classique et le reste l’équipe digitale. Il peut être assisté par le Community Manager.
Community Manager
Contrairement à ce qui est répandu, le rôle du Community Manager n’est pas réellement de produire du contenu. Il a la responsabilité de créer, d’animer et d’organiser la communauté et l’interaction de cette dernière par rapport aux informations partagées via les supports digitaux. Le Community Manager doit savoir susciter l’intérêt pour créer de l’audience. Il doit connaître sa communauté au point d’identifier les différents piliers qui organisent les débats. Il doit savoir relancer les différents débats en exploitant les membres du réseau car dans communauté, on y retrouve les :
Les champions ou influenceurs sur qui s’appuyer pour porter les messages clés et engager une plus vaste communauté. Ils ne réagissent pas souvent mais doivent être connus par le Community Manager car il est un booster.
L’animateur des contenus ou celui qui commente sur tout et tous les jours. Celui qui n’a ni d’heure, ni de sujets particulier. Il trouve toujours quelque chose à dire même si c’est un smiley. Il est le premier à liker et il partage systématiquement les contenus publiés. Il est un élément clé du dispositif du Community Manager.
Le meneur de la stratégie ou celui qui organise le débat et les commentaires. C’est souvent celui qui convoque d’autres personnes en les citant. Il recadre et ramène les autres à revenir sur le sujet. De mèche avec le Community Manager, il peut soit tirer en longueur les échanges, relancer une actualité vieille de quelques jours ou stimuler de l’intérêt avant même la publication d’une information.
Le documentaliste ou celui qui agrège tout ce qui l’intéresse et qui peut très rapidement alimenter la communauté par rapport à une information donnée pour renvoyer l’audience vers une ressource externe ou une source d’information complémentaire. Il constitue une richesse et une base de données pour la communauté. C’est un profil à mettre en valeur car il est le plus souvent au service de la communauté et le fait sans prise de position mais contribue à enrichir l’information et le contenu partagé.
Le technicien. Dans chaque communauté, il y’a les techniciens. C’est les spécialistes du domaine ou sujet traité. Il ne sont pas très généreux en commentaires et réagissent rarement mais leur participation est toujours de qualité et permette d’apporter des réponses au sujet traité. Le community Manager doit pouvoir les identifier et trouver les bonnes astuces pour les pousser à participer.
Les experts sont quant à eux des techniciens seniors. Ils ont un background et des références solides. Ils ont fait leur preuve et sont légitimes pour porter des arguments d’experts. Ils suscitent beaucoup d’intérêt et leur interaction avec la communauté donne de la valeur et de la crédibilité au média. `
Ce sont tous ces profils que le Community Manager doit pouvoir identifier dans son réseau. Il doit aussi savoir les impliquer au besoin pour rendre crédible et dynamique sa communauté.
Administrateur et Gestionnaire des Médias sociaux
L’administrateur et gestionnaire des Médias Sociaux est aussi appelé le Social Media Manager, une extension et évolution du métier de community manager. Tout comme le CM il doit s’assurer de la bonne image du média véhiculée sur tous les supports digitaux : Facebook, Twitter, YouTube, LinkedIn, Instagram, Snapchat, WhatsApp etc. A la différence du Community Manager qui s’occupe beaucoup plus de la diffusion et la gestion de l’interaction, le rôle du Social media manager est plus orienté sur la réflexion stratégique de l’utilisation des médias sociaux.
Responsable Analytique Web et vidéo
Dans une approche marketing du contenu, le responsable analytique web et vidéo joue un rôle capital. Il est en charge de la veille sur l’information et l’actualité. Il est surtout celui qui analyse les données et qui permet de réorienter les contenus ou les méthodes de diffusion. Il doit analyser les chiffres derrière les publications et aide pour leur interprétation. Il doit savoir lire entre les statistiques générées par les contenus (vidéos sur youtube, publications sur Facebook, Twitter …, article de presse, statistiques des visiteurs du portail web …). Il doit être capable de comprendre les habitudes et comportement des utilisateurs et des lecteurs. Ce sont les comportements des consommateurs de l’information qui doivent guider le média pour adapter au mieux ses modes de production et de diffusion.
Production et Gestion de contenu
L’équipe de production et gestion du contenu est le noyau du dispositif. Elle gère à la fois le style et la réflexion pour trouver des types de contenus innovants et pertinents. Elle doit avoir des attitudes de geek et être immergée dans un média pour trouver les bonnes formules afin de donner un coup de fraîcheur et une mise à niveau du contenu pour répondre à l’exigence et à la demande du public.
