Le gigantesque Dixie Fire, devenu dimanche le deuxième plus vaste incendie de l’histoire de la Californie, devrait perdurer pendant encore au moins une dizaine de jours, faisant fuir des milliers de personnes tandis que trois habitants manquaient toujours à l’appel.
Selon le dernier bilan publié par les pompiers de Californie peu avant 15H00 (22H00 GMT), le brasier avait réduit en cendres un peu plus de 187.000 hectares depuis son départ le 13 juillet dans le nord de cet Etat. Il n’était circonscrit qu’à 21%.
« C’était comme conduire hors d’une zone de guerre comme on voit dans les films », a raconté à l’AFP Tami Kugler, assise près d’une tente installée sur un site d’évacuation où elle s’est réfugiée après avoir fui Greenville.
Ce bourg a été totalement ravagé il y a quelques jours et trois personnes étaient toujours portées disparues dimanche.
« Mon quartier n’existe plus –je veux dire plus du tout, rasé. Les maisons de tout ceux auxquels je tiens et que j’aime dans ce quartier ont disparu », insiste Tami Kugler. « Je n’étais pas assurée », confie-t-elle.
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a parcouru samedi les ruines de la ville, exprimant sa « profonde reconnaissance » à l’égard du travail sans relâche des soldats du feu. Il a affirmé que les autorités devaient consacrer davantage de ressources à la gestion forestière et à la prévention des incendies.
Mais « les sécheresses sont beaucoup plus sévères, il fait plus chaud que jamais… Nous devons admettre ouvertement que ces incendies sont causés par le climat », a-t-il ajouté.
Le brasier n’a fait que grossir, attisé par une chaleur étouffante, une sécheresse alarmante et des vents persistants.
Les feux de forêt sont courants en Californie –au point que les habitants se demandent parfois ce qu’il reste à brûler. Mais en raison du changement climatique, cet été est particulièrement violent et onze incendies sévissaient dimanche à travers tout l’Etat.
Huit des dix plus gros incendies jamais survenus en Californie ont brûlé depuis 2017. Et même six depuis 2020, lorsque s’est produit le plus vaste de tous –August Complex– avec 417.000 hectares détruits.
La météo plus clémente ce week-end a accordé un peu de répit aux 5.000 pompiers combattant nuit et jour le brasier, déjà plus grand que la ville de Los Angeles. Progressant sur des sentiers extrêmement escarpés, trois d’entre eux ont été blessés en opération.
Mais des températures étouffantes supérieures à 38 degrés Celsius sont de nouveau attendues en milieu de semaine et les soldats du feu estiment que l’incendie ne sera pas éteint avant le 20 août.
– Camps de fortune –
Des milliers d’habitants ont fui la région, beaucoup d’entre eux se réfugiant dans des camps de fortune –parfois de simples tentes–, souvent sans savoir si leurs maisons ont échappé aux flammes. Quelque 370 structures (maisons et autres bâtiments) ont déjà été détruites.
Sur un site d’évacuation près de Susanville, des familles épuisées attendent près de leurs abris de fortune et de véhicules bourrés des quelques affaires emportées à la hâte en abandonnant leurs maisons face à l’avancée des flammes.
Plusieurs localités et villages ont été détruits et, selon le service des pompiers, des équipes s’employaient dimanche à protéger la petite ville de Crescent Mills située à cinq kilomètres de Greenville.
Malgré les ordres répétés d’évacuation des autorités, certains habitants s’entêtent malgré tout à combattre le feu par eux-mêmes, soucieux de ne pas confier la sécurité de leurs biens à des inconnus.
Selon une enquête préliminaire, la chute d’un arbre sur l’un des milliers de câbles électriques qui strient le paysage américain est à l’origine du brasier.
Cette ligne électrique appartient à la Pacific Gas and Company (PG&E), un opérateur privé déjà coupable d’avoir provoqué le Camp Fire, un incendie qui avait quasiment rayé la ville de Paradise de la carte et tué 86 personnes en 2018, à seulement quelques kilomètres de là.