Même à distance, Donald Trump étend sa mainmise sur le Parti républicain

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L'ancien président Donald Trump, le 28 février 2021, lors de la réunion de la CPAC à Orlando. © Octavio Jones, Reuters
L’ancien président Donald Trump, le 28 février 2021, lors de la réunion de la CPAC à Orlando. © Octavio Jones, Reuters

Alors que plusieurs voix au sein du Parti républicain avaient critiqué Donald Trump après l’attaque du Congrès du 6 janvier, ses membres adoptent désormais les positions de l’ex-locataire de la Maison Blanche. Quant à ceux qui oseraient lui tenir tête, l’ancien président s’évertue à les annihiler politiquement.

Portrait de Donald TRUMP - Président des Etats Unis © Malick MBOW
Portrait de Donald TRUMP – Président des Etats Unis © Malick MBOW

Donald Trump a beau être banni des réseaux sociaux, il se rattrape avec des communiqués de presse qu’il publie comme des tweets. Encore dix publications cette semaine, dont deux, jeudi 6 mai, pour réaffirmer que l’élection présidentielle américaine de 2020 lui a été volée et quatre autres, la veille, dont trois pour torpiller Liz Cheney, l’une des rares voix osant s’opposer à lui au sein du Parti républicain.

La représentante du Wyoming et numéro trois des républicains à la Chambre des représentants fait partie des dix républicains de la chambre basse du Congrès à avoir voté en faveur de la procédure d’impeachment menée contre Donald Trump en février. Mais elle est la seule parmi eux à occuper une position importante au sein de la direction du « Grand Old Party » (GOP), ce qui fait d’elle une cible de choix pour l’ancien président des États-Unis, qui tente depuis plusieurs semaines de la pousser vers la sortie.

« Liz Cheney est une imbécile va-t-en-guerre qui n’a rien à faire dans la hiérarchie du Parti républicain », affirme Donald Trump, mercredi 5 mai, dans l’un de ses communiqués. Elle « continue » d’affirmer « bêtement qu’il n’y a pas eu de fraude électorale alors qu’en fait, les preuves (…) démontrent le contraire », a-t-il ajouté, tout en apportant son soutien à la représentante Elise Stefanik pour la remplacer.

Se sachant sur un siège éjectable – un vote interne sur son maintien au poste de numéro trois pourrait survenir dès la semaine prochaine –, la fille de l’ancien vice-président Dick Cheney a décidé de tomber les armes à la main, publiant quelques heures plus tard une tribune acerbe dans le Washington Post, quotidien honni par Donald Trump et ses partisans.

« Le Parti républicain est à un tournant décisif et les républicains doivent choisir si nous souhaitons rester fidèle à la vérité et à la Constitution » ou « rejoindre la croisade de Trump pour délégitimer et défaire le résultat de l’élection », écrit Liz Cheney dans cette tribune, en invitant ses collègues à tourner le dos « au culte de la personnalité Trump ».

« Donner l’illusion d’adhérer au trumpisme » pour être réélu

La représentante républicaine rappelle le rôle joué par l’ancien président dans l’attaque du Congrès du 6 janvier. Elle souligne que « les propos de Donald Trump peuvent à nouveau entraîner de la violence », accusant au passage le leader du GOP à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, d’avoir changé son fusil d’épaule à ce sujet pour s’attirer les faveurs du prédécesseur de Joe Biden.

« On voit que l’influence de Donald Trump sur le Parti républicain est presque encore plus grande aujourd’hui que lorsqu’il était président », analyse Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis et maître de conférences à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, contacté par France 24. « Le problème vient du système électoral américain qui impose des élections tous les deux ans. Or, les élus du Congrès ont bien compris que la base de leur parti aime par-dessus tout Donald Trump et qu’ils doivent donner l’illusion d’adhérer au trumpisme s’ils comptent être réélus en 2022 », ajoute-t-il.

Le cas du leader de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, est tout à fait parlant. Alors qu’il avait déclaré, le 13 janvier, que Donald Trump portait « la responsabilité de l’attaque contre le Congrès par des émeutiers » et qu’il aurait dû « immédiatement les condamner en voyant comment évoluait la situation », le représentant de la Californie a expliqué, le 25 avril, sur Fox News que le président avait fait le nécessaire pour mettre fin à l’attaque en postant une vidéo sur les réseaux sociaux.

De même, la future remplaçante de Liz Cheney désignée par Donald Trump a tout du bon petit soldat. Elise Stefanik avait voté le 6 janvier, jour de l’attaque du Congrès, contre la certification de la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle dans plusieurs États clés. Et elle vient de déclarer, jeudi 6 mai, dans le podcast de l’ancien stratège de Donald Trump, Steve Bannon, que les républicains auraient besoin, pour l’emporter aux élections de mi-mandat en 2022, du « soutien » de l’ancien président et de « sa coalition d’électeurs ».

Mitt Romney hué et qualifié de « traître »

« Il n’y a qu’une dizaine d’élus républicains qui ont eu le courage à la Chambre des représentants de voter pour la procédure d’impeachment et aujourd’hui, c’est très compliqué pour eux, souligne Jean-Éric Branaa. Certains ont essayé de porter un discours différent de celui de Donald Trump ou d’être critique vis-à-vis de lui après l’attaque du Congrès, comme Kevin McCarthy, Mitch McConnell ou même la gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley, mais ils ont tous fini par rentrer dans le rang. »

La pression au sein du parti s’est aussi illustrée lors de la convention du Parti républicain de l’Utah, samedi 1er mai, lorsque le sénateur de l’État et ancien candidat à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, a été sifflé par les délégués. Ces derniers l’ont également qualifié de « traître » et de « communiste ». Mitt Romney est le seul sénateur républicain à avoir voté lors des deux procédures d’impeachment pour destituer Donald Trump.

Autre exemple de l’influence de Donald Trump : le Sénat de l’Arizona, détenu par les républicains, a obtenu que les bulletins de l’élection du 3 novembre du comté le plus peuplé de l’État soient recomptés par une entreprise privée. Une décision qui renforce un peu plus le sentiment, au sein de la base du parti, que la défaite de l’ancien président en novembre était frauduleuse.

Dans sa tribune, Liz Cheney tente pourtant de mettre en garde les républicains contre une stratégie qui « aura des conséquences profondes à long terme » sur le GOP et les États-Unis. « L’Histoire nous regarde. Nos enfants nous regardent. Nous devons être suffisamment courageux pour défendre les principes de base sur lesquels reposent notre liberté et notre démocratie », conclut-elle.

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