Rédacteur web
Les nouvelles règles d’écriture étant différentes de celles de la presse écrite, les médias doivent s’adapter pour toucher une nouvelle audience. A cet effet, il leur faut compter sur de nouveaux profils de journalistes. Des journalistes 2.0 qui ont ce style d’écriture adapté pour répondre aux exigences du web : écriture concise (savoir présenter les faits et donner des précisions), rapidement compréhensible (séquencée en plusieurs parties avec des titres …) et le style dynamique (possibilité d’insérer des liens et sous un style rich media, associant audio, vidéo, image …). Dans l’univers des médias, il arrive qu’une information soit portée par un journaliste avec un papier et que ce dernier soit proposé au rédacteur web pour adaptation et meilleure présentation. Si l’information et le texte suffisaient seulement, les simples pages html et fichier word et pdf pourraient convenir. Pour les médias, le rédacteur web doit savoir traiter une information et la rendre exploitable. Qu’il s’agisse d’un extrait audio à podcaster, d’une vidéo, d’une émission qui doit être publiée en replay, d’une photo d’une actualité à traiter, d’une analyse d’un rapport ou d’une étude … Il doit savoir garder l’âme de l’information tout en respectant les standards et codes d’édition web.
Curateur de contenu
Il joue le rôle du DJ qui doit compiler et assembler une série de musiques pour les mixer et en sortir la meilleure version. Le Curateur devient donc celui ou celle qui donne de la valeur à un contenu en faisant la collecte, le tri et ensuite le partage. C’est celui qui fait de la veille une activité permanente. Il se positionne au juste milieu entre les producteurs de contenu et les consommateurs de l’information. Son rôle pourrait être comparé à celui du régisseur de son. Il a la tâche de recevoir à partir d’une table de mixage les différentes pistes des instruments de musique pour ensuite en faire un mélange tout en gardant le niveau du volume optimal et en faire une mélodie consommable par les auditeurs (De #Sidibouzid à #sunu2012 en passant par #Civ2010 : Anna Gueye le profil d’une vraie spécialiste en Curation)
Data scientist
Le Data Scientist est quant à lui le spécialiste des données. Il doit être un soutien de taille pour la rédaction car sa mission est d’analyser toutes les données quelles que soient leurs durées, leurs origines, leurs formes et leurs supports (texte, photo, vidéo, son, web, bases de données, mail, pdf, excel, word, etc.). Il est le catalyseur du Data Journalism au sein du média. Il doit être capable de manipuler toutes sortes de données pour en tirer une information de qualité. Entre les rapports annuels des organisations où les centaines de fichiers électroniques d’une base de données, il doit pouvoir aller au delà des chiffres et au delà des images pour permettre à l’équipe d’en tirer une information pertinente et innovante. En quelques semaines, la BBC a réussi à disséquer la scène d’un crime au Cameroun sans jamais être allée sur place, à partir d’une simple vidéo non datée. Cette méthode innovante de traitement de l’information est aussi associée à la forme de diffusion aux méthodes rarement utilisés par les journalistes, la diffusion par un canal média social : thread (« fil ») sur Twitter. Le Data Scientist apporte aussi son aide à l’équipe pour Fact-checker et à déceler les fake-news.
Growth Hacker
Le Growth Hacker n’est pas le magicien de la bande mais il doit être en mesure de sortir des “formules magiques” pour trouver des solutions techniques ou stratégiques pour accroître l’audience et repositionner le média. Il doit être à l’affût des développements et des extensions avec les API fournis par les médias sociaux. Son rôle est d’intégrer des solutions techniques pour améliorer l’accessibilité, l’usage, l’intégration, l’acquisition et l’extensibilité des supports médias sociaux.
Interfaçage et création numérique
L’un des défis majeurs des médias au Sénégal et en Afrique c’est leur présence digitale. Cette présence ne passe que par une identité numérique et une signature éditoriale. Si tous les médias ont accès aux mêmes outils et peuvent s’équiper des mêmes matériaux, la différence se fait au niveau des rendues. Plusieurs profils peuvent intervenir pour façonner un interfaçage et aider à la création artistique.
Technicien infographiste
Il est l’architecte de l’identité graphique du média. Il doit produire tous les visuels et valider ou adapter toutes les créations externes devant être intégrées ou utilisées. Sa signature devient en quelque sorte la signature graphique du média. Il assiste toute l’équipe de production et gestion de contenu afin de les aider à enrichir leurs informations.
Technicien streaming et vidéo mobile (spécialiste Mojo)
Il est évident que certains puristes défendent de plus en plus la vidéo mais force est de reconnaître qu’à défaut d’être le futur du journalisme, la vidéo fera les beaux jours du métier dans les années à venir. Quand certains médias européens expérimentent déjà l’intégration de la réalité virtuelle dans leur journal télévisé, d’autres s’essaient au MoJo (Mobile Journalism). Le technicien vidéo pour les streaming et le Mojo assiste l’équipe dans la production de nouveaux formats de vidéos et de nouveaux types de récits. Des Live Online sur les plateformes dédiées au captures et travail post-prod adapté au digital, il peut intervenir avant, pendant et après afin d’enrichir le contenu et de le rendre exploitable. L’apport de taille de ce profil, c’est de pouvoir produire des sujets d’informations immédiatement “diffusables”. Grâce à une série d’accessoires et d’outils (que nous allons lister à la fin du billet) il est incontournable dans la production de contenus d’informations vidéo, en particulier pour le Web et les réseaux sociaux.
