Six mois après le début de la pandémie sur le continent africain, l’Organisation mondiale de la Santé évoque les possibles raisons du faible taux d’infection sur le continent africain.
L’Afrique a été relativement épargnée par la pandémie de coronavirus et le nombre des infections est en baisse ces deux derniers mois. « Depuis le 20 juillet, la région a connu une baisse soutenue des nouveaux cas de Covid-19″, précise un communiqué de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Depuis le 14 février 2020, date à laquelle le premier cas de Covid-19 a été diagnostiqué en Egypte, plus de 1,4 million de personnes ont été contaminées sur un continent où aucun pays n’a été épargné.
« L’Afrique n’a pas connu une propagation exponentielle (du) Covid-19 comme beaucoup le craignaient au départ, a déclaré Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Les décès attribués au Covid-19 sont également restés faibles. » La maladie a causé la mort de plus de 35 000 personnes sur l’ensemble du continent. Un chiffre similaire au nombre de décès enregistrés par la seule Italie. Plusieurs hypothèses ont été avancées par l’agence onusienne pour expliquer le profil singulier de la pandémie en Afrique.
Les mesures prises par les Etats pour restreindre le mouvement des populations, le profil démographique et le mode de vie des Africains semblent avoir contribué à une évolution « différente » de l’épidémie.
Des mesures rapides et « drastiques »
Matshidiso Moeti a rappelé lors d’une conférence de presse, le 24 septembre 2020, que la rapidité de la réaction des pays pour contenir l’épidémie avait joué un rôle majeur. Dès mars 2020, les Etats « ont pris très tôt des décisions très importantes et ont imposé des mesures drastiques » pour limiter le déplacement des populations et les rassemblements. La directrice régionale souligne qu’elles sont d’autant plus louables qu’elles ont un lourd impact socio-économique. La réactivité des pays se conjugue avec d’autres facteurs.
Un continent plus « isolé »
A l’exception de quelques pays comme l’Afrique du Sud et ceux d’Afrique du Nord, « l’Afrique est moins connectée au niveau international ». Le continent s’est ainsi retrouvé finalement moins exposé. A cela s’ajoute la mobilité à l’intérieur des Etats qui est limitée par le niveau de développement des infrastructures de transport et des équipements. « Cela fait une différence en ce qui concerne l’intensité avec laquelle le virus va se propager dans un pays. Ce sont des facteurs qui doivent être pris en compte », a affirmé le Dr Moeti.
Une population jeune
« La pandémie s’est surtout manifestée dans une tranche d’âge plus jeune et a été plus prononcée dans quelques pays », souligne l’OMS. « La structure de la population fait une grande différence, insiste le Dr Moeti. Dans la plupart des pays africains, environ 3% de la population est âgée de plus de 65 ans. »
La responsable du bureau Afrique de l’OMS explique que les pays qui ont enregistré les plus importants taux de mortalité sont ceux où la pyramide des âges présente d’autres caractéristiques. C’est le cas de l’Algérie, où les plus de 65 ans représentent 10% de la population, ou encore de l’Afrique du Sud où ce chiffre tourne « autour de 5% ».
Quand les jeunes sont infectés, ils tombent moins gravement malades ou meurent moins à cause de la maladie. Selon l’OMS, « environ 91% des cas d’infection par Covid-19 en Afrique subsaharienne concernent des personnes de moins de 60 ans, et plus de 80% des cas sont asymptomatiques ».
Un autre mode de vie
Faisant un parallèle sur la situation des personnes âgées en Afrique et en Occident, le Dr Moeti a noté qu’elles vivent généralement avec leurs proches dans les sociétés africaines, contrairement aux pays occidentaux où elles sont regroupées dans des maisons de retraite. Des lieux qui sont devenus des foyers épidémiques.
Autre protection liée au mode de vie des Africains, le virus « ne se transmet pas très bien à l’extérieur et l’Afrique a une population importante qui est rurale et passe beaucoup de temps à l’extérieur », a indiqué Francisca Mutapi, professeure en santé mondiale, infection et immunité à l’Université d’Edimbourg (Royaume-Uni) lors de la conférence de presse de l’OMS.
Si des hypothèses tendent à se confirmer, les chercheurs continuent leurs enquêtes pour mieux cerner la dynamique du Covid-19 en Afrique. « Nous en apprenons un peu plus chaque jour », assure le Dr Moeti.