PROFESSION. Le Conseil des architectes d’Europe a publié son Etude du secteur. Si la crise sanitaire a affecté notamment les effectifs, qui ont cessé d’augmenter, le marché de l’architecture a, lui, continué d’augmenter. Le tout sur fond de disparités nationales importantes. Tour d’horizon.

La crise sanitaire a affecté la manière dont les architectes travaillent, où ils travaillent et même s’ils travaillent. C’est l’enseignement principal que tire le Conseil des architectes d’Europe de l’édition 2020 de son Etude du secteur, qui vient de paraître. En particulier, le CAE relève que le nombre d’architectes, qui avait augmenté de 24% entre 2008 et 2018, n’a pas bougé depuis, et reste aux alentours de 560.000.

 L’Etude du secteur est une enquête biennale co-financée par l’Union Européenne, qui collecte et analyse des données statistiques, sociologiques et économiques sur les architectes européens, le marché de l’architecture et les cabinets d’architectes. Basée sur les réponses de 25.600 architectes dans 26 pays européens, l’édition 2020 de l’étude a été enrichie par de nouveaux domaines de recherche, ce qui en fait « l’étude la plus complète sur la profession d’architecte en Europe », explique le CAE.

 « Les architectes sont bien placés pour la reprise »

Les architectes contribuent à hauteur de 17 milliards d’euros à l’économie européenne. Comme tous les secteurs de l’économie, ils ont payé un lourd tribut à la crise : la pandémie a perturbé l’emploi d’un nombre important d’employés de bureaux privés, notamment. La confiance en l’avenir a chuté, car davantage d’architectes s’attendent à une baisse de la charge de travail au cours des 12 prochains mois. Cependant, « les architectes sont bien placés pour la reprise », assure l’étude.

D’abord, parce que la valeur du marché de l’architecture continue d’augmenter, avec une hausse de 4% depuis 2018 (une hausse globalement comparable à celle de la période précédente, et se situe au-dessus de 16 milliards d’euros ). Le logement privé reste le secteur le plus important pour les architectes. Près de neuf cabinets d’architectes sur dix ont entrepris des travaux de conception de logements au cours de l’année écoulée et le secteur génère 54% du chiffre d’affaires moyen des agences.

Ensuite parce qu’ils sont armés pour répondre aux exigences environnementales : en effet, 57% des architectes conçoivent « fréquemment » des bâtiments à faible consommation d’énergie. Enfin, l’étude montre que « les architectes européens sont des adeptes enthousiastes des outils de numérisation, ce qui les prépare bien à la reprise, lorsqu’elle se présentera », estime l’un des auteurs du rapport, Aziz Mirza. On peut donc espérer qu’une fois la crise passée, les statistiques seront de nouveaux encourageantes.

Effectifs : de fortes disparités entre les pays

L’étude montre par ailleurs les fortes disparités en termes d’effectifs dans la profession. Ainsi, l’Italie, qui compte plus de 150.000 architectes, la Grèce, le Portugal et le Danemark comptent tous les quatre plus de 1,5 architecte pour 1.000 habitants. A l’autre bout du spectre, France, Pologne et Lettonie en comptent moins de 0,5 pour 1.000.

En matière de parité, la profession s’équilibre, se réjouissent les auteurs : la proportion de femmes architectes est passée de 31% en 2010 à 42% en 2020. Les femmes sont majoritaires en Europe du Nord, en Pologne et en Grèce, et très minoritaires en EspagneAllemagne, Autriche et Royaume-Uni, notamment. France et Italie se situent en milieu de cortège avec 30 à 50% de femmes. L’écart de rémunération entre les sexes s’est réduit, passant de 25% en 2018 à 21% en 2020, et l’accélération est notable sur les dix dernières années.