Photographe
Il doit être partout. C’est le résultat de son travail qui permet de faire des teasing adaptés aux réseaux sociaux et de faire la couverture en live au moment de la diffusion par des images des coulisses. Le public aime aller au delà des plateaux télé ou radio. Ils veulent souvent savoir ce qui se cache derrière. La célèbre Agence Française de Presse (AFP) a lancé depuis 2012, son blog Making-Of pour partager les coulisses de l’information et du journalisme avec tous les détails possibles. Le Photographe est à la fois support de la production de contenu et support interface. Son rôle est central dans tout dispositif digital au sein d’un média.
Infrastructures et réseaux
Administrateur réseaux
Un poste à cheval entre l’équipe informatique et l’équipe digitale. Il est appelé en support quand le média organise des activités en dehors des plateaux et studios. Il permet à l’équipe digitale d’accéder à internet et garantit la disponibilité des services et produits en veillant sur la l’accessibilité et la stabilité du réseau internet.
S’adapter ou disparaître ?
Le nouveau challenge des médias sénégalais et africains c’est d’exister en s’adaptant au numérique tout en garantissant une information de qualité, crédible, accessible en mode multi-supports. Ensuite, la nécessité de trouver le moyen de rendre les informations accessibles et exploitables à tout moment via n’importe quel support par le public. L’audience n’a plus besoin d’être devant son écran à une heure fixe, elle n’a plus besoin d’allumer sa radio pour ne rien rater, elle n’a non plus besoin d’acheter obligatoirement le journal papier pour lire l’actualité. Enfin, elle n’a pas forcément besoin de saisir le lien de votre site web pour lire un article.
La radio filmée
Les radios ne font plus que de l’audio uniquement. Aujourd’hui, la radio se digitalise et doit être déployée comme une télévision. Les studios sont équipées de caméras et une régie s’occupe de la diffusion en ligne des images. En décembre 2016, j’ai été impressionné par le nombre de caméras et d’écran Tweetdeck dans le studio radio de France Inter à Paris. Au Sénégal, Vibe Fm radio est un exemple de radio filmée réussie même si certains problèmes sont rencontrés à cause des droits d’auteurs pour les éléments musicaux. Les artistes protègent leurs oeuvres sur certaines plateformes de diffusion.
Dans une autre approche, la radio se renouvelle avec la rédaction web. Au delà des podcast mis en ligne, un article accompagne très souvent leurs publications. La radio RFI qui enregistre pour le mois de septembre 2018, 9 152 929 visiteurs sur son portail web en est un exemple.
La télé connectée
Avec l’irruption du second écran (application web ou mobile), la télévision est désormais interactive et son contenu est enrichi en temps réel par les téléspectateurs et par l’audience. L’antenne se prolonge sur le web et les utilisateurs participent à crowdsourcer des idées de sujet qui seront ensuite traitées à l’antenne. Aujourd’hui, les live Facebook permettent d’intégrer très facilement le second écran mais cela n’est pas suffisant. Il faut prêter une attention particulière aux vidéos court format pour Twitter et Instagram. L’application mobile GFM & Vous du Groupe Futurs Médias est un bon exemple de projet second écran et télé connectée mais pas assez intégrée par le média. Elle avoisine le million de téléchargement mais les services digitaux proposés ne sont tous déployés.
La belle évolution des articles de presse
Les articles de presse en ligne seront systématiquement accompagnés de vidéos. Ces nouvelles formes de vidéos avec des sous-titrages et des infographies en formats adaptés, aux timelines des réseaux sociaux tels que Twitter, Instagram, Facebook … Le format élaboré rich media avec des infographies et des images interactives a aussi un bel avenir.
Les WebDocumentaires
Le Webdocumentaire est une réponse des journalistes face à ce changement de paradigme imposé par internet. Il permet aux journalistes de raconter autrement et différemment l’information à travers une nouvelle forme de narration interactive et adaptée à internet et aux interfaces web.
S’ouvrir et adopter la rédaction élargie au public
Les consommateurs en savent souvent autant que les journalistes. Le public est immergé et se retrouve souvent au coeur de l’actualité. Il est à la fois audience et source d’information. Il dispose d’outils lui permettant de partager, de diffuser et de sourcer les informations. Il est courant que le journalisme citoyen alimente le journalisme classique et professionnel. Les médias africains gagneraient à s’ouvrir à eux et arrêter de les prendre comme des rivaux. Si de grands médias comme CNN (avec iReport), Al Jazeera (avec AjStream) ou France 24 (avec les Observateurs) se sont ouverts au journalisme citoyen, c’est parce qu’ils ont compris la nécessité de s’adapter en donnant une nouvelle dimension aux contenus avec de nouveaux acteurs. Les vidéos diffusées le soir à la télé ne sont plus exclusivement celles filmés par les techniciens de la chaîne. Celles filmées par nos téléphones sont souvent les seules preuves vidéos dont disposent les médias.
Tout ce qui a été cité ici comme solution permet aussi de générer des revenus. Un nouveau modèle économique peut accompagner toute la stratégie digitale d’un média. Je reviendrai dans un autre article pour partager les différentes pistes adaptées au contexte africain afin de générer des revenus sur internet pour les médias.