VIDÉO Depuis soixante-quinze ans, l’humanité a produit plusieurs dizaines de milliers d’ogives nucléaires. Et s’il n’y a pas eu d’accident catastrophique, c’est parfois une simple histoire… de chance.
Plus de 13 400 ogives nucléaires, 14 pays hôtes. Voilà à quoi ressemblait l’arsenal nucléaire mondial en 2020. Ses principaux acteurs ne prévoient pas de le faire évoluer dans les années, voire décennies, à venir, malgré l’entrée en vigueur le 22 janvier du traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Selon les responsables de ces armes hors du commun, aucun risque qu’une ogive explose par accident. Ces armes, en plus d’être sources de souveraineté et de sécurité, seraient en effet d’une extrême fiabilité. Pourtant, des accident se sont déjà produits et les risques, nombreux, perdurent. Aux Etats-Unis, ainsi qu’en France avec le programme Nuclear Knowledges du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, des chercheurs se sont intéressés aux quelques accidents connus impliquant des armes nucléaires. Ces accidents, nommés broken arrows (littéralement « flèches brisées »), n’ont jamais eu de conséquences dramatiques, en grande partie grâce à des procédures de contrôle strictes et… grâce à la chance. Le manque de transparence de certains pays, comme la France, sur leurs arsenals nucléaires et leurs possibles broken arrows laissent planer une zone d’ombre en matière de sécurité mondiale.
Sources
- « Revue stratégique de défense et de sécurité nationale », 2017
- Campbell Craig (2012). « Testing Organisation Man : The Cuban Missile Crisis and The Limits of Safety », International Relations, 26(3), 291–303
- Réachbha FitzGerald (2007). « Review Article », Irish Studies in International Affairs, 18, 191-203, retrieved December 15, 2020
- Benoît Pelopidas (2019). « L’insoutenable légèreté de la chance : trois sources d’excès de confiance dans la possibilité de contrôler les crises nucléaires », in Thomas Meszaros (dir.), Repenser les stratégies nucléaires. Continuités et rutpures, Peter Lang, p. 351-384
- Benoît Pelopidas (2012). « Arrogance et catastrophe », Critique, 783-784(8-9), 710-717
- Bruno Tertrais (2007). La France et la dissuasion nucléaire. Concept, moyens, avenir, La Documentation française
- Bruno Tertrais et Jean Guisnel (2016), Le Président et la bombe, Odile Jacob
- Jason Weaver (2014). « One in a Million Given the Accident : Assuring Nuclear Weapon Safety », Nuclear Scholars Initiative : A Collection of Papers from the 2014 Nuclear Scholars Initiative, Center for Strategic and International Studies.