Sandaga Le soudanais suscite beaucoup de réactions mais la plus importante c’est la décision du Ministre Abdou Karim Fofana renvoyant les acteurs concernés à une rencontre de réflexion afin qu’ils puissent prendre une décision ultime.
Hélas cette belle rencontre a échappé à beaucoup d’acteurs au cœur de cette histoire et comme toujours les convocations ou invitations arrivent un peu tard (ce qui est déjà inacceptable) ou c’est la chaine de partage des informations qui est interrompue De tout, il y a de quoi se poser des questions et les interrogations demeurent nombreuses. Bref !
Ce qu’il en est sorti de cette rencontre dont on a déploré la forme, c’est que sur le fond, le Ministère a dégagé une position tranchée, nette, claire et ferme du Ministre qui renvoie aux fondamentaux de notre métier et mérite une réflexion assez poussée.
En effet, en face d’un Ministre qui pouvait prendre tout seul sa décision mais qui à l’inverse a prôné et favorisé une ouverture pour un dialogue productif afin d’obtenir une issue heureuse, celle-là qui consiste à la sauvegarde du Soudanais. Cela veut dire que les acteurs professionnels doivent être pragmatiques, concis, justes et légalistes et non pas faire une personnalisation de leurs idées opposées.
Si on se veut être convaincants, on doit d’abord s’assurer que nous parlons le même langage sinon quelle serait l’image que nous cultivons en tant homme de l’art, alors que nos positions sont divergentes sur ce sujet. Le préalable aurait été que nous réglions nos contradictions en interne au lieu que les architectes réputés « sachant » arrivent devant les autorités avec des positions préconçues et contradictoires.
Dommage que c’est ainsi que se résume très souvent le monde de la création et qui dit création touche à un sacrosaint qui quelquefois même est qualifié de mystique, éternel et souvent difficile à remettre en question. Mais comme nous le savons, nos vies se résument par nos traces du passé, le patrimoine sauvegardé même en ruine reste prioritaire sur le patrimoine détruit et reconstitué parce que tout simplement dans le domaine d’édifice historique sa durée dans le temps reste sa valeur exceptionnelle et culturelle. Et comme, nous vivons dans un monde contingent, le challenge, dans le cas d’espèce est de faire dans les plus beaux souvenirs tant historiques que culturels.
Il faut, dès lors, revenir sur les effets convaincants qui ne situent plus seulement sur les aspects physiques et sécuritaires mais également sur un ensemble réuni : son temps, son originalité et son architecture.
Cela dit, lorsqu’on doit rencontrer une autorité sur sa demande personnelle et que rien ne l’y oblige, on ne vient pas pour lui faire adhérer à notre choix mais on vient pour le convaincre de la pertinence de son sujet et aussi le mettre devant ses responsabilité parce que c’est à lui seul de prendre la décision finale et tout le monde suit. Après tout c’est son rôle, il est le Ministre pour conduire la politique de son choix après avoir recueilli les avis partagés ou même contradictoires.
Ici ce n’était pas une affaire de sécurité et de démolition c’est un choix pour reconstituer à l’identique, l’objectif commun qui semble se dégager c’est refaire vivre le Soudanais et pour ce faire, ça devient une affaire de maitrise d’œuvre et non seulement de reconstruire à l’identique.
Un rapport d’expertise ne doit pas se limiter à un compte rendu de danger public et de recommander la démolition. Ce rapport produit par des experts qui savent qu’il y a de nombreuses solutions techniques de renforcement pour sauvegarder un patrimoine. Ce qu’il y a d’essentielle, c’est sa valeur du temps passé par rapport au futur.
Pour conclure, cela devient tout simplement une problématique de maitrise d’œuvre et non d’un bureau d’étude ou de contrôle.
Le Ministre s’est porté haut et bien haut au-dessus de la mêlée afin que les « cultivés » en la matière (architectes, ingénieurs, etc…) retournent à leurs réflexions afin de lui permettre de finaliser dans un délai limité mode Fast Track.
C’est le lieu et le moment de dire bravo au Ministre et de le féliciter pour son ouverture et sa grandeur d’esprit pour avoir associé le monde des architectes dans la réflexion en espérant que son choix ne pourrait être que le Soudanais à l’identique et ne pas tomber dans le piège de la démolition et la reconstruction, sinon le soudanais perdra toute sa valeur culturelle et architecturale et sa dimension historique mais aussi sa chose essentielle : sa durée dans le temps c’est-à-dire l’histoire ancrée dans ses murs.
A Monsieur le Ministre, nous disons «laissons à César ce qui appartient à César» l’architecte ayant en charge de la maitrise d’œuvre doit vous aider pour comment sauvegarder le Soudanais et aussi surtout dans sa programmation intérieure en adéquation avec sa vocation première.
Malick MBOW Architecte